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Regain Records est plus connu pour ses productions dans le black, le death ou le heavy que pour celles de groupes ayant de fortes influences hardcore barré. C'est un peu comme si les labels cultes que sont Roadrunner Records et Nuclear Blast se mettaient à signer des groupes de merde (oups, on me dit dans l’oreillette que c’est déjà le cas). Donc, bien que cela puisse surprendre, c'est bien le label suédois qui se charge de la sortie du premier album des allemands de Time Has Come, « White Fuzz ».
La meilleure description de la musique de Time Has Come a été donné par Regain lui-même, donc pas besoin de se fatiguer (les 35 heures, c’est aussi pour les chroniqueurs). « Appelez ça hardcore, grind, techmetal, noise, mathcore, appelez ça comme vous voulez ! ». Voilà comment faire court mais efficace. En clair si vous n’aimez pas la branlette de manche et les cassages de cervicales, autant hisser dès maintenant toutes voiles dehors.
Pour les autres, les plus torturés ou trendy (ça dépend des versions), prenez place dans le vaisseau THC. Un voyage initiatique à la frontière de la folie est organisé par nos chers amis teutons. Après un atterrissage en capitale hardcore, un détour est prévu pour de nombreuses villes influentes telles que le Grindcore et le Mathcore. « White Fuzz » laisse effectivement rapidement filer des influences de Psyopus ("Something Draws Near From Nothing"), Into The Moat, The Tony Danza Tapdance Extravaganza & consorts. Il vous faudra donc apprécier les compositions alambiquées et tordues pour prendre votre pied sur cet opus.
C’est qu’il faut s’accrocher sur les dix morceaux de l’album ! Alors que du côté du micro, on alterne entre petits cris proches du gémissement, hurlements et growls, les musiciens (pas manchots pour un sou) se font un malin plaisir à évincer les visiteurs : technicité, chaos et distorsions en tout genre... Un programme qui ne donne pas vraiment le temps de s’ennuyer ! La fin de "Ignorance is Bliss" donnera du fil à retordre même aux plus aguerris d’entre nous. Mais à la différence des autres formations citées, Time Has Come a l’avantage de savoir calmer ses ardeurs. Entre deux blasts frénétiques agrémentés d’un cri jouissif et trois cents riffs à la seconde, les membres ont su caler des parties plus calmes et easy listening pour éviter de ressortir avec les tympans en sang. La production met les guitares et la batterie à l’honneur avec un son qui sent bon la sueur et la bière, au dépend d'un chant qui manque quant à lui d’un peu de puissance. La performance du chanteur n'est d'ailleurs pas toujours au top. L’album se conclut sur une instrumentale entêtante (bien méritée) avant que le son ne se « désintègre » complètement.
Si vous aimez la musique barrée, mais pas trop non plus, alors « White Fuzz » est fait pour vous. Le groupe mêle en effet des passages schizophréniques à d’autres plans plus calmes ("When The Promise Of Forever Becomes A Farewell On Lease", "...And No Matter How Fast You Try To Run You Are Always Moving In Slow Motion"). Alors que certains vous se brisent la nuque du début à la fin, Time Has Come vous permet de sortir vivant mais avec tout de même de bonnes courbatures. Au final l’initiative est bonne, mais quitte à faire du mathcore ou du grindcore déstructuré, autant le faire jusqu’à bout. Regain Records a tenté de se diversifier, THC a du talent, plusieurs titres sont de hautes volées, mais malheureusement le tout manque un peu d’âme… ou d'un brin de folie à l’état pur !
1. Keep Your Tongue From Evil
2. A Clown Can Get Away With Murder
3. When The Promise Of Forever Becomes A Farewell On Lease
4. Something Draws Near From Nothing
5. Elevator To Prypiat
6. The Abandoned City (Part I)
7. ...And No Matter How Fast You Try To Run You Are Always Moving In Slow Motion
8. The Abandoned City (Part 2)
9. Ignorance Is Bliss
10. The White Fuzz
