Brutal Assault 2018 - Warm-up & Jour 1
Fortress Josefov - Jaromer
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Nostalmaniac : Charmé l'an dernier par ma première venue au Brutal Assault, retenter l'expérience s'avérait évident. Le festival tchèque demeure unique en son genre, de par son lieu atypique et ses affiches mais aussi son prix : 92€ (en prenant son pass en dernière minute... c'est encore moins cher à l'avance).
Pour sa 23e édition, le Brutal Assault propose 130 groupes (20 de plus que l'an dernier) sur 5 scènes et propose quelques nouveautés, comme l'inauguration d'un nouveau lieu : le Bastion X. Une extension du site avec deux bars (dont un bar à vin) à deux pas de la Metalgate qui accueillait une exposition dédiée aux fanzines en plus de quelques artisans et sculptures.
On retrouve encore cette année le cinéma et sa programmation unique de films d'horreurs, de docus et de nanars mais aussi la K.A.L. (Keep Ambient Lodge) qui en plus d'abriter de nombreux dormeurs en journée est le théâtre de nombreux concerts dark ambient/noise en soirée et de quelques conférences. Nous y reviendrons.
A l'approche de l'événement, les organisateurs n'ont pas échappé à une poignée d'annulations fâcheuses (Ihsahn, Graveyard, Diablo Swing Orchestra et Novembers Doom). Néanmoins, comme chaque année, le festival propose une affiche variée avec ses têtes d'affiche incontestables, ses grands noms de l'underground, ses reformations, ses découvertes, ses curiosités mais aussi ses surprises comme Laibach et Wardruna.
Autre atout cette année, un warm-up qui s'annonce d'anthologie avec la venue des Américains de Suicidal Tendencies.
La seule incertitude reste donc la météo qui avait un peu gâché les deux derniers jours l'an dernier. Et oui, il faut s'attendre à tout en République Tchèque...
Une partie du site du festival est ouverte pour accueillir ce warm-up. Monuments of Misanthropy, Beast Within the Sound, Root, Gride et Suicidal Tendencies vont se succéder sur la seconde main stage (Metalshop). Seul bémol, pour se sustenter il faut aller à l'extérieur du festival qui n'est pas cashless. Le festival insistant sur ce point, tout le monde n'était pas prêt...
WARM UP
Root
Nostalmaniac : L’an dernier le groupe tchèque avait été l’un de mes coups de coeur et je ne boude donc pas mon plaisir de les revoir. En dépit d’un statut indéniablement culte (de par simplement l’influence qu’ils ont eu sur de nombreux groupes), la venue de la bande à Big Boss demeure assez rare dans nos contrées mais ne les empêchent pas d’être toujours bien actifs et d’avoir participé au prestigieux Maryland Deathfest en mai 2017 aux Etats-Unis.
Par rapport à l’an dernier, je dois bien reconnaître que le show n’est pas très différent. Big Boss peut s’appuyer sur un lineup toujours aussi solide mais surtout un public acquis à sa cause qui se déchaîne sur les hymnes impies et intemporels que sont "Hřbitov", "666" et son refrain à répétition imparable, "Píseň pro Satana" et son riff légendaire ou encore "Leviathan". Aujourd’hui âgé de 66 ans, le frontman tchèque au tatouage facial unique est toujours le centre d’attention sans être pour autant démonstratif mais en imposant par son aura naturelle et son air de vieux maître de cérémonie. Pas de grande surprise ce soir (même le speech en tchèque avant “666” sur les pédophiles et les fascistes est le même) mais un show justement mené de main de maître par un vrai monument du Black Metal européen. A quand un festival français ou belge sur le coup ?
Suicidal Tendencies
Nostalmaniac : J’avoue passer mon tour pour Gride (groupe de grindcore tchèque) mais impossible de manquer ce qui fait passer un warm-up d’anecdotique à historique : les Californiens de Suicidal Tendencies ! Sans être une de mes grosses attentes, c’est le genre de groupe que j’ai juré de voir au moins une fois dans ma vie. Tout simplement car étant ado j’ai beaucoup écouté Suicidal Tendencies toutes périodes confondues.
Dès "You Can't Bring Me Down", niveau ambiance je retrouve ce à quoi je m’attendais : Mike Muir court d’un bout à l’autre de la scène et s’amuse devant un public très chaud devant la main stage. Même si vocalement il n'est pas impeccable, sa débauche d'energie fait oublier ça très vite. Le groupe connaît bien ses fans et propose une setlist qui me plaît beaucoup. Hormis l'extrait du dernier album en date ("Clap like Ozzy") que je trouve inintéressant bien qu'on y retrouve l'ADN S.T. et ceux de l'ignoble et très Offspringien « Freedumb », je me prends une claque avec des titres comme "Trip at the Brain" et la double de Dave Lombardo (royal pendant tout le concert) qui fait des merveilles, l'incontournable "War Inside my Head", issu de mon album préféré, et son refrain tellement infaillible que je ne peux résister à le scander. Même chose pour les extraits du premier album éponyme de 1983, executés de façon plus metallisée mais toujours avec ce feeling hardcore punk qui prend aux tripes. Mention spéciale à "I Saw Your Mommy..." qui fait encore grimper l'intensité. Entre deux morceaux, Mike Muir fait un speech pour encourager à toujours poursuivre ses rêves et ne jamais abandonner. La carrière des Californiens en est une en belle démonstration. Un set génial qui ne va jamais perdre d'intensité même avec le plus mélodique "How Will I Laugh Tomorrow" qui précède un énorme et fédérateur "Pledge Your Allegiance" sur lequel Muir fait monter le public sur scène pour scander "ST" . Je pensais passer un bon moment mais pas être aussi impressionné. Comme prologue au festival, la barre est déjà haute.
JOUR 1
Obscure Sphinx
Jägermeister
14:30
Florent : Je dois bien l'admettre : l'affiche de ce Brutal Assault me décevait énormément sur papier. La comparaison avec l'année précédente (les deux années précédentes à vrai dire, même si 2017 était ma première fois) faisait mal aux yeux, malgré quelques friandises par-ci par-là pour faire passer la pilule. Me taper la Tchéquie pour ça ? C'était pour les copains, coeur sur eux tous, pour les vacances et pour le cadre exceptionnel du Brutal. « Tu feras des découvertes », disait Nostal' d'un ton docte.
L'aura pas fallu bien longtemps pour que le grand chef ait bien raison : Obscure Sphinx, premier concert du festival (si on exclut l'excellent set de Suicidal Tendencies la veille), sera déjà une première baffe... sortie de nulle part. Je ne connaissais en effet rien du groupe – j'ignorais même que la voix était... féminine. Difficile de l'ignorer longtemps : Wielebna attire tous les regards. Possédée par sa musique, elle ondule, se prosterne, pieds-nus sur une scène qui est à elle... et surtout, elle chante, et incroyablement bien. Alternant chant clair, vocalises se superposant à des parties acoustiques (le break acoustique de Nothing Left...), hurlements déchirés qui rappellent une version féminine de Scott Kelly, Wielebna me scotche.
Et parce que je ne suis pas monomaniaque, impossible de ne pas mentionner le mur de son balancé par Obscure Sphinx : sorte de post-bidule qui peut évoquer un AmenRa ayant viré djent (deal with it...), le combo polonais a tout compris au thème « comment sonner moderne mais pas trop ». Les boucles de riffs sont imparables, les enchaînements d'une fluidité digne des plus grands du genre (AmenRa ou Cult Of Luna en tête) et - parce que je suis un peu monomaniaque quand même - Wielebna figure haut au palmarès des vocalistes les plus charismatiques que j'aie pu admirer. Mais quelle claque.
777 Babalon
Keep Ambient Lodge
18:40
Hugo : Il est amusant de constater que le premier vrai concert auquel j’eus assisté durant ce festival fut l’un de ceux à la KAL, salle si singulière qui, sur le papier, m’attirait beaucoup. Je ne fus pas déçu. Directement, je me suis retrouvé au milieu d’ambiances qui me correspondent. Et la performance de 777 Babalon, entité mystérieuse que je ne connaissais pas auparavant, fut la bienvenue. Fonctionnant sur un mode de layering, les couches musicales se superposant, une musique assez orientée Black Metal ritualiste se développe sur des bases ambiantes. Aussi, il y a plusieurs pics d’intensité très prenants, qui sont l’apogée d’ambiances plus écrasantes, presque sous-marines. Cette impression semble renforcée par le fait que la salle elle-même est globalement close, comme coupée du monde extérieur. Sur le plan purement musical, il est évident que le groupe ne révolutionne rien. Mais la musique est jouée sans prétention, ne serait-ce que celle de proposer une expérience intense, où les passages plus calmes deviennent parfois nécessaires. Le concert passé, on a vraiment le sentiment que ces quatre jours commencent pour le mieux, avec une entrée directe et plaisante dans l’univers des musiques les plus extrêmes.
Shantidas
Keep Ambient Lodge
20:10
Hugo : Le soleil va bientôt se coucher sur Jossefov, et l’on retourne à la KAL assister au concert de la mystérieuse entité Shantidas, menée par le guitariste d’Aluk Todolo que l’on retrouve également à l’affiche du festival. Prenez donc, pour commencer, du dark ambient. Des couches claires de cette musique qui sont la base de Shantidas, des couches qui sont comme des vagues traversant la pièce. Puis, à la manière de montées en puissance psychédéliques, viennent s’ajouter à ces couches des parties plus bruitistes qui me rappellent Prurient par exemple. En gros, on alterne moments calmes et passages de chaos véritable, toujours dans une homogénéité glaçante. Tout le set est instrumental, mais on a vraiment l’impression que la musique a ici quelque chose à raconter, à la manière d’un Murmüure. Il y a une part de calcul, c’est évident (la première réalisation de Shantidas sera interprétée ici en intégralité), mais l’homme laisse également place à de l’improvisation, comme lorsqu’il s’empare d’une dague pour asséner des coups à son matériel par exemple, comme pour ajouter un instrument supplémentaire. « Symphonie n°1 : Variations sur Oxygène pour platines et pédales » fonctionne à la manière d’un matériel brut qui se voit être retravaillé en live. Tout le long de la semaine, la KAL aura vu défiler des sets proposant une véritable expérience musicale unique. Mais jamais l’on aura été aussi rassuré et presque effrayé, figé sur place, de tout le festival. Shantidas est à la fois un havre de paix et un blizzard dont on ne sait s’échapper, un moment complètement hors du temps qu’il faut vivre pour comprendre.
Nostalmaniac : Alors que je n'aurais pas l'occasion de revoir Aluk Todolo (en conflit avec Wrathprayer sur le RO), je me console avec le projet solo de son fascinant guitariste, Shantidas (Diamatregon, ex-Blacklodge). Qui a déjà vu Aluk Todolo sait que c’est une véritable expérience musicale et je ne pouvais pas m’attendre à moins avec ce projet annexe. Dans l’ambiance flemmarde de la KAL, Shantidas reprend certains ingrédients dont le côté lumière minimaliste avec un écran qui grésille et deux mini-projos en mouvement sur ses platines. Le projet touche clairement à l'expérimentation et à l'improvisation, de manière plus dépouillée qu'Aluk Tolodo. Une expérimentation noise/drone avec les pédales d’effets et les grésillements sur les vinyles dans une atmosphère profondément sombre. Si je suis plutôt spectateur et m'efforce d'être attentif pendant les vingt premières minutes, je me laisse emmener au fur et à mesure en fermant les yeux et les bidouillages sonores me font énormément d'effet en me donnant l'impression de quitter les lieux et d'être seul avec moi-même. Comme l'impression de quelque chose d'inarrêtable, d'une chute sans fin. J'ai rarement ce genre d'impression en concert et c'est tout sauf déplaisant. Ca restera tout simplement une de mes perfomances préférées du festival.
Toxic Holocaust
Metalgate
20:40
Florent : Et pour lancer une soirée globalement à thème « remuage de tête », quoi de mieux que le set de Toxic Holocaust, qui démolit tout sur la Metal Gate dès son arrivée sur War is Hell ? Contrairement à Municipal Waste, que je trouve particulièrement pénible de par son discours politisé permanent (et ces t-shirts, franchement...), Toxic Holocaust, pourtant souvent mis dans le même panier, me mettra une sacrée claque. Il faut dire que les compos du groupe américain sont d'une efficacité redoutable, des riffs simples mais au point aux accélérations qui rendent le pit fou du début à la fin. Une vraie leçon de thrash metal, à laquelle répondra tout aussi efficacement Exhorder le lendemain. Le Brutal Assault fait souvent honneur au style et c'est tant mieux...
Oraculum
Oriental
20:45
Nostalmaniac : En matière de Metal extrême, la scène chilienne continue de beaucoup m'impressionner et de nombreux projets émergent en Europe (grâce au travail de certains labels), dont Oraculum et Wrathprayer. Si les deux groupes partagent des membres, leurs allégeances musicales sont un peu différentes. Wrathprayer pratique un Black/Death Metal massif et infernal, Oraculum joue un Death Metal résolument old school. Les deux faces d'une même scène bouillonante.
J’arrive en cours de set à l’Oriental qui n’est pas trop bondé et je suis rapidement happé par le son et les riffs des Chiliens. Ce Death Metal à l’ancienne, avec ce côté étouffant à la Asphyx ou Incantation a tout pour me plaire et d’autres passages arrivent même à m’évoquer les vieux Entombed avec ce coté croustillant dans le son. Je ne connais pas si bien que ça leurs deux EP, j'admets, et je suis bien surpris par ce mix d'influences qui fonctionne si bien et que j'imaginais bien moins intéressant. Baigné dans une lumière rouge, le groupe exécute sans faiblir ses titres avec beaucoup de conviction et d'aplomb tout en restant sobre scéniquement. La perfomance des Chiliens sans être un des highlights de la journée se révèle être une excellente surprise.
Cannibal Corpse
Metalshop
21:50
Florent: J'ai longtemps vu Cannibal Corpse comme le Cradle Of Filth du death metal. Je m'explique : le groupe dont tout ado un peu rebelle achetait un t-shirt pour le visuel choquant, pour déplaire au monde qui l'entourait, mais sans réellement adhérer à la musique ou en être connaisseur. C'était certainement en partie vrai à l'époque – nettement moins maintenant, et ce pour les deux formations. Mais je regrette un peu de m'être tenu à l'écart de leur musique pour cette raison, car rien à dire : la discographie du groupe reste jonchée de tueries (j'ai une préférence pour Kill et son son un peu plus moderne, un peu trop néophyte du death que je suis pour apprécier les débuts crados).
Et pour ne rien gâcher, il paraît qu'en live, ça surbute. Confirmation. Les extraits de Red To The Black passent très bien et sont balancés d'emblée, histoire de les évacuer et de laisser la place à une succession de tubes pour faire plaisir aux fans. Ca tabasse et ça headbang dans la bonne humeur jusqu'à un final de folie. George "Corpsegrinder" Fisher (« The Neck ») nous met au défi de tenir son rythme d'hélicoptère sur I Cum Blood et malgré tous nos efforts, il peut lancer un fier « I win » à la fin du riff d'ouverture. Le duo avec le vocaliste de The Black Dahlia Murder sur Stripped, Raped & Strangled n'était pas utile, mais Hammer Smashed Face en guise de final est tout bonnement ultime. Un vrai bon moment !
Gojira
Jägermeister
22:55
Hugo : L’aura singulière de Gojira, qu’il s’agisse des thèmes abordés par le groupe, sa musique, les ambiances véhiculées… m’a toujours séduit. Aussi, et bien que je n’aie jamais été vraiment fan du groupe, j’ai toujours eu beaucoup d’affection pour ce qu’il proposait. Un album comme From Mars to Sirius, qui aura une belle place dans la setlist de ce soir malgré quelques titres absents, m’a somme toute beaucoup accompagné dans certains moments de vie. Ce qui m’impressionna vraiment ce soir, et bien que je m’en doutais au fond, c’est la puissance que dégage le groupe sur scène. Tout est maîtrisé, sans temps mort, et captivant. J’ai vraiment vécu le concert à un niveau presque spirituel, notamment avec les trois plans sur scène : Joe devant, Mario derrière lui, et les images projetées en fond. Le tout crée une espèce d’osmose, de connexion très forte, et touchante dans certains moments (les morceaux de Magma, comme un magnifique "The Shooting Star", et ce qu’ils abordent, ainsi que les images qui vont avec). Aussi, j’aurais eu du mal à vivre le concert sur le ton de la légèreté comme la plupart des festivaliers sur le devant. L’ambiance est bon enfant dans le public, ce qui est compréhensible, mais dénote un peu à mon goût avec ce qui se passe sur scène. Personnellement, je ne voyais pas la célébration, la fête, mais plutôt une invitation très puissante à la reconnexion avec la vie, ses racines. En tout cas je ne peux qu’applaudir la performance des Français, hallucinante de professionnalisme sans faire l’impasse sur la sincérité, qui me prit aux tripes une heure durant.
Whoredom Rife
Metalgate
23:20
Nostalmaniac: Préférant m'éclipser après le début de set de Gojira, dont je ne suis pas fan de base et qui me laisse de marbre, je me dirige pour la première fois vers la Metalgate qui accueille à cette heure le groupe norvégien Whoredom Rife. Je remarque qu'il y a peu de monde devant la scène mais il faut dire que leur popularité reste confinée à la réputation du label Terratur Possessions qui s'efforce de rendre ses lettres de noblesse au Black Metal norvégien. Cette fameuse scène Nidrosian qui je dois l'admettre m'inspire l'ennui le plus profond avec trop de projets De-Mysteriis-dom-sathanas-core comme... Whoredom Rife pour si peu de pépites dignes d'intérêt. En live, et même si je m'y attendais, c'est le même constat. S'il y a quelque chose d'abyssal, c'est l'ennui. Je m'amuse juste à trouver quel passage me fait penser à quoi et ce petit jeu devient vite lassant, aussi lassant que le frontman très peu peu charismatique du combo. C'est un enchaînement sans inspiration de riffs entendus 1000 fois. Whoredom Rife incarne tout ce que je peux détester dans le Black actuel : un cirque pseudo-occulte sans intérêt.
Paradise Lost
Metalshop
00:05
Florent : Paradise Lost dégage une espèce de classe inexplicable, "à la Britannique", qui m'a toujours un peu fasciné sans pour autant que je me plonge régulièrement dans leur metal gothique par ci, doom par là. Et depuis quelques années, le groupe a retrouvé du poil de la bête, restant sur trois albums franchement irréprochables même si Medusa me parle un peu moins. Malheureusement, ce concert au Brutal ne me parlera pas plus ; après un No Hope In Sight parfait pour lancer la soirée (ces growls de Nick Holmes, décidément rajeuni depuis son arrivée chez Bloodbath !), le soufflé retombe un peu de mon côté. Paradise Lost est en effet réputé pour installer une ambiance au final assez légère durant ses concerts (humour british à l'appui), mais le tout accompagné d'une setlist plutôt sombre et montrant la facette la plus doom du combo, ça ne marche pas - du moins ce soir et du moins chez moi.
Preuve de ce décalage (mais peut-être étais-je juste dans un mood trop positif après le stellaire concert de Gojira ?), c'est sur Say Just Words et son côté presque new wave/coldwave que je m'enjaille le plus, et de loin. Absolument pas un mauvais concert, juste une setlist un peu moyenne - cette manie des groupes d'interpréter à peu près un titre par album pour couvrir toute leur carrière, au détriment de l'efficacité parfois, ne me plaît pas vraiment - et un léger manque de pêche. Dommage !
Tormentor
Jägermeister
01:10
Nostalmaniac : C'est une des grandes annonces du BA de cette année : le retour de Tormentor ! Le groupe hongrois a eu une courte existence à la fin des années 80 mais a forgé sa réputation avec quelques démos qui vont contribuer largement au Metal extrême avec une imagination et une vision alors inédite. De véritable pionnier du Black Metal à légende laissée pour morte, Tormentor est aussi le premier groupe d’Attila Csihar qui contribuera vocalement à la légende norvégienne Mayhem en 1994 avec la suite qu’on connaît. Un autre retour aux sources donc pour le vocaliste qui ces dernières années a participé aux nombreuses tournées dédiées à « De Mysteriis Dom Sathanas ».
J'étais donc très curieux malgré la déception de l'ami Sleap au Chaos Descends. Car oui, encore un fois, tous les regards sont dirigés vers Attila dont le jeu scénique ne peut pas laisser indifférent. Trop maniéré et ridicule pour certains, fascinant pour d’autres. Ca ne m’a jamais dérangé personnellement mais je comprends que ça puisse exaspérer surtout qu’il faut bien reconnaître que son jeu scénique est le même que pour Mayhem. Du moins des concerts que j'ai pu voir. Sa manie de changer de costumes et de porter des croix énormes aussi. Alors oui, celui qui est exaspéré par Attila dans Mayhem le sera aussi avec Tormentor mais il ne faudrait pas réduire la prestation de Tormentor à celle du sieur Atilla. Et heureusement !
Au-delà du Attila show sur lequel je ne vais pas m'épancher plus, la formation hongroise joue en intégralité la démo/album culte « Anno Domini » et je suis assez séduit. Certains détails comme le son des toms de la batterie ou des cymbales fidèles à celui de la démo me plaisent beaucoup, au contraire du kick qui comme au Chaos Descends est vite agaçant. Sans être éblouissants, les autres musiciens qui peuvent prendre la mesure de leur légende près de 30 ans après, font preuve de maîtrise. Je note la présence d'une claviériste dans le fond pour les nappes de synthé et ça fonctionne très bien. Gorgé d'influences thrash, leur proto-Black était vraiment visionnaire et original. Déjà à cette époque, les lignes vocales d'Attila étaient bluffantes et il les maîtrise en live mieux que jamais. "Elisabeth Bathory" sera évidemment un des points culminants et j'avoue avoir eu quelques frissons. En fait, je ne savais pas à trop quoi m'attendre. L'an dernier Master's Hammer en terme de comeback très attendu m'avait bien calmé mais ici je retrouve une certaine magie (plus de sobriété et moins de prétention aussi...) bien que quelques détails me perturbent comme le choix des grimages un peu trop libre et pas forcément respectueux des photos promos que j'ai en tête. Dommage. Pour le reste, on aura droit à trois morceaux de « The 7th Day of the Doom », démo de 1987. C'était mieux que ce que j'espérais, et c'est déjà beaucoup. Séduit par une prestation que je pensais impensable mais dire que j'ai besoin de revoir ça absolument, il y a un pas que je ne franchirai pas.
La chaleur était accablante aujourd'hui (on flirtait avec les 36 degrés) ce qui est assez compliqué pour regarder les concerts sur Main Stage mais je ne m'en plaindrai pas après avoir connu les affres de la pluie et de la boue sur le site du festival l'an dernier. Pour la deuxième journée du Brutal Assault, on vous parlera de Sadistic Intent, Exhorder, Blood Incantation, Mortiis, Bölzer, Grave Pleasures, Laibach ou encore Lamia Vox et Void ov Voices.
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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.
Photos : Jiří V. Matýsek