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Death Metal Or not ?
La sortie du premier album de Cynic, Focus ouvrit la voie à un débat virulent autour de cette question. Sur le papier, cet album a pourtant tout pour plaire aux gros fans de Death. Le groupe vient, en effet, de Floride (plus précisément de Tampa Bay) comme la plupart des formations de la scène américaine de l'époque à l'image de Deicide, Cannibal Corpse ou Death. Ce dernier groupe a été, par ailleurs, le temps du très bon Human, la terre d'asile du chanteur-guitariste Paul Masvidal et du batteur Sean Reinert. Vu le don qu'avait Chuck Schuldiner en tant que dénicheur de talents, on ne voit pas pourquoi ceux-ici en seraient les exceptions. Pour aller toujours dans ce même sens, Focus a été enregistré au Morrisound Studio de Tampa Bay avec Scott Burns aux manettes. Tout cela, évidemment, signé chez Roadrunner Records.
Du blast en veux-tu en voilà ?
Non. Cynic, ce n'est pas un vulgaire groupe de Death Metal. Paul Masvidal, Sean Reinert et leur troupe ont su redéfinir les contours d'un genre qui se plaisait à se mordre la queue. Mais plus que cela, le groupe a repoussé les frontières de ce qu'on appelle la Musique Progressive. Dream Theater en 1992, avait su mélanger le Heavy Metal et la musique dite Progressive. Cynic, une année plus tard va plus loin en mélangeant Progressif et Metal Extreme. On me dira que Death (le groupe) avait déjà essayé et réussi par le passé. Seulement Death avait des bases bien plus violentes que Cynic, desquelles Chuck ne voulait pas vraiment sortir sur le moment. Cynic arrive sur chacune des chansons à marier des genres qui n'ont rien à voir entre eux. Pour faire simple, quand je veux faire découvrir ce groupe, je parle de leur style comme du Death Metal Ulysse 31.
Quelques bases de Death Metal sont présentes sur cet album. Les grosses parties de double pédales, la voix Death de Tony Teegarden et les passages headbanguants comme sur « Uroboric Forms » ou « The Eagle Nature » sont tous présents mais ils ne sont finalement qu'un aspect parmi tant d'autres de la musique de Cynic. Cynic, au fond, c'est un groupe assez posé et Focus n'est pas un appel à la destruction ; aucune envie de se jeter dans les murs. C'est davantage un appel à la méditation. Tout un long, il y a un esprit mystique qui tient en haleine durant la courte durée de l'album. Le fameux vocoder, utilisé par Paul Masvidal, n'y est, sans doute, pas pour rien. Toutes voix claires sont trafiquées mais ces chants artificiels rendent paradoxalement très « naturels ». Naturels dans le sens où ils ont une âme, dans le sens où durant son écoute Focus nous élève vers le ciel pour une conversation directe et mystique avec Dieu tout puissant aux travers des jeux sur les voies mais aussi de la beauté des parties planantes jouées en son clair.
Plus que par le choix des mélodies, Cynic se détache par la qualité de ses musiciens aux touchers sans nuls pareils qui du fait de leurs talents, offrent des compositions d'une splendide fluidité. Les changements de rythmes sont divinement bien amenés.
On reprochera cependant à cet album sa production qui comme toutes celles que je connais du Morrisound Studio de Tampa Bay est très faiblarde et ne rend pas du tout hommage à la Musique d'un groupe hors du commun.
Traced In Air ou pas, intégriste ou pas, Focus reste pour moi L'album inégalable de Cynic apportant sa dose de fraicheur et son coté toujours novateur même dix sept ans après. Je comprends, dès lors, parfaitement pourquoi en 2007 pour leur reformation au Hellfest, des centaines de personnes se sont déplacées des quatre coins du monde (notamment du Japon) bravant la boue et le manque de moyen du groupe, pour voir jouer sur scène cette formation culte.
1. Veil Of Maya
2. Celestial Voyage
3. The Eagle Nature
4. Sentiment
5. I'm But a Wave To...
6. Uroboric Forms
7. Textures
8. How Could I