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S’il existe un groupe qui fait parler, il s’agit bien de Kickback.
Qu’on aime ou qu’on déteste, tout le monde y va de son petit commentaire.
Pour en avoir parlé avec Stephen, notamment concernant leur passage au Hellfest 2007, il n’y a quand même pas eu grand-chose de méchant. En bref, le public se sent vite outré lorsqu’il se fait ‘traiter’ de 'bouseux' mais quand un groupe ricain balance des ‘Motherfucker’ à tout bout de champs, tout le monde est content.
Bref, ce fameux Hellfest a permis de constater que Kickback était toujours dans les parages, sans rien de nouveau sous le coude. Pour rappel, nous en étions déjà au même point en 2003 lors de leur passage au Fury Fest de Rezé.
Ca fait bel et bien 9 ans que Kickback n’a rien sortit, d’autant plus que ‘Les 150 Passions Meurtrières’ n’était qu’un EP. Cependant, tout le monde sait que Kickback est du genre à gérer ces petites affaires comme il le souhaite, ou comme il le peut parfois. Pas mal de line-up différent se sont succédés, difficile dans ces conditions, d’entreprendre le moindre projet sérieux.
C’est avec l’arrivé de Damien, Toxik H, d’Arkhon Infaustus que tout devient plus claire. Son investissement dans le groupe est sans limites et en découle finalement ce que va devenir ‘No Surrender’.
Après 9 années et de nouveaux membres, on imagine parfaitement que le groupe ne sonnera plus comme sur ‘Forever War’ ou ‘Cornered’, et cela se vérifie incontestablement dès les premières notes. Même si bien sûr, la ‘patte’ Kickback est belle et bien présente sur chacun des titres.
Les structures se sont donc sévèrement compliquées, et les titres s’avèrent beaucoup moins directs qu’ils ne pouvaient l’être par le passé. A part peut-être quelques exceptions comme ‘If I Die Tonight’.
Toxik H, a bien entendu apporté ses influences, notamment black, et on pourra éventuellement évoquer des groupes aussi divers que Catharsis, Gehenna, ou Breach à l’écoute de l’album.
Bien que la tendance aille vers l’inclusion de chant de plus en plus mélodique chez la plupart des groupes, pour Kickback il n’en est rien. Cette hargne et cette rage inhérente nous donne le sentiment que Kickback offre ici son tout premier album. A ceci près que ‘No Surrender’ comporte cette maturité qui faisait peut-être parfois défaut sur les précédents.
Cette maturité se traduit en partie par toutes ces ambiances et atmosphères dont Kickback a toujours été friands. Elles ont ici une toute autre dimension et apportent énormément d’ampleur à l’ensemble. On rentre définitivement et plus que jamais dans l’univers chaotique, brutal, et torturé de Kickback. En résulte pour le coup, un album plus massif, totalement maitrisé et d’une perversité rare.
L’artwork de cet album aura suscité la curiosité de certains, rappelant effectivement l’affiche du film ‘Seul Contre Tous’ de Gaspar Noé (Carne, Irréversible)adage d’ailleurs récupéré pour l’occasion par Kickback.
Justement, les atmosphères dont je parlais précédemment et ce rapport qu’a toujours eu Kickback avec le grand écran, m’ont instinctivement fait penser à une Bande Originale de film. L’agencement des titres est judicieux et cohérent, d’où cette impression d’histoire que l’on nous raconte au fil des 11 plages de ce disque.
Une histoire vicieuse et chaotique dans laquelle règne dégénérescence et cruauté. Peut-être une suggestion de l’état actuel du monde et de l’être humain ? Possible !
"Je le répéterai sur tous les tons, le monde n'est habitable qu'à la condition que rien n'y soit respecté."
Voilà l’une des quelques citations jalonnant l’album. A l’écoute de ‘No Surrender’, Kickback ne respecte effectivement que lui-même, Kickback fait son truc sans se soucier de quoi que ce soit, sans codes ni règles, sans foi ni loi. On est loin du hardcore auquel le groupe a été si longtemps assimilé. Et comme ils le disent si bien sur le titre éponyme d’intro, ‘This Is For Us, This Not For You !’. Kickback n’a pas de comptes à rendre. Voilà qui a le mérite d’être clair !
Il ne suffit donc pas, comme Stephen, de côtoyer le gratin de la scène hardcore New Yorkaise depuis plus de 20 ans pour faire exister son groupe, ni d’adopter un comportement en marge de ce qui se fait généralement. Si Kickback a le statut qu’il a aujourd’hui, c’est que le groupe a toujours proposé des disques de qualité, à la fois efficace et empreint d’une personnalité propre mais aussi d’une réelle sincérité dans leur démarche. ‘No Surrender’ en est une nouvelle preuve. On n’attendait pas Kickback à pareille ‘fête’ et la surprise est totale. Le groupe a su se réinventer tout en gardant cette aura naturellement malsaine et diabolique. Kickback ne joue pas un rôle et n’a pas besoin de jouer brutalement pour provoquer ce sentiment de violence. Je veux dire par-là que les plans les plus posés de cet album sonnent indéniablement plus agressif qu’un plan bourré de blast beat de n’importe quel groupe maquillé. Pour moi, c’est surtout en cela que Kickback est en marge de tout le reste, tout style confondu et se place à ce titre, en digne successeur d’Integrity.
Avec ‘No Surrender’, Kickback pousse encore plus loin les limites de son propre style et conserve sa couronne au dépend de nombreux prétendants, mais néanmoins suiveurs, que sont les Purgatory et autre Out For The Count. N’est pas Kickback qui veut !
Kickback est, et restera unique !
1. No surrender
2. Deathlust
3. Still on the prowl
4. Aging disgracefully
5. Woods are wet woman hell
6. The law of the self
7. If I die tonight
8. Sideshow
9. Unholy triumph
10. The audience is the target
11. Warpath