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Doté d’une carte de visite à faire saliver toutes les jeunes formations et à attirer de surcroît tous les défricheurs de talents, Memories of A Dead Man n’en reste pas moins un groupe intègre et irréprochable, tant dans ses prises de paroles musicales que dans l’agencement de ses compositions. Un groupe brillant à travers ce MCD qu’il convient de mettre en lumière avec l’humilité de cette nouvelle production et le savoir-faire de ces cinq jeunes gens. Si l’on avait d’ores et déjà salué l’once de luminosité que fournissait l’artwork de cet opus, il faudra désormais se lever quant à l’incandescence de ces fines tranches de post-core délivrées par le groupe. Cinq titres pour cinq membres et autant de façon de rester souder sur un format (trop) court évitant la redondance et privilégiant la fraîcheur émotionnelle de leur univers.
Un cosmos finalement très peu éloigné des productions atmosphériques internationales – on pense notamment aux derniers efforts de Neurosis ou plus simplement à Isis (pour les penchants plus atmosphériques), mais une bouffée d’air frais revigorant face à leur petit monde dense et planant façonné main et de toutes pièces. Petit théâtre bien huilé où se joue cinq scenettes époustouflantes voir larmoyantes et dans lequel le groupe distribue les pains avec voluptés et grâce. La « Force Tranquille » dirait même le Séguéla de l’époque à l’image de « Sin Eater » conjuguant un rythme étouffant avec le charisme et la profondeur de nappes de guitares menées à la baguette. Évoluant dans un post-core confiné et progressiste, Memories of A Dead Man n’en oublie pas d’être mélodique et pour ainsi dire plus entreprenant que chez le voisin, avec le mariage de deux voix puissantes et marquées. Une vraie marque de fabrique et un réel effort de diversité quand vient à sonner « The Lodger », parfait témoin du brassage de ces deux voix antagonistes. Pas que celles-ci soient finalement impossible à marier, mais très dures à faire côtoyer, comme sur « Guilty » où le groupe réussit bien moins cette symbiose vocale. Un élément qui n’enlève cependant aucun charme au titre, véritable flot de puissance et cascades d’accords dans une fontaine de jouvence remplie à ras bord.
Et que dire de la production de Francis Caste, toujours impeccable et mettant à l’œuvre le diffus « Cult of The Black Sun » dans un univers impeccablement gondolé, meurtri et en perpétuelle métamorphose. Une pièce musicale craquelée de soubresauts mélodiques et autant de pointes atmosphériques à mettre à l’actif de la formation n’ayant pas encore fini sa mue. On sent autour de cette livraison, que le groupe en a encore sous le pied et qu’il se garde bien de tout exposer sur ce MCD. Un titre « Deep In A Well of Madness », outre son côté redondant, mériterait alors d’aller plus loin dans l’expérimentation et de jouer encore plus la carte de la fureur vive comme sur les tout derniers instants du morceau voyant se développer une rage communicative pour l’ensemble des instruments liés entre eux.
Memories of A Dead Man prouve ici et à encore un peu plus de monde, qu’ils forment une entité à part entière dans la communauté metal hexagonale. Une entité plus que soudée et réunit en un bloc salvateur et brut de décoffrage autour de ces cinq titres. Le groupe fait de ce MCD, objet pourtant répertorié au banc des essais pour tout jeune groupe, un véritable opéra baroque sur fonds de guitares étincelantes et de riffs profondément touchants. Réserve émise toutefois sur le long terme et la dissemblance des morceaux dans le futur, mais on aurait bien tort désormais de laisser échapper ces magiciens réunis autour de cette fresque musicale riche et fameuse.
1 - Sin Eater
2 - Guilty
3 - Cult Of The Black Sun
4 - Deep In A Well Of Madness
5 - The Lodger