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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

The Dillinger Escape Plan

Option Paralysis

LabelSeason of Mist
styleMathcore
formatAlbum
paysUSA
sortieavril 2010
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

La vie sans toi est une erreur. La vie avec toi est un échec.

C’est ce que peux évoquer l’existence lorsque les conventions du monde s’échouent devant nous, lorsque l’existence, d’un trait, d’un froncement de sourcil, décide de balayer ce que l’on osait encore appeler l’espoir.
Cette vie régie par la société, cette société régie par des codes, ces codes imposés par les hommes pour les hommes. L’autre…l’idée d’un ensemble, l’idée que la société se fait de notre propre « soi », l’idée qu’elle cherche à nous faire ingurgiter de nous-même…cette même idée qui prend bien souvent le chemin d’un échec pour propulser notre propre fin sociale et, dans le même temps, un certain déclin psychologique.

Conventions…déclin psychologique…démence psychotique…névrose…schizophrénie…The Dillinger Escape Plan

Archétype de l’artiste qui chercha à fuir les conventions, à libérer toute sa folie et sa haine de la société dans son art pour finalement n’être que plus libre et en osmose avec l’extérieur dans la vie quotidienne, le concept The Dillinger Escape Plan fit des bourgeons dans le monde entier (bourgeon initial lui-même inspiré par le grand Mike Patton).
"Calculating Infinity" posa les bases d’un état d’esprit avant que le phénoménal "Miss Machine" n’explose définitivement tous les carcans musicaux préexistants dans le hardcore pour fonder son propre style. Une musique excessivement violente, sans aucune structure apparente, sans mélodie narrative, succession anarchique de riff, de hurlements et de plans d’une technicité affolante pour définir le chaos psychologique le plus complet et viscéral.

The Dillinger n’avait alors aucune logique, l’enchainement de morceau n’était qu’une suite illogique et géniale d’éléments bruitistes, véritable sublimation artistique d’une expression musicale s’étant intellectualisée pour définir au mieux la schizophrénie humaine.
Puis vint "Ire Works" et son monde plus réfléchi, parfois plus posé, presque mélodique oserions-nous dire…non teinté d’une certaine déception, marquée qui plus est par une production étouffée et manquant de la densité de son prédécesseur. L’arrivée d’un nouveau batteur (Billy Rymer) ainsi que d’un quatrième album full-length était donc attendu par tous, avec autant d’impatience que de craintes.

Une nouvelle fois, c’est à la société que la rage textuelle doit sa source. La société et ses médias, et sa publicité qui nous harcelle, qui nous octroie notre possibilité de choix et de savoir et fini par nous engloutir afin de transformer ce qui était un homme en une machine à consommer sans âme ni pensée. "Option Paralysis" ou le cri d’alarme d’une lobotomie en état de marche…
Néanmoins, c’est bien musicalement que la bande à Ben Weinman et au fou furieux vocaliste Greg Puciato nous surprenne pour finalement aller plus loin que "Ire Works" dans la recherche de mélodie mais retrouver une partie de sa folie d’antan. "Farewell, Mona Lisa" accueille l’auditeur pour le plonger très rapidement dans une déferlante de riff et surtout les hurlements en juxtaposition si typique des américains. Une avalanche de violence et de technique s’abat mais rapidement, on ressent une respiration, une fraicheur, une vie dans la musique. Elle ne cherche plus à nous étouffer, elle nous prévient, nous avertie…elle est comme la matérialisation du danger que nous devrions éviter. Souvent bien plus fantomatique, le spectre musical laisse énormément de place au précieux organe de Greg (ce break planant magnifique sur ce titre d’ouverture), de plus en plus clair avec le temps, tissant de nombreux paysages vocaux, souvent sublimes, pour repartir de plus belle dans la démence après la plus belle des envolées. La production, très dense, accueille également de plus nombreux éléments électroniques que par le passé, souvent mieux introduit, plus à leur place, sans agresser l’auditeur mais au contraire pour rafraichir une musique toujours aussi fondamentalement brutale pour les neurones et les tripes.

Ainsi, les "Good Neighbor" (la partie de batterie est juste injouable…), "Endless Endings" (une succession de mesure impaires de guitare offrant un aspect syncopé et constamment propre à vous cisailler la peau) ou autre "Crystal Morning", morceaux d’une rare intensité d’à peine plus de deux minutes continueront de prouver que The Dillinger Escape Plan sont avant tout de grands cinglés. Le pire dans cette psychose musicale étant de réussir le pari machiavélique d’inclure des mesures à la limite du jazz pour la rendre encore plus psychotique et excessif.

Malgré tout, à l’image d’un "Widower", le changement qui s’opère est indéniable. Un groupe prenant des allures de crooner, un piano intimiste s’infiltrant à travers des vocaux sensibles et terriblement émouvants, proche du gouffre mais toujours retenue par cette tension prête à exploser à tout moment. L’influence de Patton y est, dans ces instants, bien plus évidente, presque trop et, même si l’on peut y trouver un aspect dommageable, la maestria est si grande et le résultat tellement sublime que ces interrogations, finalement, paraissent faméliques. Et si "Chinese Whispers" semble essouffler le disque par son manque évident de souffle et de solidité, le final "Parasitic Twins", intriguant et tendu, n’est pas loin d’être le meilleur morceau du disque. Malsain, dérangeant, le sentiment de se retrouver dans la tête d’un aliéné sur le point d’agir dans la pire des anarchies est palpable…les arrangements sont emplis de tensions, le piano semble évoquer une explosion à venir, les éléments jazz rappelle une folie présente, le chant, passé au vocodeur et lointain, conte un calme apparent mais si sensible. Mais finalement rien ne vient, la quiétude reste intacte…ou presque, car ces arrangements vocaux et ce solo si beau ne manqueront pas de rester dans les esprits…l’explosion n’a pas eu lieu…et c’est peut-être dans cette, pour une fois, absence de violence que les américains ont expérimenté notre plus grande peur.

Le monde est toujours là, il n’a pas explosé…mais l’album a bien montré qu’il était au bord de la rupture. La destruction finale n’a pas eu lieu, "Parasitic Twins" laisse tout en suspens. Les doutes, les peurs, les frayeurs, les tensions…la gorge est finalement sèche, les mains tremblantes…et le génie intact…

1. Farewell, Mona Lisa
2. Good Neighbor
3. Gold Teeth on a Bum
4. Crystal Morning
5. Endless Endings
6. Widower
7. Room Full of Eyes
8. Chinese Whispers
9. I Wouldn't If you Didn't
10. Parasitic Twins

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