Dying Fetus @ Petit Bain
Petit Bain - Paris
Sacré plateau que ce Dying Fetus Tour. Venu écouter de prime abord le nouvel engin des Americains, The Wrong One to Fuck With, Garmonbozia nous propose, en bonus, de très beaux chauffeurs de salle : Psycroptic, Beyond Creation et Disentomb. Sans surprise, cette date Parisienne affiche complet depuis plusieurs semaines.
Théâtre des hostilité : la sympathique salle du Petit Bain. Cette courte péniche rondouillarde dispose d’une grande hauteur sous plafond, permettant au son d’être en général assez bon, et d’avoir une température respirable. Ces conditions avaient permis à The Black Dahlia Murder de délivrer un de leur meilleur set il y a maintenant deux ans. Avec sa fosse d'une dizaine de mètres carrés pour une capacité de 500 âmes, l’ambiance est assez intimiste.
Au merch, les premiers énervés sont déjà aux affaires, porte-monnaie dans la main. Au bar, les tireuses sont à l’horizontal. Sur scène, deux batteries se tirent la bourre : celle de Dying Fetus dans le fond, et juste en face, celle utilisée par les premières parties. Il ne reste alors qu’un misérable petit mètre cinquante entre la grosse caisse et la fin du plancher. Dure tâche pour les différents frontman que de bien doser les moulinets et autres galipettes pour épater la galerie. Premier candidat : Jordan James, chanteur de Disentomb.
Il y a deux sortes de première partie. L’indésirable, qu’on préfère regarder de loin, et puis l’autre : celle qui comble une attente. Pour cette seconde sorte, bien avant que le groupe ne commence son set, sa prestation était déjà projetée dans l’imaginaire, cristallisant aprioris et espoirs. Disentomb fait partie de cette seconde catégorie.
Quand est sorti Misery, le second album des Australiens, en 2014, la patate fut rapide, précise et intense. Certes le groupe va avoir fort à faire pour ne pas sombrer dans l’oubli vu la popularité des autres formations présentes ce soir, mais il a quand même sa carte à jouer. Les conditions sont favorables, avec un Petit Bain déjà bien rempli. Quelques trous apparaissent par-ci par-là dans la fosse, mais c’est très flatteur pour un jeudi à 19h00.
Disentomb arrive tranquillement sur scène, comme pour faire ses balances. Le noir se couche d’un coup, et Pyres Built From Their Severed Wings prend tout le monde de vitesse. Placer directement du Brutal Death en ouverture de Dying Fetus est une très bonne idée. Dès la seconde piste, les premières caresses s’échangent dans le pit. Les Australiens n’ont pas le temps de niaiser et continuent d’égrener Misery avec Chthonic Gateways envoyé directement dans la foulée.
Le groupe est un buffle, coincé sur scène et ne pouvant que cracher sa colère. A commencer par le frontman bien carafe qui martèle le sol avec son micro, comme un mineur acharné au fond d’une carrière. A chaque mouvement brusque, on attend la chute d’une cymbale ou un coup de manche venu du guitariste. Mais non, le gars connait son affaire, et rien ne bouge. De part et d’autre de cet homme énervé, les gratteux se doivent de rester cantonnés dans leur mètre carré réglementaire. Pour les maniaques de la technique, notons une gratte et une basse 5 cordes. Le batteur, tout en muscle, déroule les BPM en grimaçant : un véritable sport.
La musique arrive dans le prochain paragraphe, promis, mais il y a toujours cette petite fascination en lien avec le Brutal Death qu’il faut signaler. La technique et la rigueur que ce genre de groupes se doivent de respecter pour délivrer une musique à la fois super speed et super carrée, sont toujours impressionnantes à voir en live.
Les balances sont globalement bonnes, rien de bien handicapant, ce qui nous laisse apprécier les compos. Toutes sont tirées de Misery, subjectivement la meilleure sortie des Australiens à ce jour. Avec, en bonus, un nouveau morceau sorti du chapeau, Indecipherable Sermons of Glooms, prometteur. Les riffs speed sont incandescents, les breaks impassibles sont glaçants. La petite note technique et torturée du groupe est certes visible, mais moins que sur album. Elle permet toutefois de ne jamais s’ennuyer sous cette pluie de blasts.
Même si les transitions entre les morceaux flottent un peu, le rythme du concert est bien géré. Quand on commence à crouler sous les riffs, le groupe lève le pied et fait son laïus de remerciement, en n'oubliant pas de "give it up for" Psycroptic. La communication est assez minimaliste par ailleurs, Disentomb ne veut pas saboter l’atmosphère inhospitalière qu’il a réussi à mettre en place en fraternisant avec l’audience. La longue et lente piste Megaliths of Despair serait parfaite pour ce travail de coupure, mais ce ne sera pas pour cette fois. Le set se termine avec Vultures Descend, laissant le Petit Bain avec des trous dans la coque, alors même que trois autres groupes vont prendre la suite.
Un set implacable et plein de couleurs qui met la barre très haut. Une ouverture XXL qui met parfaitement le pied à l’étrier, et couvre le Brutal Death de quelques dorures supplémentaires. Le nouveau matos à l’air prometteur, Disentomb se doit d’être pris au sérieux.
Intro
Pyres Built From Their Severed Wings
Abomination Created Through Divinity
Chthonic Gateways
Genesis of Misery
An Edifice of Archbeastial Impurity
Indecipherable Sermons of Glooms
Vultures Descend
Troisième fois en un an que les Québécqoué de Beyond Creation font escale en France. Après les avoir longtemps attendu, ils sont maintenant omniprésents. S’il on revient en Juillet dernier, la date au Gibus avait tout cassé, avec le morceau The Deported joué en grand final. Dans des conditions moins bonnes ce soir, il va être difficile de faire mieux que ce show référence. Deuxième groupe à monter sur les planches, Beyond Creation devrait en toute logique servir une setlist "promo" certes efficace, mais attendue. Mais le groupe va déjouer les pronostics.
Tout commence pourtant comme prévu avec Omnipresent Perception qui ouvre chaque concert. Les premiers rangs sont dans le rythme, les coudes se frictionnent au centre, ça reste tranquille à l’arrière. Mais dès la deuxième piste arrive la première nouveauté : L’Exorde, courte piste insidieuse et groovy, très intéressante à voir en live. On revient ensuite dans le connu avec Earthborn Evolution. L’occasion de prêter attention à la qualité sonore.
Verdict : c’est mauvais. Les soli sont parfois difficiles à chopper, même en connaissant les morceaux, et ce, même en étant au niveau de la régie. Les guitares sont trop basses ; quand elles arrivent à émerger, c’est la basse qui disparaît à son tour. Conséquence : le son est inégal et un peu terne. Puissant mais sans relief. Le problème est notoire et récurent pour le Tech Death. Donc inutile de radoter.
Beyond Creation est content de revenir à Paris. Les musiciens se chamaillent sur scène, sourient, bougent leurs popotins et font des grimaces au public : nickel. Entre deux remerciements, Simon présente sa boutique : "On a ramené de la marchandise avec nous". Les Québécois ont des expressions qui tuent, définitivement.
La seconde surprise est Neurotical Transmissions, sympathique, mais sans éclat. La piste juste après, par contre, va mettre tout le monde dans les cordes. "Ca fait des années qu’on a pas joué cette pièce". Voici venir The Aura, qu’on ne pensait jamais voir en live. Le morceau explose totalement et redonne de l’énergie à un Petit Bain un peu amorphe depuis quelques pistes. Après les derniers coups de cymbales, le public remercie chaleureusement le groupe, pour un des meilleurs titres du catalogue des Québécois. Fundamental Process clôt correctement le concert, comme à l’accoutumée.
Même si cette prestation reste en dessous de celle du Gibus, les surprenants The Aura et L’Exorde justifient le concert, en plus de passer crème. Un show qui aurait dû être prévisible et possiblement ennuyeux, mais Beyond Creation exploite ses albums, varie son propos et continue d’engranger les points.
Omnipresent Perception
L’Exorde
Earthborn Evolution
Neurotical transmissions
The Aura
Fundamental Process
Les mousses repartent cirer le pont. Place aux gradés à présent avec Psycroptic, qui s’apprête à barrer le Petit Bain. Les Australiens disposent de nombreux pétoires, dont The Scepter Of The Ancients. Un bon canon-scié, mais qui date quand même de 2003. La suite de la disco n’est jamais pleinement séduisante, sans être totalement à jeter non plus. Le scepticisme est présent durant la pause.
Psycroptic n’a pas le temps, et commence à jouer sans attendre que le public soit totalement revenu de l’entracte. Les mecs annoncent la couleur dès le départ : le set sera effréné. Une fois le public rassemblé, la fosse se transforme en beau chaudron. Auparavant, la bagarre restait cadenassée dans un petit périmètre. A présent, l’animation est beaucoup plus étendue. Toutes les figures de style y passent, pits, mosh et slams. Grâce au plafond haut, la température ne grimpe pas d’un pouce pour autant.
Le set des Australiens fonctionne bien mieux que celui des deux précédents groupes, indéniablement. Les recommandations sont donc les suivantes. Pour accrocher une fosse, il faut : baisser la complexité des compos, et augmenter les mélodies et les mid tempos. L’audience n’attendait que ça pour se défouler. La technique est toujours présente, mais difficile d’être pris à contre pied. C’est connu et attendu, et donc un peu rassurant.
Sans communiquer à outrance, les musiciens préfèrent inviter le spectateur à chahuter avec eux. L’employé du mois est l’hyperactif frontman Lochlan Watt, constamment en sueur et bien en voix, qui se démène tant bien que mal dans son terrain de jeu riquiqui. Les gratteux apportent leur participation : ils gigotent et convulsent dans leurs zones de quarantaine, situées de part et d’autre de la batterie. A noter que Lochlan remplace Jason Peppiatt, resté au pays.
Piste après piste, le Petit Bain gagne en température. Les Australiens maîtrisent leur sujet en gardant le pied sur l’accélérateur, enchaînant les morceaux. Jamais la pression ne retombe, et ce malgré un son limite et des lights médiocres. La tracklist s’appuie principalement sur la période récente du groupe, même si quelques vieux machins comme Ob(Servant) ou The Colour of Sleep viennent taper l’incruste en fin de concert.
Au placard les jeux de séduction, oubliez le caractère ou l’originalité, Psycroptic utilise l'efficacité pour conquérir son public, en mal de défouloir Tech Death. Il est facile de se prendre au jeu, et peut-être, qu’au fond, on attendait tous ça. Mais rien ne pouvait préparer le Petit Bain à l’arrivée de Dying Fetus.
Echoes to Come
Carriers of The Plague
Forward to Submission
Euphorinasia
Ob(Servant)
The Colour of Sleep
The World Discarded
Cold
Durant l’entracte, les ingés son passent de la pop. Comme pour faire oublier la machine de guerre qui s’apprête à prendre les commandes. Mais personne n’est dupe, et même Cry Me a River n’arrivera pas à masquer l’attente. Dying Fetus traîne une solide réputation ainsi qu’une belle discographie. Rien de mal ne peut arriver.
Deux ventilateurs de super stars à la Carcass entourent chaque pied de micro. Derrière les gros visuels carrés à l’image du dernier album, le groupe se prépare. Dying Fetus n’est pas venu les mains vides. La nouvelle galette, The Wrong One to Fuck With, est sortie cette année. Il est donc naturel d’attendre le groupe sur ces nouveaux morceaux, et de rester bien accroché quand la vieille came arrive.
Les Américains se révèlent au Petit Bain, et la fosse voit rouge. Aucun commentaire sur les trois premiers morceaux. Les premiers rangs subissent la compression du moshpit. Les mains tiennent la scène, les têtes touchent les pieds de micros, les amplis de retour se penchent, et les ventilateurs tanguent. L’avis de tempête était bien réel.
Le premier nouveau morceau est Induce Terror. Il passe correctement l’épreuve du live et obtient donc son diplôme : bravo à lui ! Malheureusement, il sera rapidement rangé dans un coin, la concurrence avec One Shot, One Kill et Invert The Idols qui viennent juste après est pour l’instant trop forte. Mais il n’est pas impossible que sur la durée le titre se bonifie et rebatte les cartes.
Le pit est respectable et se tient bien. Les petites échauffourées amicales de Psycroptic ont été troquées pour un moshpit résolument violent et abrupte. Sur scène, les deux frontman sont sur les côtés, laissant un couloir central jusqu’au batteur. En milieu de show, certains excités en tirent tout son potentiel. Ils montent sur scène, prennent leurs secondes de gloire seul au centre, avant de slamer. Si les premiers passages font sourire, c’est ensuite une parade ininterrompue de slameurs amateurs qui va se succéder, entraînant dérives et moments gênants.
Le groupe demande de réduire la voilure à sa manière : John Gallagher propose que les slameurs aillent jusqu’au merch pour acheter un T-shirt, ou jusqu’au bar pour lui rapporter une bière. En pratique, durant les chansons, Sean Beasley présente plusieurs fois sa semelle devant des spectateurs prêts à monter, témoin d’un certain agacement.
Les deux briscards ne communiquent avec l’audience qu’en de rares occasion, préférant la plupart du temps laisser la musique parler d’elle même. Certes, ça secoue la tête, et parfois ça écarte les jambes, mais on sent quand même que ces messieurs commencent à en avoir dans les pattes. Après, ils n’ont pas besoin de ces tours de passe passe pour épater la galerie. Ils ont assez de prestance et de charisme pour tenir une scène. Pas de pains à signaler, et l’alternance des chants fait toujours son petit effet. Ils forment un bloc rouge et compact, vindicatif et capable de tout casser sans même bouger.
Seething With Disdain et son rythme en dents de scie pouvait merder, mais la piste est correctement positionnée dans la setlist et permet d’aérer le set. Le dernier morceau de The Wrong One to Fuck With est le titre éponyme. Fabriqué pour le live, il ravit le Petit Bain, comme convenu. La fin approche. Il commence à faire chaud dans cette cale de bateau. On aurait pu croire que Dying Fetus se fatiguerait. Les Américains préfèrent plutôt saborder le navire avec deux vieux morceaux : un Praise The Lord sans répit et un Kill Your Mother, Rape Your Dog, qui finit le travail en terre promise du Deathgrind.
Rien de mal ne pouvait arriver, et rien de mal ne s’est produit. The Wrong One to Fuck With ne fait pas honte à la disco de Dying Fetus. La formation possède toujours son impact caractéristique, son endurance et sa brutalité brillante. Le groupe reste sur son trône, indéboulonnable. Merci aux autres formations qui n’ont pas démérité, merci au Petit Bain, et à Garmonbozia.
From Womb to Waste
Fixated on Devastation
Grotesque Impalement
Induce Terror
Your Treachery Will Die With You
One Shot, One Kill
Subjected to a Beating
Invert the Idols
Seething With Disdain
In the Trenches
Wrong One to Fuck With
Praise the Lord (Opium of the Masses)
Kill Your Mother, Rape Your Dog