Ah…Nortt. Voilà un nom qui éveille en moi de lointains souvenirs, celui d’une époque, au début des années 2000, où le Metal Noir dépressif et suicidaire tenait une place de choix dans mes écoutes. Ce temps où les Xasthur, Silencer, Make a Change… Kill Yourself et autres fleurons du genre brillaient par leur noirceur. Alors qu’on pensait Nortt six pieds sous terre, le bonhomme n’ayant rien sorti depuis « Galgenfrist » dix ans plus tôt, la résurrection du Danois a bien eu lieu, lors de l’annonce inattendue de la parution de son nouvel opus, toujours chez l’écurie italienne Avantgarde Music.
Après tant d’années, on était en droit de se demander quelle en serait la teneur et les potentielles évolutions. Mais vu tous les groupes qui se sont vautrés après être restés longtemps en sommeil (comme Limbonic Art), c’est il est vrai avec un peu d’appréhension aussi que je voyais venir ce nouvel album.
Quoiqu’il en soit, sur le plan de l’imagerie, la tête-pensante annonce la couleur (ou plutôt la non-couleur) : désaturée et sombre, la pochette suinte la mort, avec ce crâne gisant dans la poussière, rongé par le temps. Ce « Endeligt » ne respire pas la joie de vivre, ô que non.
Avec ces bruits intrigants et ce vent froid venu des profondeurs, les premières secondes sèment le trouble et le doute chez l’auditeur, qui ne tarde guère à se faire assommer par la lourdeur des riffs. On reconnaît immédiatement la griffe de Nortt, que l’on retrouve là où on l’avait laissé… Depuis tout ce temps, le bonhomme semble ne pas avoir pris une ride.
Ce nouvel opus comporte neuf titres pour une quarantaine de minutes maladives, asphyxiantes et profondément désespérantes. Le rythme est lent, très lent… typique du Funeral Doom. Mais les martèlements, peu fréquents soient-ils, sont de véritables coups de massue. Le piano, quant à lui, distille des accords glaciaux, qui ne laissent percer aucune lueur d’espoir, à l’image des parties vocales, semblant surgir d’outre-tombe. A la différence de ses prédécesseurs, les lignes de guitare sont ici beaucoup plus propres. Si le côté aigu et agressif pouvait autrefois gêner l’écoute, la production a donc gagné en clarté. Cela étant, l’atmosphère lugubre est toujours aussi prégnante, renforcée par cette réverbération omniprésente qui vient décupler la sensation dérangeante d’être ici l’acteur impuissant de son propre cauchemar.
Certains morceaux sont d’ailleurs uniquement instrumentaux, constitués de quelques accords de clavier et de piano, qui jouent justement sur cette atmosphère macabre, comme ce souffle froid et hanté qu’on peut parfois ressentir dans les allées des cimetières (« Kisteglad », « Gravrøst »). Le dernier morceau est du même acabit, les riffs de guitare en plus et, sur la fin, les cloches qui sonnent le glas.
Le mort-vivant Nortt a finalement réussi son pari en revenant sur le devant de la scène, après être resté en retrait dix années durant. Le registre n’a pas changé mais la production s’est améliorée pour servir une musique toujours aussi mortuaire, qui flinguera à coup sûr vos longues journées d’hiver…
Tracklist :
1. Andægtigt dødsfald
2. Lovsang til mørket
3. Kisteglad
4. Fra hæld til intet
5. Eftermæle
6. Afdø
7. Gravrøst
8. Støv for vinden
9. Endeligt