"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Cela va faire 25 ans que Punish Yourself est en activité et je pense que ce n’est pas encore prêt de s’arrêter. De nombreuses années que VX69 et ses compères écument les scènes avec leur maquillage fluo et leur Metal Indus-Punk bien branlé. Si Punish Yourself est plus souvent suivi et apprécié pour ses performances scéniques, c’est oublier qu’il commence à avoir une discographie sympathique derrière lui. Il n’y a peut-être pas eu de véritable album référence depuis Sexplosive Locomotive (2004) mais le groupe a continué de faire le taf en studio, avec notamment le plus travaillé Cult Movie (2007) ou le très efficace Pink Panther Party (2009). Entre KMFDM, leur énergie Punk et leurs envies d’élargir leur spectre avec notamment la collaboration avec Sonic Area qui avait donné naissance à l’album hybride Phenomedia (2010) mais pas seulement (Arco Trauma, le leader de Sonic Area, s’est chargé du mixage de ce nouvel album et signe un remix en bout de course), Punish Yourself construit et déconstruit son art. La formation toulousaine restait sur un Holiday In Guadalajara (2013) qui n’était peut-être pas ce qu’elle avait fait de mieux en studio, mais qu’importe. Quatre années plus tard, les vacances au Mexique sont terminées et Punish Yourself est de retour au pays du cochon, pour un Spin The Pig qui est tout de même leur 9ème réalisation en studio.
Et pour le coup, Punish Yourself va cette fois aller droit au but, sans concessions. Si le groupe a parfois expérimenté, a flirté avec le Rock-Indus et des aspirations à la KMFDM, ici il ne va pas franchement se poser de questions et livrer son album le plus « Metal » et direct depuis belle lurette. Comme si Pink Panther Party avait retrouvé la rage des débuts. C’est limite un retour aux sources tant on se rapproche parfois du pur Metal-Indus de Feuer Tanz System (1999). C’est dit, Punish Yourself balance avec Spin The Pig un de ses albums les plus bruts et sales. Le chant de VX69 est vénère tout du long, et rien que ceci annonce déjà la couleur. On joue désormais plus dans la cour d’un Ministry que d’un KMFDM, croisé avec le White Zombie le plus brut. Presque un album de Metal-Indus américain 90’s, un peu à l’image de ce que Aborym avait fait pour Shifting.Negative ? Que nenni, car Punish Yourself garde pleinement son identité et ne fait pas dans la facilité ni dans la repompe de vieilles gloires. 43 minutes de grosse rifaille Indus bien punchy, c’est ce qu’on retrouvera dans Spin The Pig. Et après l’habituelle intro qui nous met dans l’ambiance, on constate directement que Punish Yourself est en grande forme grâce à cette grosse tuerie d’entrée qu’est "Lo-Cust", démarrant avec une batterie ravageuse et des riffs simples mais terriblement mordants et entraînants. D’ores et déjà un bel hymne de Metal-Indus, il y a tout ce qu’il faut et ça fait mouche. Le vrai bon Metal-Indus un peu old-school qui tape dur se fait rare, on ne peut que féliciter Punish Yourself d’avoir pris ce parti avec un album qui va bien dégommer.
Punish Yourself est donc bien parti pour enchaîner les brûlots, et c’est même qu’il va cartonner. Très remuant, "Die-S-I-Ray" donne la bougeotte comme jamais. "Blacksunwhitebones" est particulièrement véloce et ratiboise tout sur son passage. Porté par des riffs simples mais hyper efficaces, "Backlash" déglingue un max. Sur un Metal Indus d’apparence très classique, Punish Yourself ajoute son énergie et son dynamisme Punk pour un résultat mortel. Spin The Pig déboite donc bien la plupart du temps, et même quand il se repose un tantinet, Punish Yourself est en réussite en témoigne le plus rampant morceau-titre avec un chant plus varié mais toujours des riffs diablement incisifs. Il n’y a rien de révolutionnaire dans cet album mais le groupe a su mettre suffisamment d’inspiration et d’efficacité dans Spin The Pig pour en faire un excellent album de Metal-Indus. Après, il est clair qu’on fait vite le tour de cet album qui a sacrifié la créativité pour faire du rentre-dedans. Et il trouve même un peu ses limites sur la fin, "There’s No End to This" est un peu trop classique et n’apporte rien, de même que l’instrumental "Silver Sliver" bien trop répétitif ; quant au remix dépouillé de "Lo-Cust" par Sonic Area il sera réservé aux amateurs du projet qui amène son ambiance si particulière. Punish Yourself a voulu se faire plaisir et ça se sent, pour renouveler un peu sa set-list aussi, Spin The Pig peut paraître basique pour un groupe qui a été assez inventif par le passé mais ça n’en est pas moins un album hyper efficace, qui regorge de tueries de Metal-Indus bien senti et In Your Face. Un Pink Panther Party reste au-dessus pour ma part, mais Spin The Pig fait du bien par où il passe et se doit de tourner un minimum chez tout amateur de Metal-Indus bien punchy qui se respecte.
Tracklist de Spin The Pig :
1. Pig Trouble in Little Schwenia (0:45)
2. Lo-Cust (4:33)
3. Die-S-I-Ray (5:04)
4. Hog’n’Magog (0:43)
5. Blacksunwhitebones (3:29)
6. Backlash (5:03)
7. Spin the Pig (6:08)
8. There’s No End to This (5:22)
9. Silver Sliver (5:22)
10. Lo-Cust (Sonic Area Remix) (6:23)