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Queensrÿche fait indéniablement partie des précurseurs du métal progressif. Dans des années 80 où les synthétiseurs et autres claviers ne faisaient pas encore partie d’une quelconque mode, Queensrÿche cultivait sa richesse et sa différence à travers des morceaux savamment orchestrés, fins et propulsés par la voix angélique, puissante et aigüe de Geoff Tate.
Les américains lâchèrent alors en pleine gloire un "Operation : Mindcrime" aujourd’hui culte, autant pour le concept glaçant et ultra réaliste (très inspiré du gouvernement de Ronald Reagan !) que pour la musique.
Mais qu’est qui a fait que, 18 ans plus tard, ils décident de lui donner suite, alors que leur carrière est au point mort, leur renommée entièrement tournée vers le passé et leur statut "has been" ? L’argent ? Probablement. La gloire ? Difficile à croire. Une formidable promo pour un disque plus ridicule que jamais ? Bingo !
Pour commencer, il est bien clair dans les esprits que le concept initial ne demandait pas de suite et que cette seconde partie navigue donc en toute logique dans un retour relativement mal amorcé, traitant d’un nouveau Mr.X (le personnage manipulant le héros dans la première partie) et d’une critique de la société américaine facile à l’heure où cet exercice devient aussi commun qu’une réforme nationale.
Mais la promotion était claire, Queensrÿche délivre les clés du mystère en dix-huit titres, dont un nombre non négligeable d’intro ou de transitions pour la plupart inutiles et servant un album incroyablement plat et soporifique.
Ce qui choque lorsque l’on écoute le premier opus et cette suite, c’est déjà la voix de Tate : quelle horreur ! D’une banalité aussi affligeante que déconcertante lorsque l’on possède dans un coin de notre mémoire les prouesses qu’il effectuait naguère. Sans aucun relief, il ne fait que chanter (et encore, je définirais cela plus comme une montée de voix !) avec un détachement autant gênant qu’incompréhensible. Il ne semble ni croire, ni vivre ses paroles, fait d’autant plus répréhensible pour un concept album, comme si ses prises avaient été un calvaire ou une obligation (le calvaire est pour nous !). Il parait vomir des textes avec bien peu de conviction (mis à part sur les parties narratives comme sur "The Hands" mais je doute qu’elles viennent de lui).
Mais s’il n’y avait que le chant ! La musique en elle-même est si plate et sans saveur que l’heure du disque devient une torture après un quart d’heure, et je pèse mes mots. Si "Freiheit Ouvertüre" était de bonne augure avec son approche légèrement orchestrale, le premier vrai morceau "I’m Americain" dévoile le ridicule de tout un album. En toute sincérité, il est difficile de ne pas rire devant un refrain aussi pathétique et dansant digne d’un album de cabaret, n’ayant strictement rien à faire ici. Et que dire de ses envolées vocales catastrophiques sur "Speed Of Light", mise en retrait par rapport à un Geoff chantant plus faux que jamais, que l’on pourrait rapprocher d’un débutant effectuant ses premiers cours de chant et voyant son organe déraper sans qu’il ne puisse agir dessus.
Même le style si fin et précis semble aujourd’hui très loin. Place à un hard rock de discothèque aussi intéressant musicalement qu’un vulgaire album pop interchangeable. L’intro de batterie de "Signs Say Go (Will I Surrender ?)" représente parfaitement ce fait, une entrée en matière que seuls les BB Brunes oseraient actuellement faire sous peine d’être couverts de honte.
Venons-en, si vous voulez bien, à la production. Sans surprise, elle ne rattrape rien de part une banalité impressionnante, une batterie bien trop mise en avant et triggé pour paraître sincère (ce tintement suraigu insupportable de charleston !), des guitares aussi maladroitement mixées que possible, une basse étonnamment présente (ce qui, vous en conviendrez, ne représente pas un défaut en soi) et ce chant…dont vous connaissez déjà mon appréciation.
Dans ce magma navrant et désolant, je tenterais de sauver un "Re-Arrange You" plus pêchu, à l’intro symphonique bien trop courte se limitant à quelques pauvres secondes mais bénéficiant d’un refrain enfin bien chanté et d’une rythmique efficace, avant de revoir ce pitoyable hard sur les morceaux suivants.
Quelques points positifs ?
Oui, il y a écrit Queensrÿche sur la pochette (très jolie au demeurant) et c’est en soi un sacré argument d’achat qui ne laisse pas démontrer la si grande nullité de son contenu.
Vous appeler ça une déception, je préférerais parler de scandale, de massacre d’œuvre culte jusqu’alors intouchable et maintenant entachée par des musiciens ivres de gloire mais incapable de se forger une nouvelle discographie avec le temps qui passe, dans l’obligation d’exercer une action commerciale pleine de paillettes pour espérer redorer un blason en perdition.
Aucune vie, aucune émotion, aucune sensation ne ressort de ce disque mort dans l'œuf.
Est-ce alors une surprise si je vous avoue que je me suis procuré cet album pour un euro symbolique ?
1. Freiheit Ouvertüre 1.36
2. Convict 0.09
3. I'm American 2.53
4. One Foot in Hell 4.13
5. Hostage 4.29
6. The Hands 4.37
7. Speed of Light 3.12
8. Signs Say Go (Will I Surrender ?) 3.17
9. Re-Arrange you 3.11
10. The Chase 3.10
11. A Murderer 4.34
12. Circles 2.58
13. If I Could Change it All 4.28
14. An Intentional Confrontation 2.32
15. A Junkie's Blues (Everything Will Be Alright) 3.42
16. Fear City Slide 4.58
17. All The Promises 5.11