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Destruction naquit en 1982, quand j'étais à peine dans le ventre de ma mère. Autrement dit, il y a un écart de génération entre eux et moi. Qu'importe, j'ai apprécié bon nombre de leurs albums a posteriori, avec des merveilles comme "Sentence Of Death" (1984), "Infernal Overkill" (1985), "Eternal Devastation" (1986), "Release From Agony" (1998), "The Antichrist" (2001) ou encore le superbe "Live Without Sense" (1989).
La réputation du groupe n'est plus à faire, et le trio actuel semble avoir trouvé une bonne stabilité. De quoi proposer cette année un nouvel album fort : D.E.V.O.L.U.T.I.O.N., 3 ans après "Invertor Of Evil", pour leur 25ème anniversaire.
La pochette de l'album est très chargée, et c'est dommage, avec un tas de détails de guerre, de mutilation. Le boucher, cher au groupe, est bien présent au centre de l'image, mais c'est une autre partie de la cover que je trouve réussie : au centre, en bas, un homme nu est assis à terre. Il tient dans sa main droite un crâne et est attaché à une bombe par une chaîne à son cou. Je trouve ce petit bout d'image fortement symbolique. Ensuite, j'aime bien l'image subliminale qui se cache sur la pochette : regardez la de loin, vous verrez une grande tête de mort, qui a comme cerveau les noms de l'album et du groupe. Enfin, la nom du groupe et le titre de l'album sont penchés, tout en haut des barbelés. Je trouve cette orientation originale, donc j'approuve.
Destruction nous a fait, à travers D.E.V.O.L.U.T.I.O.N., un jeu sympathique, que peu de groupes tentent, et dont il faut souligner l'effort : chaque lettre du nom de l'album est la première lettre de ses titres. Perso, je ne sais pas si vous êtes pareils, mais c'est toujours une idée qui a trotté dans ma tête si j'avais un groupe.
D.E.V.O.L.U.T.I.O.N. commence sur un titre original... "Devolution" ! Il nous réserve une bonne surprise à l'entame avec une intro qui aurait pu figurer sur un album d'Opeth. La suite : une grosse énergie, de la baston derrière les fûts, des éléments de guitare tout neufs (pour Destruction) et un solo du guest Vinnie Moore (de l'ovni UFO...) virevoltant. C'est le titre le plus réussi de l'album à mon goût.
J'en ai parlé un peu précédemment, Destruction, dans cet album, tente de moderniser son thrash. Je précise ici que c'est avec des éléments empruntés à la fraîche vague thrashcore, metalcore américaine, notamment sur les morceaux "O.ffenders Of The Throne" et "Last Desperate Scream". Aussi, on sent un petit côté Pantera sur "Inner Indulgence". Mais tout ça, c'est dommage, fait perdre de la continuité dans l'album.
Côté classique, Destruction puise dans son propre vivier, tout en proposant des mixtures sonores allant d'Exodus à Death Angel ("V.icious Circle : The Seven Deadly Sins" à la construction très classique, mais efficace."O.dyssey Of Frustration", très Death Angel, si bien que si c'étaient les californiens qui le jouaient, ça ne nous étonnerait même pas. Aussi, il y a un petit peu de Testament pendant "No One Shall Survive").
Tout ça pour dire que Destruction, dans ce nouvel opus, a chercher à faire du neuf, tout en allant piocher ailleurs. Pour un groupe de cette longévité, il faut oser, mais moi, je n'apprécie guère... Trop de constructions classiques, des parties où on se dit : "tient, c'est comme ...", et des titres de morceaux chantés en chorus à répétition, comme on en a l'habitude. On est teuton ou on ne l'est pas !
Reste des rayons de soleil tels les interventons des 3 guests (Vinnie Moore, déja dit). Sur "U.rge (The Greed Of Gain)", Jeff Waters (Annihilator) a un solo qui est immédiatement identifiable tellement son toucher de gratte est unique. Sur ce même morceau, c'est aussi Gary Holt (Exodus) qui apporte sa contribution soliste, et là, pareil, on reconnait tout de suite.
Quoi ? Qu'est-ce-qu'il y a ?
Je ne parle pas du trio de Destruction ?
Attendez, ça arrive :
S'appuyant sur une production très bonne, lourde et massive du désormais célèbre Jacob Hansen (Hatesphere, Volbeat, Heaven Shall Burn, Aborted et des centaines d'autres), la bande à Marcel est plutôt efficace. La batterie, où "Mark Reign", est pour moi le meilleur instrument de l'album : comme je l'ai déja dit, ça bastonne. J'ajoute qu'en comparant avec les compatriotes Kreator et Sodom, le martèlement de Destruction a un léger avantage.
Schmier, le frontman, est égal à lui-même : une voix atypique aux registres thrash larges (allant du cri tigré à l'aigu pénétrant, façon castrat dans "U.rge (The Greed Of Gain)" et "T.he Violation Of Morality"), des parties de basses efficaces, mais se contentant d'accompagner la rythmique destructive.
Quant à Mike Sifinger, ses compos sont efficaces, sans pour autant placer cet album au niveau des anciens. Et je dirais qu'heureusement que 3 guests étaient là pour les solos, car Mike n'en est pas le plus grand démonstateur (à part sur "T.he Violation Of Morality", mais c'est brouillon et Kerry Kingesque).
En définitive, D.E.V.O.L.U.T.I.O.N. n'est pas LA "Symphony Of Destruction", mais reste néanmoins un album correct. Les allemands ont jadis proposé mieux, c'est une certitude. Reste une dernière chose à dire (crier même) : à quand un retour de Destruction sur les scènes françaises ?
1. D.evolution
2. E.levator to Hell
3. V.icious Circle - the Seven Deadly Sins
4. O.ffenders of the Throne
5. L.ast Desperate Scream
6. U.rge (the Greed of Gain)
7. T.he Violation of Morality
8. I.nner Indulgence
9. O.dyssey of Frustration
10. N.o One Shall Survive
Guests :
+ Gary Holt (Exodus) et Jeff Waters (Annihilator) posent un solo de guitare sur "U.rge (the Greed of Gain)"
+ Vinnie Moore (UFO) fait un solo de guitare sur "Devolution"