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« La persévérance est une vertu obscure qui permet la médiocrité d'obtenir un succès sans gloire. »
Ambroce Bierce
La persévérance amène parfois à l’impuissance lorsqu’elle se veut nourrie uniquement par le trop grand égocentrisme de certains meneurs incapables de comprendre que la fin est déjà arrivée. Elle est parfois le miroir d’une médiocrité pourtant affichée et acceptée, provoquant irrésistiblement l’incompréhension d’une foule médusée face à l’attachement de l’autre pour cette miséreuse gloire néanmoins réelle.
Comment faire comprendre, sans insultes ni propos avilissants, que ce succès n’est rien d’autre qu’une poudre éphémère d’une gloire amenée à s’éteindre inéluctablement dans les années à venir ? Dans un cadre plus compréhensible pour le présent lectorat (oui toi qui ne comprends pas un traitre mot de l’introduction inutile et ostentatoire que tu viens de lire…), comment faire comprendre à l’auditeur de Sonic Syndicate que leur carence musicale finira tôt (espérons) ou tard (visiblement) à les voir échouer lamentablement dans leur quête de succès ?
L’espoir fut permis un temps pas forcément si lointain lorsque "Eden Fire" ou même "Only Inhuman" proposaient des morceaux directs et accrocheurs qui, bien que poli à l’extrême et calibrés pour les plus jeunes, réussissaient à s’imposer par une certaine qualité d’écriture et une énergie d’interprétation.
Puis vint le présage maudit qui dit que le succès trop rapidement acquis est précipitamment synonyme de split dans le line up. Roland Johansson, vocaliste clair, quitte le navire pour laisser la place à Nathan J Biggs, annoncé carrément, de la manière la plus pédante qui soit par les frères Sjunnesson comme « la révolution du métal après l’invention de la guitare électrique ».
Si la sortie prématurée d’un ep totalement ridicule ("Rebellion") en septembre avait refroidi les ardeurs des fans, ça n’était rien en comparaison de ce qui les attend avec ce (osons utiliser ce terme) quatrième album des suédois.
Malgré un visuel une nouvelle fois réussi (ce qui n’était pas le cas du temps de Roland, la superficialité étant visiblement venue proportionnellement à la médiocrité artistique), "We Rule the Night" enfile les clichés comme les perles (et ne parlons même pas des clips…), que ce soit dans les textes mièvres et adolescents, dans la production écrasée à la presse hydraulique tant elle est lisse, sans âme ni personnalité ni vie, ou dans la composition proprement dites que frise cette fois réellement le zéro absolu.
Derrière un son faussement puissant et plat au possible se cache en effet parmi les compositions les plus pauvres que le metalcore puisse daigner offrir à son public, si l’on peut encore parler de metalcore dans le cas présent, ce qui finalement, est permis d’être émis en doute. Rarement des mélodies auront été si baveuses de niaiseries, les riffs si inexistants (dans le sens propre du terme), continuellement caché sous un amoncellement incohérent et insupportables de samples en tout genre (une sorte de grésillement continuel), ne laissant de places ni aux guitares ni à une basse qu’on a probablement oubliée d’enregistrer. Et que dire du chant ? Nathan continu sur sa lancée et réussie à être réellement odieux de bout en bout. Il suffit d’écouter "Turn It Up" et son beat électronique pitoyable, mixture improbable entre un rock ridicule faussement agressif et un Justin Timberlake (c’est sincèrement le nom qui vient le plus rapidement à l’esprit) auquel on aurait ajouté quelques vagues hurlements en toile de fond. Un titre qui aurait toutes ses chances à l’Eurovision sans aucun doute…
Chaque morceau se base autour d’un refrain pour la plupart raté car sans impact sur lequel on ajoute des cris voulant être brutaux (si ce cher Richard faisait des efforts pour faire autre chose que beugler…), de lignes vocales s’entremêlant les trente dernières secondes et…voilà…musicalement rien. Le summum de la nullité est clairement atteinte, là, devant nos yeux ébahies et nos oreilles qui, bien qu’habitués, ne s’attendaient tout de même pas à tant et finirait par en rire plutôt qu’en pleurer.
Que dire d’un "Revolution Baby" (déjà le titre…à l’image de son clip affligeant à l’image de leur nouveau myspace…) au riff plus que passe partout et ce Nathan que l’on aurait décidemment du empoisonner en studio pour ne pas livrer cette prestation effarante d’impersonnalité et d’attentisme. Son chant en effet, blindé constamment d’effets en tout genre ne ressemble à rien d’autre qu’une machine lisse comme une boule de billard, auquel on aurait cloné un frère belliqueux sur lequel on aurait lui, donné de la reverb’ à outrance (et qui ne comprends pas que hurler « revolution » n’a rien d’agressif aujourd’hui…).
Nous pourrons évoquer le cas d’un "My Own Life" qui s’enfonce encore un peu plus dans le néant sonore (une ballade acoustique niaise entendu des millions de fois, sans intérêt et risible…), d’un "Burn this City" déjà connu mais toujours aussi effroyable (ces samples…), d’un "Miles Apart" une nouvelle fois acoustique pour l’une des plus immondes ballades ayant vu le jour au XXIe siècle. Les suédois nous achèveront sur un morceau éponyme (mais qu’est que cette intro pouet pouet les canards ?) affreusement ridicule (on se répète…) où Nathan tente vainement de pousser sa voix dans des aigu qu’il ne maitrise pas (merci la reverb encore une fois) mais surtout où les claviers sont plus pop electro (crabcore dirons certains…) que jamais, fades, sans gouts, dégoulinant de bons sentiments, de futilité et de néant intersidéral.
Sonic Syndicate vient de décrocher la palme du vide intégral le plus profond que le metalcore n’est probablement jamais connu (avec tant d’exposition néanmoins). Un concentré d’arrivisme, de fainéantise d’écriture, de facilité d’écoute pour aboutir à un point de non retour dans la nullité absolue qu’est parvenu à atteindre le groupe avec ce "We Rule the Night". Absolument rien n’est à sauver dans ce disque piteusement mauvais du début à la fin, tout n’est bon que pour la benne à ordures en espérant que la musique soit au moins recyclable. Restera (les deux infimes points ?) quelques éclats de rire qui feront finalement passer la pilule dans la bonne humeur et le sourire…Sonic Syndicate finalement, donnant plus envie d’aller écouter des artistes qui en valent réellement le coup, plutôt que, dans un geste incohérent pour si peu, aller se pendre par dépit de tant de succès pour si peu de talent…
1. Beauty and the Freak
2. Revolution, Baby
3. Turn it Up
4. My Own Life
5. Burn This City
6. Black and Blue
7. Miles Apart
8. Plans Are for People
9. Leave Me Alone
10. Break of Day
11. We Rule the Night