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La vocation de la décadence, l’envie de la démesure, la volonté de la grandeur et de la théâtralité. Il est évident que Therion et Nightwish ont fait des émules ces dernières années, et les nouveaux groupes entrant dans leurs sillages se comptent sur tout un bras. Mais de cette perfection atteinte par les groupes susnommés est apparue une exigence du public et de l’auditeur vis-à-vis d’un style si précieux et difficilement maitrisable, demandant autant de qualité exceptionnelle de composition que d’un sens aigu de la mélodie et de la production. Production dans laquelle pêche tant de groupe, incapable de reproduire un dixième de la magie d’un Once ou d’un Vovin (ou Lemuria selon les gouts…).
C’est donc avec autant de plaisir que d’appréhension que chaque nouveau groupe apparait sur une platine. Dans le cas des franciliens de Amaranthys, et des photos du groupe, le parallèle avec Therion semble évident. Sept membres, une chanteuse principale, une choriste, deux guitaristes…une configuration ambitieuse pour un premier mini ep ayant l’immense mérite de présenter un réel livret, avec photos et textes et un visuel relativement réussi.
Musicalement, l’influence finnoise ressort énormément à travers une fluidité omniprésente et une volonté d’esthétisation de sa musique, sans tomber dans les travers plus pop d’un Within Temptation ou l’aspect plus gothique d’un Theatre of Tragedy.
Et lorsque Calling The Night se fait entendre, c’est un morceau déjà culte qui arrive presque immédiatement à l’esprit : Dark Chest of Wonders.
Un riff puissant et précis, une emphase orchestrale rehaussée par des claviers ayant le mérite de ne pas sonner trop cheap, un tempo qui s’abreuvera de breaks et de cassures rythmiques mais surtout une vocaliste (Sàya) évoquant indéniablement les débuts d’une certaine Tarja Turinen, l’impact technique en moins, la demoiselle, malgré son talent, apparaissant tout de même plus fluette, manquant parfois de puissance. Puis vient ce solo…Emppu ? Tolkki ? Oui, la Finlande se ressent dans chaque note, dans chaque riff aussi rapide, incisif que simplement beau, et c’est autant à Nightwish qu’à Stratovarius ou Sonata Arctica que l’on peut penser pour cette approche guitaristique si pure et limpide.
Rara Avis s’ouvre, quand à lui, sur un riff bien puissant et des claviers prenant la forme d’un Vain Glory Opera de Edguy, tout en imposant une rapidité d’exécution qui semble toute taillée pour un live devant se faire massacreur. Car même catalogué à chant féminin, Amaranthys ne se gène pas pour inclure de la puissance dans sa musique, malgré justement un certain manque de punch dans les vocaux, qui demanderaient sans doute parfois d’être sublimés par un chant clair masculin puissant. Techniquement, Olosta dégage une grande aisance dans ses soli, une simplicité à dégager des plans pas forcément originaux mais ni prévisible, ni niais et privilégiant la dynamique et la mélodie.
La production met d’ailleurs particulièrement en valeur chaque élément, à laquelle nous ne pourrions reprocher qu’un certain creux dans le son de caisse claire, élément rédhibitoire chez tant de jeunes groupes.
Prisoner of the Longest Day laisse place à un grand espace mélodique, parfois planant (magnifiques soli, à la mélancolie présentant la personnalité que Amaranthys se forgera à travers les années), où les vocaux s’entremêlent pour une osmose quasi-magique, qui n’en deviendrait probablement que plus magnifique avec des moyens supérieurs et une production plus homogène. The Legacy ferme la marche dans une ambiance plus grandiloquente, solennelle et ambitieuse (Therion…), où les atmosphères prennent le pas sur les riffs, comme une invitation au voyage. Restera un Spirit in a Cage largement plus décalé, à l’aspect folk raté et au riff en complet décalage avec le reste, coulant de plus par une production semblant largement en dessous du reste de l’ep (un morceau sauvé par une ligne de basse des plus aventureuse et intéressante).
Amaranthys signe globalement avec Artificial Cages des premiers pas encourageant, une envie d’en découdre et arrive, ce qui n’est pas forcément évident dans le style pratiqué, à ne pas être ridicule et à montrer des choses. Et même si les influences sont encore criantes et évidentes, c’est avec le temps que les français se forgeront une personnalité plus forte, et pourra probablement intéresser des labels qui, depuis quelques mois, semblent bien plus frileux qu’il n’y a encore deux ou trois ans pour signer des groupes d’un genre qui, inexorablement, à placer sur orbites des chef d’œuvres et laisser derrière lui une quantité astronomique de moutons sans personnalité. Tout le défi de Amaranthys se situe aujourd’hui à ne pas devenir de ceux là…les armes sont entre leurs mains…
1-Calling The Night
2-Spirit in a Cage
3-Rara Avis
4-Prisoner of the Longest Day
5-The Legacy