Non.
Malgré les années, les changements de line-up et les différentes voies empruntées par Solstice, le groupe anglais reste une valeur sûre du Doom épique. Depuis Lamentations, premier album sorti en 1994, le projet a eu moult occasions d’évoluer dans diverses directions, notamment grâce aux différents chanteurs qui se sont succédé. Je précise que je vois ces changements de line-up d’un bon œil, puisqu’évidemment comme beaucoup de jeunes, j’ai découvert cette branche uniquement dans les années 2010s J’ai donc eu l’occasion de balayer la discographie du groupe d’une toute autre manière qu’un fan de la première heure qui aurait vieilli en parallèle des sorties.
En 2013, le groupe sortait l’EP Death Crown Is Victory, présentant au public Paul Kearns au chant, à la fois nouvelle tête et nouvelle voix, car c’est bien la première fois dans l’histoire de Solstice qu’un timbre aussi grave et solennel prend place sur ces compositions. Le groupe dévoile ensuite « White Horse Hill », première piste en version démo de ce que donnera le nouvel album en compagnie de Paul. Malheureusement, le groupe prendra son temps pour sortir l’album tant attendu après un titre aussi épique que l’est l’artwork dévoilé en même temps. Sans connaître le détail du temps de composition, d’enregistrement et tout ce qui en découle, force est d’avouer que quatre années furent bien longues à attendre.
Le groupe sort malgré tout, en 2016, To Sol A Thane, présentant quelques titres encore en version démo qui seront présents sur le futur album. Un premier aperçu qui ne nous décevra pas ! Cependant, cela reste étrange de découvrir White Horse Hill, l’album enfin en écoute, en février 2018, alors qu’on connaît déjà presque tous les titres.
Cela dit, quelques changements dans le son, ainsi que le chant, et la plupart des morceaux étant un peu plus longs, permettent d’apprécier différemment l’album. A cela s’ajoute l’incroyable-presque-pièce-finale « Under Waves Lie Our Dead », et ses 12 minutes de pur bonheur, lourde et épique. Deux pièces plus introductives viennent s’ajouter, « III » en ouverture et « Beheld, A Man Of Straw » et sa douceur marquée d’un chant cotonneux avant l’enchaînement sur le tube « White Horse Hill ».
L’album vient tout à fait confirmer que Paul Kearns mérite amplement sa place au sein de Solstice. Pour l’avoir vu en live, reprendre de vieux titres du groupe, et assurer les nouveautés faites sur mesure pour son timbre de voix, je n’en doutais pas mais il reste difficile de voir le groupe en live aujourd’hui pour s’en assurer. Le groupe joue toujours, bien évidemment, dans un registre plutôt mid-tempo aux riffs qui n’inventent rien mais fonctionnent toujours à merveille. Le chant vient intégrer l’ensemble, soutenir les guitares en réponse ou en les doublant, et multiplier par deux le caractère épique de l’ensemble. Je pense même que le chant un peu plus commun et moins aigu du chanteur permettra d’ouvrir le groupe à de nouveaux fans qui ont pu ne pas être conquis par Lamentations, Halcyon et New Dark Age.
Pas question de regretter l’ère nineties de Solstice. Les compositions de qualité sont toujours au rendez-vous, pour venir nous conter toutes ces batailles, ces mythologies, cette nature, ces souvenirs… C’est dans ces chroniques qu’on regrette qu’il n’existe pas de terme français pour « anemoia », un mot qui signifie une certaine nostalgie pour des événements qu’on n’a jamais vécus. La plupart des groupes épiques, qu’il s’agisse de Doom, de Black, ou d’autres styles plus soft (comme sur le titre « For All Days, And For None » ici), évoquent cette sensation, et cherchent à la faire surgir chez l’auditeur à travers des textes et une musique parfois martiale, parfois mélancolique, parfois les deux à la fois dans un mélange aussi poétique qu’incisif. Solstice fait indéniablement partie de ces groupes.
Néanmoins, l’effet « déjà entendu » de la plupart des titres a forcément une conséquence négative sur le jugement de l’album. Notamment lorsqu’on attend un nouvel opus avec enthousiasme, et qu’on nous sert finalement quelque chose de pas si nouveau et peu surprenant puisqu’on s’y attendait totalement, il est difficile de juger l’album de la même manière. Heureusement, et je pense bien que cela soit volontaire de la part du groupe, j’ai déjà évoqué précédemment « Under Waves Lie Our Dead » qui reste la superbe découverte de cet album. Rien que cela ne permet aucune véritable déception…
En bref, Solstice a toujours tout pour plaire, malgré l’attente et le voile levé petit à petit sur des morceaux de White Horse Hill, depuis 2014. Une nouvelle occasion pour eux de se trouver un nouveau public ? De tourner un peu plus en Europe et ailleurs ? On n’attend que ça.
1. III
2. To Sol A Thane
3. Beheld, A Man Of Straw
4. White Horse Hill
5. For All Days, And For None
6. Under Waves Lie Our Dead
7. Gallow Fen