Dans la soucoupe, vêtus de probité candide et de lin blanc, Church of the Cosmic Skull dézingue tout ce qui bouge depuis 2016 et Is Satan Real ? La recette est facile, le résultat est parfait. Sorti de Nottingham, donc de nulle part, le septuor a conquis beaucoup en peu de temps. Le paysage des « groupes de revival 70’s », toujours gangrené par une pléiade de formations qui n’ont de vintage que leur bootcuts, n’a pas eu le choix et a dû s’élargir pour que Brother Bill et les siens s’y glissent et croissent en paix. Parce que l’Eglise du crâne cosmique a ses codes, ses costumes et ses coutumes : fringues sorties d’un film de Jodorovsky, façon de communiquer un peu à la Ghost, site Internet aussi ridicule qu’attachant. Ce serait vraiment le groupe le plus pété de ces dernières années s’il n’avait pas choisi d’être le meilleur. A l’instar de leurs mentors, de Blue Öyster Cult aux Beatles, qu’un seul mot d’ordre : l’efficacité. 6 titres, 6 tubes pour Is Satan Real ? : le rendement est ce qu’il est et a permis au groupe de s’exporter aux Desertfest notamment. Phase sublime où le groupe sort du cocon underground sans pour autant être écrasé par le poids des labels et l’urgence de sortir des albums médiocres pour repartir en tournée et ouvrir pour Blues Pills, Science Fiction se devait d’être la transformation de l’essai Is Satan Real ?.
« I’ve seen the coming of the storm » A l’instar des blagues de Laurent Baffie, Science fiction fait partie des trucs où l’absence de surprise n’enlève rien à la puissance du propos. Depuis son annonce, on savait tous qu’on allait se retrouver avec 40-50 minutes de musique où orgamon, riffs et lignes de chant allaient démonter toutes tes structures mentales et se loger dans un coin de ton crâne afin de rester mémorisés pour la vie. Church of the Cosmic Skull aiment Pink Floyd, ils prennent les soli Guilmouresques, ils aiment Queen, ils adoptent leur fougue, ils aiment Black Sabbath, ils miment les Iommiques riffs, ils aiment les Doors, ils rendent leurs orgues incontrôlables à l’instar de celui de Manzarek. Quant à Fletwood Mac, pourquoi se priver de leurs chœurs puisque c’est le point fort du groupe anglais ? Ils ont des prédécesseurs mais sont premiers de la classe donc ne copient pas. Passées par leur prisme, les influences dialoguent, se mêlent et ressortent en arc en ciel, comme pourrait le montrer la pochette de Dark Side of the Moon.
A la fois impétueux et diablement maîtrisé, à la fois furieux et diamétralement smooth, les valves sont ouvertes, tout sera enseveli sous un déluge de mélodies cheesy, les orgues se déversent, le riff de Children of the Grave Go By the River t’entraîne dans une serpentine ribambelle alors que tu étais déjà à bout de souffle après l’ouverture Science Fiction qui rappelle tout de même un peu Don’t stop me Now (de Brother Freddy). Tout est poussé à l’extrême, le dépouillement de Cold Sweat, l’intensité de House of the Rising Sun The Devil Again, la vigueur de TimeHole (Let’s Build a rock tonight), la lascivité de The Card that you’re playing. Un peu plus doux, à la fois simple et majestueux, DIY et surproduit, sentant aussi bien le jam ayant dérapé que la symphonie écrite avec une minutie extrême, il est incroyable de voir ces antagonismes dépassés en direct avec une facilité qui semble assez déconcertante.
Docteurs Jekyll de Ghost, Church of the Cosmic Skull ne déçoit pas avec ce deuxième album : plus pop, plus de travail sur la voix et les soli, le groupe est déjà trop fort mais progresse. Certains vont hurler au plagiat, certains hurleront les paroles. Je ferai partie des seconds et pour un certain temps.
Brother Di Sab
Science Fiction
Go by the River
Revolution Comes with an Act of Love
Cold Sweat
The Other
Timehole (Gonna Build a Rocket Tonight)
The Cards that you're playing
Paper Aeroplane & Silver Moon
The Devil Again