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8 ans, 8 longues années d’attente auront été nécessaires pour qu’Absu offre enfin à son public un successeur à « Tara », la soif des fans les plus acharnés n’ayant été étanchée que par une anthologie qui tenait plus du testament que du rappel des troupes ainsi que par quelques titres épars, d’intérêt et de qualité aléatoires et n’ayant qui plus est connu qu’une sortie sous format vynil à l’instar de la réédition des trois derniers albums du groupe par le label polonais Agonia. Après maintes péripéties pour constituer un line up solide autour de Sir Proscriptor Mc Govern, c’est aujourd’hui un album éponyme qui voit le jour, l’œuvre de Kris Verwimp posant tout de suite le cadre à savoir un retour aux thématiques mystiques sumériennes, la version vynile dont la sortie est assurée par Tarot Productions se trouvant être une alternative plus classique réalisée par Michael Riddick.
Si le groupe affirme qu’il poursuit la voie du « Mytholigical Occult Metal », il est bien évident que si le fond demeure habituel (notamment par le biais de paroles écrites par Ashmedi), l’absence de Shaftiel et Equitant ne pouvait qu’avoir un impact fort sur ce qu’allait proposer le groupe, le premier ayant néanmoins composé deux morceaux présents sur l’album et le second clôturant la cérémonie par une composition ambiant plus proche de ses aspirations actuelles. Les riffs, dont certains conservent ce côté thrashisant d’antan (et pour cause), sont toujours interprétés en adéquation avec le tempo enlevé du groupe mais les compositions sont sont plus classiques, plus précises, moins avantureuses en quelque sorte. Le chant de Proscriptor et le son, notamment de certains leads, sont également plus lissés, plus maîtrisés, plus modernes et au final plus commun qu’auparavant : il manque ce petit côté hors de contrôle, ces passages quasi hystériques qui faisaient tout le sel d’Absu. Certes ce qui a été perdu en folie et en originalité a été gagné en efficacité mais hélas trop peu de passages qui ne puissent véritablement être du fait d'un autre, grand, groupe ne ressortent ce qui laisse un arrière goût amère mais n’est pas à proprement parler une déception puisque le renouvellement des 2/3 du line up, le changement annoncé de direction musicale vers des racines 70’s (appuyé par des touches de synthé, dont un solo de David Harbour, quelques passages de Mellotron et quelques leads spatiaux) avaient en quelque sorte préparé le terrain. Les nouveaux venus dont s’est entouré Proscriptor sont heureusement de très honnêtes musiciens et montrent un talent certain même si parfois on peut avoir l’impression d’une certaine retenue, peut être due à l’héritage du groupe et à la récente stabilité du line-up, timidité dont ne font aucunement montre les quelques guests qui interviennent sur l’album dont Nornagest qui interprête des parties vocales assez proche de celles de Shaftiel et Blapshemer qui pose quelques solos bien menés. La batterie, certes moins hystérique, conserve ce touché inimitable, ce son naturel et ample, cette variété, cet élan dynamique insuflé aux morceaux qu’il aurait été dommage d’aller gâcher chez Slayer, bien que le banquier de Proscriptor ne soit certainement pas de cet avis. Cette clef de voute de l'institution Absu a su se moderniser tout en restant immédiatement identifiable et permet au groupe non seulement de conserver une certaine image mais encore de proposer quelque chose de nouveau sur une base solide et sûre.
Absu, bien qu’ayant évolué, ne ternie pas son passé par un album de trop interprété par des musiciens indignes de lui : les morceaux sont efficaces et suffisamment variés pour nécessiter plusieurs écoutes d’adaptation et donner l’envie d’y recourir. Si la question se pose souvent de savoir pourquoi un groupe décide de sortir un album éponyme, à moins bien évidemment qu’il ne s’agisse de sa première sortie, ici il n’y a aucun doute : il s’agît bien de marquer un nouveau départ, fût-il quelque peu hésitant.
Absu est mort, vive Absu.
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