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Album

11 mars 2020 - Gazag

Internal Calibration Balance

Tales of the Stars and the Inhabitants

LabelIndépendant
styleDeath Metal Technique
formatAlbum
paysAustralie
sortiejanvier 2016
La note de
Gazag
110/10


Gazag

Ho la belle photo d’étoiles, voyons voir. Ça sent bon le Black Atmo à la Mare Cognitum. Perdu, c'est du Tech Death, et du genre méga direct, en la présence de Internal Calibration Balance. Ce petit groupe nous vient d'Australie. Il est si petit qu’en réalité, il n’est composé que d'un seul membre : un certain Michael Smith. Le gars se teste en 2012 avec un single, puis, quatre ans plus tard, accouche d'un long format avec ce Tales of the Stars and the Inhabitants. Dès la première piste, la prod heurte et ébloui : cet album semble différent des autres.

Il se résume à une histoire de compromis. Faute d'avoir une production trois étoiles, capable de remplir tout l'espace sonore et d'avoir un rendu rond et cohérent, Internal Calibration Balance choisi de pousser tous les potards de sa console à fond. Ambiance filtre à contraste, senteur au napalm : les guitares sont ultra powerful, claires et accessibles. Pas fou, Monsieur Smith laisse un peu de grain pour diluer les couleurs plastiques et conserver un aspect abrasif. De la découpe hydraulique, précise et puissante, avec des éclaboussures froides dans toutes les directions.

Pimp my stars

La batterie est ici un instrument programmé. L’artiste ne se le cache pas, et même en abuse. Toutes les caisses, tambourins et autres cloches sont placés en full frontal, à deux centimètres du tympan. Pour le rendu, l’accent est mis sur des sonorités électroniques et un rendu sec, sans écho. Les pauvres cymbales trouvent une petite place à l’arrière, faute de mieux. Elles restent discrètes. Ce parti-pris permet de créer facilement de l'alternance et de l'impact. Chez d'autres, la batterie est un support, ici elle participe, et même parfois mène le morceau. Ha, une rythmique quelle est belle et intense, mon cher Thierry ! En prenant de la hauteur, la gestion de l'espace sonore est assez bluffante, tout est démonstratif, comme dans les prods lessivées, mais sans les finitions polies et brillantes qu’apportent les productions plus musclées. L'album a un côté lisible, rustique et délabré.

Toute cette mécanique se met en branle, et crache des riffs. Internal Calibration Balance vogue et fait escale sur divers îlots. Souvent chez les vénérables Atheist en tempo lent, parfois chez les gars de Obscura pour les parties groovy. En de notables occasions, Mithras sera visité pour son côté impatient et binaire. Les moments de délectation émergent quand les soupirs s’intercalent parfaitement pour former un riff biscornu avec des frappes explosives et des vides profonds. Enfin, pour l’assemblage final, l’écriture, pas d’épiphanie ; c'est archi-classique. Mise à part quelques séparations puis retrouvailles de guitares inspirées, le trajet est connu. Le groupe aime appuyer sur ses motifs et ajouter des tours de boucle. C’est une méthode à double tranchant. Quand le riff est dense et à tiroirs, cette longueur est la bienvenue, pour laisser le temps à l’assimilation. L’inverse tourne rapidement au remplissage mal-odorant. Michael Smith insiste, parfois trop, mais la plupart du temps à raison.

Just do it

Tales of the Stars and the Inhabitants reste un album imparfait, car malgré les superbes idées qui y foisonnent, une brouette entière de tentatives ne trouve aucun écho. Parfois, des morceaux entiers ne marchent pas, comme The God Rod, incompréhensible raté face au tube The Cosmic Balance. C'est le paradoxe d'une proposition artistique. Le côté pile plait et séduit, le côté face choque et rebute. La voix en est un bon exemple. Elle n’est pas toujours très juste, parfois elle galère à tenir le timbre, mais c'est au bénéfice de sentir une humanité et une authenticité dans la démarche. Une performance parfois sérieuse et accrocheuse, parfois comique et délitée. Ce chant sous mixé et déficient est une bouffée d'air frais, en comparaison de ce que la scène propose en cris formatés et impersonnels.

Si l’on s’en tient à la pochette, l’invitation est un échec. Une fois la fusée sortie de l’attraction Terrestre, l’engin se disloque en plein vol. Reste l’humain et sa technologie en ligne droite, qui bricole des outils et fait des expérimentations avec ses petits doigts. Cet aspect demeure une fois l’écoute terminée. Une fusée pas très sophistiquée, qui donne des coups de hanche pour corriger sa trajectoire, et explose magnifiquement. Le spectateur est brûlé par une identité propre et une proposition sincère. Reste à ce dernier d'être assez tolérant, et indulgent, pour accéder au meilleur de Michael Smith.

Bandcamp

Those That Cleanse The Earth
The Global Collapse
The Cosmic Balance
Conspiracy Designed
Technological Existence
The God Rod
They Look Forward
Searching For The Sane

Ambiance fête de la science : je pensais que la pochette était une galaxie grave lointaine. En fait c’est une étoile bien de chez nous. C’est V838 Monocerotis, et elle est assez spéciale.