La caution grunge du webzine.
Au cours de cette dernière décennie, la mauvaise réputation de Wes Scantlin a probablement entâché de trop l'image de Puddle Of Mudd. Depuis la publication inattendue de l'album de reprises en 2011 sur lequel les Américains revisitaient, non sans talent et authenticité, des tubes de Rock légendaires à la sauce Post-Grunge, le leader s'est vu mêlé à de multiples affaires judiciaires (détention illégale de cocaïne et d'armes à feu, conduite sans permis, vandalisme, etc.). Ces faits peu reluisants qui lui étaient reprochés ont pendant longtemps jeté une vague d'incertitude quant au futur du groupe, jusqu'à ce que la mise en ligne d'une composition originale nommée Piece of the Action dissipe les doutes. À en juger par le chiffre "5" imprimé sur la paume de la main du chanteur que l'on distinguait sur cet artwork, celui-ci teasait déjà la sortie de Welcome to Galvania en 2014... Ce titre, indépendant de tout album, avait surtout vocation à présenter le nouveau line-up et à faire le deuil de l'ancien. Mis-à-part Dave Moreno (Bruce Dickinson, Operator, etc.) qui assura un passage de flambeau furtif entre deux batteurs au milieu des années 2000, le public découvrait des musiciens au parcours plus "confidentiel" dirons-nous. Qu'à cela ne tienne, la formation du Missouri inaugurait en juillet dernier un festival à son propre nom (le Muddfest). Parmi l'affiche, il était à noter la présence de Tantric qui partage désormais avec POM l'appartenance à un même label - Pavement Music -, clairement porté sur le Metal Alternatif US.
Wes Scantlin a eu la décence de communiquer raisonnablement sur le retour de Puddle Of Mudd, alors que dix ans après le Volume 4, son public le croyait promis à une séparation imminente ou du moins enterré. En d'autres termes, personne n'attendait les Américains au tournant. Cela dit, on peut s'interroger sur la pertinence d'avoir signé avec cette maison de disques ultra-spécialisée. Car à l'heure actuelle, sa taille intermédiaire ainsi que son rayonnement permettent tout juste au groupe d'exister médiatiquement, contrairement à Flawless Records, la division de Geffen enfantée en '99 par Fred Durst de Limp Bizkit, qui participa à ce qu'un album tel que Come Clean passe à la postérité. Même si la formation insiste sur le caractère décalé de Uh Oh à travers le clip signé Blake Scantlin, il faut avouer qu'elle renvoie à ses fans une piètre image d'elle-même en élevant ce titre au rang de single. Le riff totalement impersonnel auquel on a affaire (qui convient aussi bien à du Pop-Punk des années 2000 qu'à du Post-Grunge, à l'instar de celui de Most of All de Fuel fut un temps) révèle un amateurisme flagrant. Dans le cas peu probable où l'auditeur n'aurait pas encore saisi la nature de l'influence, le groupe la nomme clairement à l'occasion d'une revisite accessoire du morceau, en fin d'album : [...] (Come Clean Version). Il y avait mieux à envisager que de pêcher par excès de nostalgie en alignant dès le début un réenregistrement d'un titre vieux de vingt-quatre ans (You Don't Know) d'une piste qui se contente d'utiliser une progression de chanson déjà exploitée à outrance (Uh Oh). Une frange des amoureux de Puddle Of Mudd espérait secrètement voir les "héritiers" de Nirvana accentuer le côté lourd de leur musique, abordé sur le fameux Nobody Told Me en 2001. Cette évolution qu'ils daignent enfin nous proposer est malheureusement releguée en arrière-plan, faute à une abondance de titres médiocres ; la palme revenant à la soporifique Kiss It All Goodbye et sa mélodie principale aux airs d'inachevés (RIP le guitariste). Il apparaît logique de produire du "déchet" durant la phase d'élaboration d'un album. Plus on compose, plus on peut se permettre d'être exigeant sur le choix des chansons... ce qui n'est pas le cas lorsqu'on manque de matière ! Ainsi donc, l'ambition des Américains se limite à présenter deux ou trois morceaux "Heavy" pour redresser la barre et à s'appesantir de temps à autre sur la qualité de ses ponts (les psychédéliques Uh Oh et Sunshine). On se consolera toutefois avec l'instrumentation ronflante du morceau-"star" de Welcome to Galvania, Sunshine, ou encore en revenant sur les très bons passages acoustiques qui ponctuent l'oeuvre, en dépit du fait que parfois, le style s'apparente davantage à du Tantric (cf. le pré-refrain et le refrain de My Kind of Crazy).
Cet album relève du bricolage artistique. Puddle Of Mudd s'adonne à un déterrage de compétition afin de pallier son manque d'inspiration. Enfin, les titres sont liés par un mixage terne et générique, qui accentue les défauts de la musique, plus qu'il ne rend justice aux rares pépites de cet album.
Tracklist :
- You Don't Know (3:43)
- Uh Oh (3:28)
- Go to Hell (4:03)
- Diseased Almost (3:41)
- My Kind of Crazy (3:52)
- Time of Our Lives (3:44)
- Sunshine (4:04)
- Just Tell Me (4:07)
- Kiss It All Goodbye (3:30)
- Slide Away (3:18)
- Uh Oh (Come Clean Version) (3:30)