"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
En 2018 nous découvrions ce groupe formé par des membres présents ou passés de Cipher System, Dark Funeral, Dead By April, Nightrage, The Unguided… grâce à son premier EP 3 titres Humanity Will Echo Out. Et le premier album longue-durée de Night Crowned était déjà très attendu vu la qualité de ce premier jet. Loin, assez loin et même bien loin du Metalcore ou du Mélodeath moderne habituellement pratiqué par les musiciens de cette nouvelle formation, Humanity Will Echo Out excellait dans un style de Metal extrême très suédois, entre Black et Death, mélo et sympho. Un style très nineties, mais fortement remis au goût du jour, entre envolées de leads appuyés par des synthés et compos très tranchantes avec des chants agressifs à l’unisson. Night Crowned avait alors le potentiel pour remettre sur la table du bon vieux Metal extrême suédois, qui devient une denrée presque rare si l’on reste sur les sentiers battus et/ou qu’on ne s’intéresse qu’aux clones et suiveurs de Dissection. Ce premier album était donc attendu au tournant et un an et demi après la sortie de l’EP, il est temps de déguster sans plus attendre ce premier opus qu’est Impius Viam. Entre temps, le groupe a stabilisé son line-up autour d’un quatuor qui alterne les instruments et vocaux (Henric Liljesand assurant à la fois la basse et la guitare tandis que Johan Eskilsson et Ken Romlin se partagent le micro), et après être passé chez le label friand de vieux Mélodeath qu’est Black Lion, le voilà chez le tout jeune label allemand Noble Demon (qui héberge Dawn Of Solace). Pour un Impius Viam qui promet beaucoup pour tous les nostalgiques du bon son suédois des années 90… mais pas seulement.
Impius Viam sera un album généreux : 56 minutes, le tout sans pour autant allonger ses pistes plus que de raison (aucune ne dépasse six minutes). C’est dit, Night Crowned n’est pas un groupe qui donne dans l’atmosphérique, quand bien même son style est relativement mélodique (plus que purement symphonique, malgré la bonne présence de claviers). Toutefois, la durée est tempérée par la présence dans la tracklist des trois morceaux de Humanity Will Echo Out, "Nocturnal Pulse", "All Life Ends" et "No Room for Hope", disséminés dans l’album (et dans le désordre) et de toute manière réenregistrés (les différences sont malgré tout moindres, on les ressent surtout au niveau des chants et des claviers). En excluant l’intro-titre, nous n’avons finalement droit qu’à 8 nouveaux morceaux, mais c’est déjà pas mal. Surtout que la qualité sera au rendez-vous, comme attendu. L’album démarre d’ailleurs par le single "Reborn" qui envoie immédiatement : riffs bien mordants doublés de synthés, blasts assassins, chant vénère, envolées de leads gracieux et de trémolos furieux, joli break pour aérer, le Metal bien extrême qui était promis est de retour et en force. Night Crowned est en grande forme et va bien vite prouver que Humanity Will Echo Out n’était pas un soufflé voué à retomber. Et si son fonds de commerce reste un Black/Death mélodique assez énergique, il va bien vite lui amener des variations. Cela commence d’ailleurs - passé le retour du connu et toujours aussi efficace "Nocturnal Pulse" - dès le plus original "Ira", démarrant avec des compos plus lourdes et punchy ainsi que d’étranges chœurs. Des chants clairs se feront même entendre, tandis que l’ensemble demeure blastant et épique malgré tout. Night Crowned a donc pas mal de cordes à son arc, et de nombreuses flèches dans son carquois qu’il ne va pas se priver de décocher, faisant rapidement de Impius Viam un album accrocheur et enthousiasmant.
Le groupe suédois se montre surtout particulièrement inspiré au niveau du paysage mélodique, dès "Your Ending, Your Demise" qui regorge de beaux moments bien enlevés même si l’ensemble envoie toujours aussi méchamment ; de même que l’excellent "Unholy Path" avec ses fantastiques mélodies d’entrée de jeu, émaillant également le refrain. Le sommet sera quant à lui atteint sur le formidable "Black Bone Cross", assurément le meilleur morceau de l’album avec des riffs assez jouissifs et des mélodies juste jubilatoires, mention spéciale à la dernière partie du morceau absolument sublime. La palme du morceau le plus singulier de Impius Viam revient ensuite à "Your Sacrilegious Flesh", le morceau le plus sympho de l’album avec même une ambiance presque horrifique (on peut même penser à du (bon) Cradle Of Filth), avec des compos toujours très inspirées. Il y a donc largement de quoi faire même si pour le reste on peut faire quelques petits reproches à cet album, un peu longuet par moments avec des pistes plus dispensables en bout de course (le plus classique "Beneath No One", le final "Ego Sum Bestia" malgré de bonnes mélodies encore et le retour d’un peu de chant clair), et la réutilisation des 3 morceaux de Humanity Will Echo Out est discutable, allongeant assez l’album même si cela remettra tout à plat pour ceux qui vont découvrir Night Crowned avec cet album. On peut aussi reprocher à Impius Viam une prod peut-être un peu chaotique de même que le chant criard un poil lassant à force, mais la majeure partie de cet album en vaut la chandelle en termes de Metal extrême mélodique suédois. On a donc la confirmation que nous tenons en ce quasi « super-groupe » une jolie pépite de Metal extrême scandinave des 90’s remis au goût du jour, avec le talent et l’inspiration nécessaires. Un splendide album de Metal extrême gorgé de morceaux de premier choix, aux fabuleux moments épiques au milieu de blasts bien efficaces vous attend, ne passez pas à côté que vous ayez découvert Night Crowned avec son premier EP ou non, et surtout si vous attendiez du bon Metal extrême suédois. Le groupe y confirme ses dispositions même si tout n’est pas encore parfait, mais il y a du petit lait là-dedans, les musiciens se sont fait plaisir et nous font plaisir aussi !
Tracklist de Impius Viam :
1. Impius Viam (0:33)
2. Reborn (4:17)
3. Nocturnal Pulse (4:52)
4. Ira (4:47)
5. Your Ending, Your Demise (4:50)
6. Your Sacrilegious Flesh (4:16)
7. Black Bone Cross (5:35)
8. Unholy Path (5:29)
9. All Life Ends (5:49)
10. Beneath No One (4:25)
11. No Room for Hope (4:55)
12. Ego Sum Bestia (5:45)