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Août 2009, mon collègue ouvrier Orion et moi-même étions présents au festival bobo du moment, Rock En Seine, non pas « car les festivals c’est trop branché » mais plutôt afin de voir une des reformations les plus importantes de ces dernières années, il s’agit bien entendu de Faith No More.
Je veux bien vous l’accorder, un seul live report pour ce groupe qui à sa place parmi le panthéon des plus grands, ça fait vraiment léger. La faute à qui ? Peut être aux mauvais goûts de mes collègues ouvriers, ou peut être car je ne fous pas grand-chose non plus à l’usine.
Quoi qu’il en soit aujourd’hui j’ai décidé de rattraper ce retard en vous proposant la chronique de l’album qui est considéré comme la pièce maîtresse de la discographie des américains, « Angel Dust ».
Revenons un peu en arrière s’il vous plaît. Alors que Faith No More peinait à sortir de l’underground avec ses deux premiers albums, l’arrivée d’un jeune prodige au sein du groupe a tout changé d’un jour à l’autre. C’est en 1988, à l’occasion d’un concert de Faith No More en Californie, que le groupe rencontra Mike Patton, celui qui allait devenir le grand tournant dans leur carrière. Impressionnés après avoir écouter une démo de Mr. Bungle, Faith No More demande à Mike Patton de remplacer Chuck Mosley, actuel chanteur, avec qui ils ont des problèmes.
L’année suivante, Faith No More sort son troisième album, « The Real Thing » qui est inévitablement un gros succès commercial et qui lancera une grande vague funk/metal. Si Mike Patton n’a pas pu prendre part à la composition des titres, ils les a néanmoins sublimés par ses parties vocales tout juste excellentes et de grandes classes (« From Out Of Nowhere », « Epic »).
Celui qui était l’atout majeur de « The Real Thing » allait attirer tous les regards vers lui avec ce quatrième album. Assurément l’un des chanteurs les plus atypiques de sa génération, si ce n’est le plus atypique, Mike Patton est méconnaissable sur cet « Angel Dust », le bonhomme a pris du coffre, laissant la voix nasillarde de « The Real Thing » au placard, il livre tout simplement une prestation à couper le souffle.
Dès les premières notes de « Land Of Sunshine », Faith No More montre un tout autre visage bien sombre, qui sera d’ailleurs le maître mot de tout l’album. L’ambiance de ce titre se veut limite dérangeante, les textes sarcastiques de Patton collent à merveille avec les claviers machiavéliques de Roddy Buttom. « Caffeine » continue lui dans ce registre, montrant ainsi les penchants métalliques de Jim Martin, Faith No More ce veut définitivement plus violent, plus metal. Sur ces deux premiers titres, Patton déballe un tas de registres vocaux assez hallucinant, allant de chants clairs majestueux, aux rires dérangeants et en passant par des intonations des ténors sur « Land Of Sunshine », le ‘sieur montre aussi qu’il peut être remplit d’agressivité sur « Caffeine » où il s’arrache les tripes dans des cris aigus.
A l’instar d’ « Epic », « Midlife Crisis » troisième piste de l’album est un des plus grand tube de Faith No More. Un titre simple, épuré avec son refrain mémorable en a charmé plus d’un malgré le caractère, une nouvelle fois, très décalé des paroles. Titre qui d’ailleurs devient un des points d’orgues des prestations live du groupe.
Après le tubesque « Midlife Crisis », nous replongeons dans le déjanté, Mike Patton qui brille en temps que crooner sur un « RV » bourré de cynisme.
Faith No More se lâche et expérimente, accompagnés d’un frontman aussi talentueux, le groupe se permet des titres venant totalement effacer l’image de la machine à tubes qu’ils étaient sur « The Real Thing » en composant des titres grandiloquent et déjantés comme « Malpractice » où Roddy Buttom montre que l’utilisation d’un clavier dans ce genre de formation n’a pas un rendu kitch mais ô combien dérangeant.
Si la seconde partie d’ « Angel Dust » ce veut plus conventionnelle que la première avec des titres comme « Kindergarten », elle n’en est pas pour autant moins bonne. « Be Aggressive », second tube de l’album, aux relents funk devient lui aussi un titre incontournable de la discographie du groupe. Au tel point que Faith No More verra son refrain reprit par Marylin Manson sur le titre « mObscene ».
Sur cette deuxième partie, l’ascendant funk reprend un peu le dessus avec notamment un « Crack Hitler » où Billy Gould, bassiste incroyable, s’en donne à cœur joie. Rassurez-vous, le calme est de bien courte durée lorsque le totalement barré « Jizzlobber » assène nos oreilles. Mike Patton n’en démord jamais et nous donne des frissons à travers ses cris indescriptibles.
L’album se conclue sur la reprise instrumentale de « Midnight Cowboy » (John Barry) au mélodica, qui a au moins le mérite de reposer l’auditeur. A noter que l’album a été réédité avec la reprise du cultissime « Easy » de Lionel Ritchie pour apporter la touche de glamour.
Alors que « The Real Thing » était à lui seul 55 minutes de tubes, « Angel Dust » met une grande claque dans la gueule de tout le monde. Torturé, déjanté, barré, ce disque contraste totalement avec les précédentes sorties du groupe. La prestation générale n’en est qu’impériale, si Mike Patton prouve qu’il est tout simplement un des meilleurs vocaliste jamais connu, les autres membres de Faith No More n’en sont pas pour rien à l’image de Jim Martin qui a apporté une touche très métallique et décalée aux compositions. Les prestations de chaque membre sont à saluer, eux qui ont effectués un travail monstre derrière ce disque qui est d’une richesse impressionnante.
Une référence, un classique.
1. Land of Sunshine
2. Caffeine
3. Midlife Crisis
4. RV
5. Smaller and Smaller
6. Everything's Ruined
7. Malpractice
8. Kindergarten
9. Be Aggressive
10. A Small Victory
11. Crack Hitler
12. Jizzlobber
13. Midnight Cowboy
14. Easy (bonus réédition de Slash Records 1992)