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De nos jours, il y a souvent deux tendances musicales en opposition : d’un côté, des groupes veulent innover et être « en avance » sur leur temps, d’un autre côté, il y a ceux qui souhaitent s’installer dans le fauteuil sur lesquels d’illustres groupes old school se sont assis. Giktor Velu, un quatuor dijonnais dont le nom de groupe est mystérieux (selon une légende pas si lointaine (2006) de Champagne, il aurait mûri dans l’un des robustes fûts d’un viticulteur) est de ceux qui aiment voyager dans notre glorieux passé, avec un death/thrash marquant. Aussi, le nom du groupe ne laisse pas indifférent…
C’est avant tout le projet d’Eihwaz Berkano (chant, guitare), et vous constaterez que chaque membre du groupe a un pseudo se terminant par « az » (Eihwaz, Ravenaz, Othalaz). En prononçant leur nom, c’est comme si ces derniers étaient des enzymes catalysant notre esprit… Bien sûr, comme il y a toujours une exception à la règle, le batteur session s’appelait JB Delhorme (mais en live, c’est Absynthiaz qui tient les baguettes).
Après avoir réalisé une démo en 2006, Världsåkädning, Giktor Velu nous a concocté un album cette année : Bud Av Krieg, ou « Le messager de guerre ».
Tout comme le nom du groupe, la pochette de l’album, œuvre de Treize, est mystérieuse : on y voit un paysage lunaire dans lequel un arbre a grandi. Le ciel est obscur et tourmenté, et la lumière sur la droite semble donner vie à l’arbre. Cet arbre de vie serait-il le seul espoir dans notre monde pollué en déclin ?
C’est après un début qui fait penser à du vieux Metallica que Giktor Velu nous emmène dans une excursion de riffs au cœur d’un passé plus que présent dans notre mémoire, où germe déjà un message de futur rempli d’utopies religieuses, d'abus sexuels ("Temptation") de vies sacrifiées, oubliant tous les échecs passés et de haine guerrière.
Les compositions sont très inspirées et se mémorisent bien à cause de leur côté simple, mais très efficace. On sent le spectre de vieux Deicide, Dissection, Metallica, Slayer, Sodom, et tant d’autres, avec par moment quelques prises de libertés intéressantes (viking, folk, progressif). La production a été plutôt bien réalisée, même si j’admets avoir du mal à aimer écouter les grosses caisses de JB Delhorme, qui a cotoyé Eihwaz dans un autre groupe : Blackened. Cette prod de batterie me fait un peu penser à celle d’un album de Krisiun : Ageless Venomous (pour ceux qui connaissent)… Néanmoins, chaque instrument est bien discernable, ce qui est une réelle qualité pour un groupe qui s’est auto-produit (et pour tous les autres aussi bien sûr).
Les lignes de basse d’Othalaz sont plus qu’intéressantes. Il essaie assez souvent de proposer des compos qui se démarquent des guitares, ce qui donne de l’ampleur à son instrument. Aussi, il a plusieurs passages en solo. Les deux guitaristes, Eihwaz et Ravenaz, qui s’étaient connus au sein du groupe de blackSahar, font bien la paire. Ils assurent aussi pour l’un des vocaux death / black caverneux impressionnants (« Under The Sign Of Satan » est redoutable), et pour l’autre des backs vocals bienvenus. Leurs solos de guitares sont soit improvisés, soit dans la lignée des morceaux qu'ils accompagnent (old school, plutôt mid tempo).
Le morceau « Death Parade » est marquant je trouve, avec un début au tempo lent, façon Celtic Frost, puis une évolution vers le speed thrash agressif, une alternance de rapidité et de lourdeur, des blasts violents et des passages planant. Aussi, « Dead By Hanging » voit l’apparition des back vocals de Ravenaz en chant clair, qui donnent l'impression d'entendre des martyrs fantomatiques et mélancholiques. C'est un morceau dense et ambitieux de par sa structure à tiroirs.
Bud Av Krieg, fait très bien passer son message, mais je ressens quelques longueurs par moment. Certains diront que c’est pour mieux marteler notre cerveau, d’autres affirmeront que ce sont des messages hypnotiques. Le dernier titre, « Världsåkädning » (merci les gars, c’est une corvée à écrire, hahaha), est différent de tous les autres : d’une part, il s’agit du titre de la démo de 2006 (qui contenait 5 morceaux de cet album), et d’autre part, il propose une musique folk bien prenante (quoiqu'un peu courte). C’est comme si Giktor Velu avait tiré un trait sur ce qu'il venait de jouer et était capable de proposer quelque chose d’inédit et inattendu. On pourrait penser à un hymne, ou pourquoi pas s’étonner à regarder l’arbre de la pochette en même temps et penser à l'espoir qu'il suscite.
Le "messager de guerre" vient de nous avertir ! Il nous a rempli de noirceur avec des passages obnubilant. Par contre, on sent que Giktor Velu a une belle marge de progression, notamment à cause de quelques lacunes en terme de précision (calage de chaque instrument, attaque des cordes, à la batterie, etc.). A l’écoute de ce premier album, une chose est sûre : Giktor Velu est fait pour la scène ! A voir à la première "occaz’" !
1. Il Segreto del Naufragio
2. In Nomine Veritas
3. Temptation
4. Under the Sign (of Satan)
5. Sacrifice
6. Death Parade
7. Apocalypse Vision
8. Dead By Hanging
9. VÄrldsakÄdning