Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Lorsqu’on évoque le nom Nausea en matière de musiques extrêmes, deux formations viennent instantanément (ou pas) à l’esprit : le groupe de Crust Punk new-yorkais et celui de Death Grind de Los Angeles. Bien que le premier soit tout aussi important dans le paysage Hardcore Punk américain, c’est du second dont il sera question aujourd’hui.
Formé la même année que son homonyme de NYC, c’est d’abord sous le nom de Majesty que le trio californien va faire ses armes. Mais après deux ans et deux demos au succès relatif, le trio opte pour le sobriquet de Nausea en 1987. Bien vite, c’est au sein d’un second projet que le guitariste et principal compositeur Oscar Garcia va finalement se faire connaître. En effet, ayant noué des liens avec un certain Pete Sandoval et un certain Jesse Pintado, il commence à jammer avec tout ce beau monde aux alentours de ‘87-’88. Sont issus de cette glorieuse époque une split tape ainsi que quelques demos de part et d’autre. Et, bien que Terrorizer se dissolve peu après, cela se concrétise néanmoins du côté de la Floride l’année suivante avec la parution – à titre posthume donc – d’une des pierres angulaires du Grindcore, j’ai nommé World Downfall. Mis en boite en à peine huit heures (!) et produit par David Vincent (Morbid Angel) – qui s’occupe également de la basse car le bassiste est désormais incarcéré –, World Downfall est l’un des premiers full-lengths Death Metal à être enregistré aux fameux Morrisound Studios (aux cotés des bien nommés Leprosy, Altars of Madness ou Slowly we Rot). Alors pourquoi m’attarder autant sur ce disque de Terrorizer que tout le monde connait ? Eh bien parce qu’environ un tiers des titres qui le compose sont à la base des morceaux de Nausea ! Quoi qu’il en soit, Pintado et Sandoval étant appelés à écrire d’autres légendes – respectivement au sein de Napalm Death et de Morbid Angel –, Garcia retourne donc composer avec son groupe d’origine. Mais après quelques demos et un premier full-length tardif intitulé Crime against Humanity, le combo californien splitte dans l’indifférence générale.
CEPENDANT (désolé pour ce barbant récapitulatif historique), les bougres ne vont pas se laisser abattre. Nausea LA se reforme ainsi au début des années 2000 et l’activité reprend petit à petit. Mais là où Terrorizer – s’étant également reformé peu après – va lamentablement échouer avec plusieurs nouveaux albums à côté de la plaque, Nausea accouche en 2014 d’une des plus grosses tueries Death Grind du siècle ! Reprenant pour titre – légèrement modifié – le morceau Condemned System issu de leur demo ’87, ce second full-length parait finalement près de 23 ans après le précédent. Et dès les premières secondes, le constat est sans appel. Il s’agit du meilleur rendu sonore dont les Californiens aient bénéficiés depuis leur début de carrière. Mixé par leur nouveau bassiste, qui s’était également occupé du Omnious Doctrines… d’Inquisition (oui, oui), l’album conserve la granulosité Crust/Grind caractéristique des précédentes sorties mais se débarrasse enfin des nombreuses imperfections d’enregistrement. Tous les instruments sont parfaitement homogénéisés sans que cela ne sonne aseptisé pour autant. Et quel son, mes aïeux, quel son ! C’est bien simple, jamais la prod’ d’un disque ne s’était autant rapprochée de celle du séminal album de Terrorizer. Certains avanceront que cela fait justement perdre ce qui faisait toute l’identité de Nausea ; eh bien je leur rétorquerais sans sourciller que la véritable identité du groupe : c’est celle-ci ! Abordant toujours ces mêmes thématiques sociétales pour le moins funestes, Condemned to the System vient à tout jamais sédimenter l’indéfectible lien entre ces deux formations Death Grind américaines. Le seul petit défaut réside selon moi dans le fait que, à l’exception de Hate and Deception, Falsely Accused et And We Suffer, tous les morceaux sont des réenregistrements extraits de précédentes sorties. Mais ces nouvelles versions sont d’une telle puissance que c’est un vrai plaisir de pouvoir enfin les apprécier à leur juste valeur. On retrouve même le fameux Corporation Pull-In sur lequel Matt Harvey d’Exhumed vient d’ailleurs faire un featuring vocal !
Entouré de nouveaux compères, l’infatigable duo Oscar Garcia / Eric Castro revient donc à la charge en cette année 2014 avec un Condemned to the System en partie recyclé mais néanmoins monstrueux. Passé relativement inaperçu à cause de l’erratique carrière des musiciens, cet album aurait pourtant été encensé par absolument tout le monde s’il était sorti sous le nom de Terrorizer. Et en dépit des efforts de ces derniers pour tenter d’égaler leur immense premier disque, c’est contre toute attente ce deuxième full-length de Nausea qui restera à jamais le digne successeur de World Downfall.
Tracklist :
1. Freedom of Religion
2. Does God Need Help ?
3. World Left in Confinement
4. Cries of Pain
5. Hate & Deception
6. Corporation Pull-In
7. Fuck the World
8. Falsely Accused
9. Condemn Big Business
10. And We Suffer
11. Absence of War