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« Changer le monde commence par se changer soi-même », telle aurait pu être la phrase prononcée en chœur par les Deftones à l’aube de leur 3e opus.
Une cultissime galette pour le gang de Sacramento, où le nouveau millénaire semble avoir été une réelle source d’inspiration, tant l’évolution du groupe est saisissante et parfaitement contrôlée.
Exit le nu-metal ! Simple « au revoir », esquissé à une scène que les Deftones ont finalement marqué de leur empreinte musicale, et pied de nez à leur label Maverick qui aurait souhaité voir le groupe continué dans un style commercialement rentable.
L’album de la maturité et du renouveau que ce White Pony, où 3 années furent nécessaire à son élaboration afin de permettre au groupe de chasser ses vieux démons et de faire un point légitime sur son précèdent album : Around The Fur, un disque d’anthologie où la remarquable piste « Be quiet and drive » flirtait déjà avec le rock indépendant et la scène underground.
C’est d’ailleurs ce coté résolument indépendant que l’on retrouve en trame de fond de ce nouvel album, tout de blanc vêtu pour l’occasion.
Un album pourvu d’un réel caractère intimiste où les Deftones se permettent de ralentir la cadence en nous envoyant une majorité de titres bourrés d’émotions et de sensibilité.
On débute notre écoute alors par un « Feiticera » qui résume à lui seul le changement de style du combo. Chant à la limite de la complainte, mariage parfait d’une rythmique carrée entremêlé de parties de guitares moins métallique qu’à l’accoutumée. Un premier titre au caractère plus inspiré et plus mature pour la formation.
S’ensuit le très planant « Digital Bath », un titre à des années lumière de la formule de leurs débuts. Une formule les ayant amenés durant 5 années, au rang de leader du métal américain.
Mais ici, les Deftones n’hésitent pas à s’écarter des sentier battus en délivrant des titres sensuels et inattendus comme ce « Digital Bath » teinté d’electro, ou encore un « Teenager » et un « Pink Maggit » qui révèle toute l’expérience acquise par le groupe et sa capacité à élargir son horizon musical par des arrangements réfléchis, mais ô combien naturel.
Visiblement inspiré par une new wave qui lui tient à cœur, c’est avec un nouveau Chino que le groupe se doit de composer. Capable d’alterner subtils susurrements et montées dans les aigus, nul doute qu’il est le principal instigateur de ce nouveau son et d’un tout nouvel univers aux accents enivrant.
Ainsi, sur des titres comme « Change (in the house) » et le gigantesque « Passenger » exécuté avec Maynard James Keenan, nous sommes littéralement transporté entre douce violence et accalmies planantes, appuyées par la récurrence des samples de Franck Delgado. Des atmosphères qui forment autant d’instantanés voluptueuses conférant au groupe cette originalité qui lui faisait autrefois défaut.
Chi, Stephen et Abe ne sont pas non plus en reste puisqu’ils contribuent fortement à la surprenante évolution musicale. Ils distillent tout au long de l’album, des plages instrumentales brutes, directes et sans fioritures comme en atteste l’absence de solos et la volonté d’aborder les compositions de manières incisives (« Korea »).
Toutefois, on est en droit de se demander si le spectre néo-métal n’aurait pas tendance à se réinviter sur quelques titres. « Elite », « Street Carp » en sont des exemples parfaits comme pour nous certifier que le Deftones d’autrefois n’est pas mort.
Des titres plus métal et accrocheurs, taillés pour le live venant se glisser subtilement au milieu de l’album.
Simple choix artistique ? Volonté de Stephen d’incorporer plus de métal et de rythme ? Ou tout simplement subtil stratagème pour conserver les fans de la première heure ? Ces questions restent sans réponse. Mais ce que nous savons d’avance c’est que ce White Pony couronne un nouveau souffle pour un groupe si surprenant, tout en nous emmenant subtilement sur 12 territoires aux confins du réel.
1. Feiticeira
2. Digital Bath
3. Elite
4. Rx Queen
5. Street Carp
6. Teenager
7. Knife Prty
8. Korea
9. Passenger
10. Change (In The House Of Flies)
11. Pink Maggit