REVUE D'ACTU #10 : Behemoth, Serment, Disavowed, Ensiferum, etc.
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Le déconfinement a commencé, on voit enfin la lumière au bout du tunnel. Celle d'un retour à la "vie d'avant" dont tout le monde parle, où l'on pourra enfin retourner dans les salles de concert vivre notre passion. En attendant de pouvoir toucher du doigt ce moment tant attendu, on revient pour vous sur tout ce qui nous a mis l'eau à la bouche, déçus ou interrogés dans l'actualité de ces deux dernières semaines.
Behemoth & Niklas Kvarforth
Florent : La collaboration prévisible que personne n'attendait, la reprise évidente que personne n'espérait et le résultat que tout le monde aurait pu prévoir : rien ne va dans cette cover par Behemoth et Niklas Kvarforth (Shining) du classique A Forest de The Cure. Oui, parce que faire découvrir un autre morceau du groupe de Robert Smith aurait évidemment été moins vendeur, tant pis si Carpathian Forest a déjà fait découvrir "sa" version d'A Forest... et en avait visiblement bien mieux compris l'âme.
Entendons-nous bien : je ne suis pas de ces blackeux qui tels les seigneurs Sith fonctionnent par absolus, et je fais même partie des admirateurs de The Satanist (pour mon avis sur la bouse qui a suivi, je vous renvoie opportunément à ma chronique). Mais franchement, il faut parfois arrêter de se foutre du monde. Entre son groupe de covers de King Dude et ses posts Instagram, Nergal est tout de même, me semble-t-il, un gars intelligent et talentueux, un artiste charismatique et, surtout, on ne peut pas lui retirer une vraie culture musicale ; comment peut-il donc balancer une reprise aussi horrible ? Tout est surjoué, l'atmosphère si particulière de The Cure disparaît derrière des riffs incroyablement creux et un son sans aucune profondeur, le tout vomi par un Niklas qui ne fait plus peur à grand monde. Qu'il est loin le temps où je sortais d'un concert de Shining sous le choc de ce que j'avais vécu, véritablement bouleversé et admiratif de ce que dégageait le frontman suédois. Kvarforth gémit ici en roulant des yeux (oui, parce que le clip est bien pire que la musique...) dans une sorte de concours avec Nergal - c'est à qui sera le plus edgy et fera le premier craquer l'auditeur qui, décidant qu'on s'est assez moqué de lui, ira appuyer sur la petite croix rouge en haut à droite. Si vous avez tenu jusqu'à la fin, bravo à vous !
Kiko Loureiro
Storyteller : Se réinventer, voilà un des mots-clés de la période. Trouver de nouvelles façons de toucher le public, les fans, prendre en compte la présence essentielle du numérique, du partage, de l’appropriation d’une œuvre par les fans ou les followers. Voilà une réflexion que Kiko Loureiro, guitariste de Angra, groupe brésilien de heavy prog, et aussi de Megadeth, a mené pour son projet solo à venir. Il prépare son cinquième album personnel et a, cette fois-ci, décidé d’être indépendant. C’est la raison pour laquelle, il a commencé une campagne de financement participatif qui va durer un mois. En prime, il vous détaille sa philosophie de partage : les éléments principaux des chansons seront en open source, afin que tout le monde puisse les revisiter, en proposer une version alternative… Et bien sûr, selon la somme que vous souhaitez investir, vous recevrez l’album en version physique ou numérique, vous pourrez faire un skype avec Kiko, ou il pourra jouer sur votre album. Des guitares sont aussi mises en vente. Pour tout découvrir, c’est par ici et en attendant une petite dose de Kiko pour se remettre un peu de bon son dans les oreilles.
Inter Arma
Di Sab : J’ai une indicible affection pour Neil Young. After the Gold Rush est probablement l’album non metal que j’ai le plus écouté de mon existence. Beaucoup s’accordent à dire que Southern Man est la pièce maîtresse de cet opus et l’un des plus beaux titres du Loner. La qualité de ce titre réside, à mon sens, dans cet équilibre parfait entre une rythmique groovy et sautillante d’un côté et, de l'autre, la dimension sombre et mélancolique des paroles et de la ligne vocale. C’est donc surpris et curieux que j’ai appris qu’Inter Arma (Post Metal / Sludge) allait en proposer une version dans leur album de reprises à paraître le 10 juillet via Relapse. A l’inverse de la cover de Behemoth dont Malice vous parle plus haut, le résultat est hyper intéressant. L’intro très aérienne est succédée par une interprétation très sludge qui, de fait, conserve la dimension groovy originale mais accentue l’aspect pesant du morceau.
En s’appropriant la forme pour conserver le fond, Inter Arma semble maîtriser l’art délicat de la cover. Pour les plus curieux, à noter que dans cet album, le groupe proposera une reprise de Purple Rain de Prince. Le résultat promet d’être étonnant.
Mrs. Piss
Dolorès : Après un album acoustique qui a quelque peu divisé les fans, Chelsea Wolfe revient avec un nouveau projet. Pas tout à fait né ex nihilo, puisque Mrs. Piss réunit la chanteuse et sa batteuse, Jess Gowrie, avec qui elle joue déjà depuis un moment. Red Host, notamment, avait été leur projet musical commun dans les années 2000.
Avec Mrs. Piss, une tendance bien plus Punk s'affirme. On en venait presque à oublier que la chanteuse pouvait sortir des cocons sereins et doux que sa musique lui avait confectionné ces dernières années, pour gueuler un peu plus en accompagnant des constructions plus rentre-dedans. On sent bien que les deux nanas ont souhaité se faire plaisir en profitant d'une échappatoire avec Mrs. Piss, d'un défouloir où tout est plus électrique et vivifiant. Les deux extraits étant intrigants, à voir ce que donneront les 8 titres de l'album qui sortira le 25 mai, chez Sargent House.
Serment
Florent : Je vous en parlais lors de la dernière revue d'actualité : Serment, projet solo de Moribond (Forteresse) nous promettait un extrait pour cette semaine, dont acte. Et ce "Sonne, le glas funèbre" est déjà assez prometteur : on nous annonçait quelque chose de plus cru et plus symphonique que Forteresse, le contrat est rempli. Les claviers très en avant nous ramènent directement aux 90s et à leurs sonorités éthérées, absolument pas pompeuses ou utilisées comme artifices mais bien pour installer une ambiance. Derrière, la voix déchirée de Moribond est poignante, son chant déclamé par moments se fait solennel, pour un résultat qui doit autant au "Métal noir" qu'au metal symphonique européen de tradition. Un mélange qui se fait rare au Québec, ce qui devrait permettre à Serment de se démarquer tout en conservant cet esprit si spécifique...
Disavowed
Sleap : S’il y a bien une news que personne n’attendait, c’est bien celle du retour de Disavowed. Les figures de proue du Brutal Death batave ont en effet annoncé la sortie d’un nouvel album 13 ans jour pour jour après l’énorme Stagnated Existence paru le 9 mai 2007. Et pour couronner le tout, le gang d’Amsterdam a même balancé sans crier gare un titre extrait ! Vraiment, niveau annonces totalement sorties de nulle part, Disavowed se pose là. Malheureusement, ce nouveau morceau ne me convainc pas plus que ça pour l’instant. Outre ce que je pense des « lyrics videos » (pitié, arrêtez ces horreurs), je ne trouve pas la composition à la hauteur de ce qu’a su nous proposer le groupe par le passé. Trop de breaks répétitifs et de passages scandés assez bateaux, le tout avec un mix assez inégal à mon gout. Cependant, je garde espoir. Disavowed est l’un des rares vrais représentants du Brutal Death européen des années 2000 encore en activité. On croise les doigts pour que cela ne vire pas au sempiternel comeback inutile…
Ensiferum
Michaël : Cette semaine, les Finlandais d'Ensiferum ont dévoilé leur nouveau single intitulé Rum, Women, Victory (...), lequel est extrait du prochain album du groupe, Thalassic, qui sortira le 10 juillet chez Metal Blade Records. A la première écoute, ce single est assez perturbant. Si l'on est vite conscient que les riffs, les rythmes et la dynamique globale sont largement meilleurs que ce que le groupe a pu sortir ces dernières années, la vibe très "musique à boire" renforcée par l'arrivée de Pekka Montin (clavier / chant clair) laisse un peu songeur. Disons qu'on laisse au groupe le bénéfice du doute et que l'on a hâte de découvrir le reste pour se faire un avis plus tranché. Cela reste un mélange d'excitation et de peur. Avec plus de peur que d'excitation.
The Monolith Deathcult
ZSK : Le groupe de Brutal Death néerlandais The Monolith Deathcult continue à préparer le terrain au troisième volet de sa trilogie Versus. Après un premier single, "Connect the Goddamn Dots", voici donc un second morceau complet qui nous est proposé, "Feet of Jeremiah". Rien de révolutionnaire en apparence, le morceau en question étant classique mais efficace, regroupant tout ce qu’on aime chez l’inénarrable groupe de « Svpreme Avantgarde Death Metal », des riffs massifs, des growls puissants, quelques compos à consonances indus, des samples et autres incursions sympho qui fonctionnent toujours bien. Seulement, le groupe a décidé, à l’instar de Cattle Decapitation et de tant d’autres, de pondre un clip en mode « confinement » fait maison. Mais bien évidemment, avec la science si particulière du second degré et de la provoc permanente si chère à The Monolith Deathcult, cela ne pouvait donner qu’un clip absolument hilarant. A regarder plusieurs fois pour saisir tous les détails et se marrer devant les facéties de ce groupe décidemment pas comme les autres… même quand il fait « comme les autres ».
A World Without
Michaël : Les Américains de A World Without (USA - Deathcore), qui n'ont pour l'heure sorti que des singles et un EP en 2014, s'apprêtent à sortir le 28 août prochain un album entier, intitulé We All Die Alone. Le combo américain propose un Deathcore assez riche, très mélodique et plus recherché que pas mal de leurs compères. Un aperçu de ce que le groupe peut proposer vient d'être mis en ligne avec la lyric video du titre In Extremis, avec le chanteur de Within the Ruins (Steve Tinnon), en guest. De quoi attiser notre curiosité d'ici à la sortie de l'album. Affaire à suivre...
Obscura
Michaël : Après le départ simultané de Rafael Trujillo (guitare), Linus Klausenitzer (bassiste) et de Sebastian Lanser (batteur) pour des raisons d'orientations musicales, on pouvait légitimement se demander si le groupe de Stefan Kummerer allait mettre du temps à se remettre dans le droit chemin. Et autant dire que tout a été assez rapide : après avoir enregistré le retour de Jeroen Paul Thesseling, bassiste qui avait déjà officié avec le groupe entre 2007 et 2011, Obscura a annoncé l'ajout du batteur David Diepold dans le line up. Le virtuose autrichien, qui a déjà officié pour Hate, Belphegor, Benighted ou bien encore Cognizance, est un ajout de choix pour le groupe, lui qui est très réputé dans le milieu du metal extrême. On a hâte de découvrir le produit fini.
As I Lay Dying
Michaël : L'année dernière, les Américains ont fait un retour sur le devant de la scène avec un album (Shaped By Fire) remarqué et remarquable. As I Lay Dying nous a sans conteste offert son meilleur album depuis plus d’une décennie ; un sans-faute ou presque, de la production aux compositions. Quelques mois après cette sortie, le groupe nous lâche un nouveau clip officiel pour le titre Torn Between. Un choix étonnant car il ne s'agissait pas vraiment d'un des moments particulièrement forts de l'album ; mais un choix intéressant puisque c'est un titre qui a beaucoup à dire au regard du thème global de l'album (la rédemption ; les épreuves de la vie). Dommage que, comme souvent, le clip est relativement quelconque. Le seul point fort est de voir Tim Lambesis remettre des coups de poings dans le vide et headbanger à contretemps, qui sont un peu ses marques de fabrique.