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VU ET ENTENDU PAR S.A.D.E #2 : Dark Fortress, Shining (NOR), Insect Ark, etc.

dimanche 22 décembre 2019
S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

A l'heure où les bilans annuels (et décennaux) prennent forme, je vous propose ce bref retour sur des extraits proposés ces dernières semaines. Il y a du bon et du moins bon, de l'extrême et de l'accessible, des groupes bien établis et des petits jeunes. En vrac on peut noter que l'affiche du Motocultor se complète assez joliement avec la nouvelle annonce, que le prochain Benighted se précise et qu'il comprendra une reprise de Slipknot (!), que Nine Inch Nails a annoncé un album pour l'année à venir, idem pour Nails tout court. Et maintenant les extraits.
 

DARK FORTRESS

Si j'avais eu un reproche à faire à Venereal Dawn, le dernier album en date de Dark Fortress, j'aurais sans doute parlé de quelques longueurs qui parsemaient l'album. Pour ce qu'il en est du premier morceau dévoilé dans le cadre de la promotion de leur prochain méfait, les Allemands ont clairement choisi l'efficacité : en trois minutes, on passe de la vélocité agressive aux mid-tempos qui marquent le style Dark Fortress sans une seconde de répit. Si le groupe s'est déjà aventuré sur le terrain de la voix claire, jamais à mes oreilles un refrain n'avait été aussi immédiat que celui de ce Pulling at Threads. Rarement - du moins ces dernières années - Dark Fortress a été aussi frontal, et clairement, le groupe réussit parfaitement dans cette veine. À voir ce que nous réserve le reste de l'album, le quintet étant toujours maître dans les constructions musicales aux multiples facettes.
 

INSECT ARK

Quand une basse ronronne comme celle qui introduit ce nouveau titre d'Insect Ark, il n'en faut en général pas beaucoup derrière pour me satisfaire. Duo féminin défrichant des espaces drone/doom expérimentaux et novateurs, Insect Ark annonce son troisième long format avec un premier titre tout à fait réussi. On retrouve cette dualité entre une basse toute en rondeur saturée sur laquelle se pose ses lignes distantes et parfois froide de lapsteel, qu'on aurait envie de qualifier de riff sans y parvenir tout à fait, d'où la notion d'expérimental qu'on est obligé d'attacher au groupe : Insect Ark ne sait pas se contenter de structures habituelles, on se retrouve toujours sur un chemin sinueux et onirique sans même y prendre garde. Insect Ark est une force tellurique tranquille qui embarque l'auditeur sans lui poser de question mais sans que ce dernier ne rechigne non plus à suivre, tout semble couler de source et à la fin du voyage, on se demande où l'on est arrivé et surtout par où l'on est passé.
 

SONS OF A WANTED MAN

Alors que ses grands noms se font la malle, LADLO continue avec la passion des débuts de creuser le sillon du post-black. Nouvelle recrue en provenance du Plat Pays, Sons of a Wanted Man se place quelque part entre leurs compatriotes de Wiegedood et Der Weg Einer Freheit. On retrouve l'approche assez mélodique des Allemands couplée à la volonté d'agressivité plus directe de Belges (le chant très écorché rappelle souvent celui de Wiegedood), et même si le morceau n'est pas une révolution en soi, on reste sur une composition travaillée et portée par un son qui colle aux intentions. À voir ce que le groupe a à dire sur un format long.
 

 

INTRONAUT

Un groove tordu mais imparable, de la guitare toute en étrangeté, un sens la progression maîtrisée et dynamique, voilà ce que propose ce nouveau single d'Intronaut. Les Américains reviendront en 2020 avec un nouvel album et ce premier extrait annonce du bon. Possiblement un peu moins rêveur et plus dense dans le propos que ce qu'à pu faire le groupe, ce Cubensis reste une belle piste de metal prog moderne, chiadée dans le riffing comme dans les rythmiques. On ne s'ennuie pas une seconde, et on serait même presque prêt à en redemander.
 

SHINING (NOR)

Il me semble loin (et possiblement définitivement révolu) le temps au j'étais fébrile d'excitation quand un nouvel extrait de Shining était annoncé. Depuis les premiers singles d'Animal, c'est une autre histoire : j'ai peur de ce que je vais entendre. Et ce Wolves proposé par les Norvégiens confirme malheureusement cette tendance : on reste dans la pop d'inspiration 80's nulle et sans profondeur, où le chant clair est trafiqué de toutes les manières possibles pour le rendre semble-t-il aussi pénible que désagréable. Même le retour du sax ne sauve pas le morceau, on nage dans le conventionnel et le déjà entendu, à des années-lumières des fulgurances free jazz que Munkeby a su composer. Si Wolves annonce un nouvel album (ce que n'est pas certain, aucune déclaration du groupe en ce sens pour l'instant), il est fort probable qu'il sera dans la veine d'Animal, le black-jazz ayant apparemment fait son temps...