Why not ?
Sons Of Apollo revient ! Le groupe de superstars a rencontré un tel succès autour de la planète que les Del Fluvio Brothers ont décidé de se lancer dans un deuxième album, après une tournée plus qu'extensive et un album live. On peut le dire dès l'introduction, les recettes restent globalement les mêmes, mais, ça, on s’en doutait. Le sentiment de découverte, presque de surprise qui nous a pris sur le premier album n’est clairement plus présent. Mais pour un groupe de cette trempe, c’est loin d’être l’essentiel. La synergie des musiciens et l'incroyable quantité d'expérience accumulée depuis tant d'années font qu'ils n'ont pas besoin d'innover en profondeur pour plaire. Et l’auditeur ne s’y trompe pas quand il se tourne vers MMXX, un album qu’ils ont construit pour être un jalon incontournable de cette année 2020. On retrouve quand même un code visuel, une identité, dans les images utilisées, même si les couleurs sombres sont propres à cet album. On fera une mention particulière aux singles, dont les artworks sont vraiment moches et quasi risibles tellement ils sont premier degré.
Le premier album, Psychotic Symphony, était bâti sur une maîtrise des codes du heavy et du progressif qui transcendait les titres les uns après les autres. On avait aussi plaisir à retrouver une collaboration Portnoy / Sherinian qui avait cessé depuis longtemps dans Dream Theater mais qui pouvait faire exploser son extravagance dans Sons Of Apollo.
Et d’ailleurs, Goodbye Divinity, un des hits de cet album commence par un crescendo, comme une ouverture de spectacle préparant l’auditeur à l’arrivée de ces stars tant attendues. Et ce n’est rien à côté du refrain qui tue, le groove, le feeling, le côté rock, tout est bon, tout se conjugue à merveille. On prend un plaisir fou à écouter l’ouverture de MMXX et on se dit que si le reste est de cet acabit, les Américains ont frappé un grand coup. D’ailleurs, côté hits, les singles et les autres titres phares sont parfaitement mis en avant dans une communication bien orchestrée, l’on sait que c’est la spécialité de Mike Portnoy depuis bien longtemps. On pourrait citer Desolate July, hymne aux penchants rock aux accents power ballade et aux choeurs soignés, taillés pour faire chanter les fans en live. C'est la quasi utopie métallique.
Du coup, on finit par se poser la question du risque et de leur but. Ont-ils innové? sortent-ils de leur zone de confort? Pour des musiciens de prog chevronnés, se laisser bercer par une routine est une chose inconcevable. Et on voit qu’ils suivent parfois des fils plus osés, plus forts musicalement, où l’on se laisse moins bercer par le côté facile des mélodies. On est accrochés par des parties progressives qui nous rappellent d'où viennent les musiciens et leur grain de folie naturel. La partie instrumentale de King of Delusion est un mix de soli de claviers, de guitares, de passages syncopés. Tout y est pour en faire un morceau complet. Si on prend un peu de recul, MMXX est un album qui monte en intensité si on le compare à son prédécesseur. On a une impression globale de lourdeur des mélodies, d'accélération des tempos et d'un jeu plus musclé avec des parties de batterie qui sonnent comme sur l'introduction de Wither to Black ou Fall to Ascend, comme si le groupe cherchait à dire : le rouleau compresseur arrive, poussez-vous !
Mais on se dit aussi que tout ne passe pas aussi facilement. Sons of Apollo a pris des directions parfois moins simples à digérer, des refrains plus raides ou des mélodies avec lesquelles il est plus difficile d'accrocher. Ce ne sont que de petites touches qui viennent entailler très légèrement l'homogénéité de l'album comme le refrain de Resurrection Day, de Wither to Black, ou la partie de Asphyxiation dans laquelle le chant se fait moins mélodique. Ce ne sont que deux exemples, peut-être témoins d'un sentiment personnel qui m'ont parfois fait râler à l’écoute de MMXX. On râle parce que nos attentes sont tellement disproportionnées par rapport à l’objectif de ce groupe: créer une musique qui donne un maximum de plaisir à ses auditeurs.
Et cet auditoire fan de prog ne se satisfera pas d’un album sans la fameuse chanson épique, New World Today, qui clôt l’album avec ses quinze minutes. Le précédent album n’avait pas véritablement de titre de cette dimension (Opus Maximus ne faisait “que” dix minutes). On sent une normalisation du groupe au regard des standards du genre. C'est pour cela que l'on pourrait conjecturer, en guise de conclusion, que si l’on est optimiste, on se dit que Sons of Apollo est un projet qui s’inscrit dans la durée. Et si l’on est pessimiste, on sent qu’ils rentrent dans le rang et vont finir par devenir un groupe parmi les autres. Mais ceci est un pari sur l’avenir, pour le moment si l’on se recentre sur MMXX, les fans ne se tromperont pas et parieront, à juste titre, qu’il fera partie des albums qui marqueront 2020.
Tranklisting :
Goodbye Divinity
Wither to Black
Asphyxiation
Desolate July
King of Delusion
Fall to Ascend
Resurrection Day
New World Today