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Faisons un bond dans le passé et revenons quelques instants en cette année de 1991, et cela pour se demander une chose simple: qu’ont dû se dire les fans de Napalm Death quand ils ont découvert ce premier album du nouveau groupe de Lee Dorrian. Mais aussi, qu’ont dû se dire les fans de Metal en ces temps où le maître mot dans ce style était vitesse, brutalité et technicité. En Effet, s’il y a bien un disque qui dénotait avec tout ce qui ce faisait à l’époque, c’est bien celui-là, apportant ainsi, si je puis dire, un certain « équilibre » à l’édifice « metallistique ». Mais d’où vient ce contraste ?
Quand on regarde les influences du groupe, on a déjà une piste: Black Sabbath, Saint Vitus, Pentagram, Penance, Witchfinder General, Count Raven et bien d’autres. On sent bien que les anglais veulent rendre hommage à la scène Doom Metal, et cela se ressent bien dans leur musique tant celle-ci respire la lourdeur et la noirceur. De ce fait, la production de l’album se veut à la fois massive et old school. Mais là où le groupe se démarque le plus de ses influences, c’est par le mal-être qui règne tout au long de ce disque et c’est là un contraste saisissant que nous offre les anglais. En effet, si la musique du groupe est assez groovy de par les influences susnommées, comme en témoigne le morceau Soul Sacrifice, celle-ci est emprunt d’un mal-être profond. Attention je ne parle pas de mélancolie mais plutôt de cette souffrance qui fait que plus rien à de sens pour vous et que chaque pensée devient une torture pour votre esprit. Et dès l’introduction, on est plongé dans cette atmosphère dérangeante où flûte et guitare acoustique servent de prélude à la saturation. Évidemment le morceau le plus emblématique de ce paradoxe entre groove et mal-être est bien sûr Ebony Tears, dont un clip vidéo sera fait. Mais à mon avis, là où le groupe sème le plus la confusion c’est sur le dernier morceau Reaching Happiness, Touching Pain. Le titre est évocateur et il a de quoi tant ce dernier morceau est la quintessence de tout ce qu’il y a de plus dérangeant, une longue et véritable « harmonieuse dissonance ».
Mais tout ceci ne serait rien sans le travail exemplaire des musiciens, à commencer bien sûr par Lee Dorrian dont le chant assez caractéristique est à la lorgnée entre le growl et le chant plaintif. La paire de guitariste que sont Gary Jennings et Adam Lehan font aussi un excellent boulot en mêlant habilement mélodies, dissonances, rythmes groovy et riffspachydermiques. Tant dans l’exécution que dans la composition, il émane de ce disque une cohésion et une maturité impressionnante. Bref c’est du grand art! Et à ce propos, le groupe s’est attelé les services de Dave Patchett qui a parfaitement mis en image la musique du groupe et l’état d’esprit dans lequel ils ont composé cette album, avec d’un côté une image très sombre et bizarre et de l’autre une image pleine de couleur.
Vous l’aurez compris, ce disque est à juste titre un classique du Doom Metal que tout fan de ce style se doit de posséder, tant celui-ci est pour ainsi dire la synthèse de ce qui se fait dans ce registre (s’il ne devait y en avoir qu’un ce serait celui là!). Ce disque a eu une grande influence sur bon nombre de formation, je pense par exemple à Reverend Bizarre ou plus récemment à Hooded Menace. Le groupe décidera par la suite de laisser de côté le côté oppressant de leur musique afin de ne pas tomber dans la répétition, et de ce fait assumer d’avantage leurs influences 70’s. Il serait donc regrettable de passer à côté de ce disque unique en son genre.
1. Picture of Beauty & Innocence (Intro) - Comiserating the Celebration
2. Ebony Tears
3. Serpent Eve
4. Soul Sacrifice
5. A Funeral Request
6. Equilibrium
7. Reaching Happiness, Touching Pain