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Après un premier album en 2008, War Without End, montrant clairement le visage de Warbringer, mais qui laissait beaucoup planer au dessus le spectre des groupes de thrash des années 80, les américains sont de retour en 2009 avec un tout nouvel album, lui aussi commençant par un W : Waking Into Nightmares. Dis donc, 1 an plus tard et déjà un nouveau CD ! Ils sont productifs les messieurs. Voyons si ce deuxième opus est dans la lignée du premier ou s’il mérite une meilleure considération ?
Tout d’abord, la pochette me paraît un peu plus plaisante que celle de War Without End (il faut dire que ce n’était pas difficile à surpasser), mais ne suscite toutefois pas beaucoup d’émotions en moi. Je passe donc à la musique. En premier lieu, il convient de souligner le très bon travail réalisé par Gary Holt (Exodus) à la production. Il a réussi à restituer le caractère authentique du thrash old school, contrairement au producteur du premier album. C’est donc un bon point pour commencer.
Ensuite, en dépit du fait que l’on entende à pleine oreille les influences bay area thrash (Exodus, Testament plus majoritairement), Warbringer a composé de bien meilleurs morceaux que sur son premier opus : il y a eu un travail plus prononcé, porté sur les parties en lead guitar et sur la rythmique. De plus, l’arrivée du nouveau batteur Nic Ritter a fait monter le groupe vers le haut en termes de brutalité et de précision. Celui-ci porte davantage son jeu sur les doubles grosses caisses (avec des parties à blasts aussi), place harmonieusement des petits coups de cymbales pour ponctuer la musique (« Nightmare Anatomy »)et a quelques parties en rythme syncopé pour diversifier ses compos. Le meilleur exemple est son jeu dans le titre « Prey For Death ».
Mais c’est en partie le morceau « Nightmare Anatomy » qui fait que ce nouvel album de Warbringer est bien meilleur que le précédent : c’est un titre planant, progressif, on s’évade. « Nightmare Anatomy » marque une pause bienvenue dans l’album car d’une part, il est instrumental, et d’autre part, il s’oppose vraiment avec le thrash pratiqué jusqu’alors. De même, j’ai apprécié les nombreux changements de rythmes, gages d’un disque vivant et de concerts très remuants. Les parties en mid-tempo, les blasts effrénés, se mélangeant bien avec les parties purement thrash montrent que Warbringer a gagné en maturité et a su se remettre en question. Néanmoins, j’ai ressenti quelques longueurs sur certains titres. Le plus flagrant pour moi, fut l’écoute de « Senseless Life », qui comme un symbole, est le morceau le plus long de l’album (un peu moins de 5 minutes). Mais les nombreuses accélérations présentes sur l’album sont sans cesse là pour nous remettre sur le droit chemin.
Au niveau des individualités, j’ai bien aimé les progrès du chanteur John Kevill (j’aime beaucoup ça voit hargneuse, mélange de Mille Petrozza (Kreator) et de Rob Dukes (Exodus)). Il y a même un moment où il a instauré un jeu de dialogue, au début de « Shadow From The Tomb » : il se renvoie lui-même la balle, d’une phrase à l’autre, comme des coups droits en pleine face, alternés de chaque bras. C’est intéressant et assez rare, il fallait donc le mentionner. C’était une bonne idée, tout comme l’emploi d’une voix death pendant les refrains (même si celle-ci ne m’impressionne pas beaucoup par rapport aux canons du genre), comme pour imposer plus de puissance, alors que le reste du temps, il fait la part belle à l’agressivité thrash.
Les deux guitaristes ont un jeu correct, ayant des parties réussies en lead, mais ils n’arrivent pas à la cheville des envolées de duos tels ceux dans Mercyful Fate, Exodus et quelques autres. Il n’y a pas ce sentiment de jouissance qui était né des duels à l'écoute des guitares de Holt / Hunolt, Shermann / Denner, LaRocque / Wead, etc.
Enfin, le bassiste Ben Bennet ne m’a pas particulièrement étonné. Un jeu classique, rigoureux, mais sans prise de risque.
En définitive, ce nouvel album de Warbringer fait monter le groupe américain à un échelon supérieur. Le chanteur et le nouveau batteur y sont pour beaucoup. Dans Waking Into Nightmares, finie la linéarité, bonjour le thrash vivant. Grâce à cet album, les jeunes loups ont su montrer qu’ils savaient composer des morceaux de leur cru, bien qu’il reste encore quelques traces de leurs inspirateurs. Si vous voulez découvrir Warbringer, achetez donc plutôt cet album que leur premier.
1. Jackal
2. Living In a Whirlwind
3. Severed Reality
4. Scorched Earth
5. Abandoned by Time
6. Prey for Death
7. Nightmare Anatomy
8. Shadow From the Tomb
9. Senseless Life
10. Forgotten Dead