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samedi 11 novembre 2017

Mantra - GroFest 2017

Gabriel et Pierre Junod, Simon Saint-Georges et Thomas Courtin

Rodolphe

La caution grunge du webzine.

Programmé pour la seconde soirée du GroFest 2017 le 7 octobre dernier, les membres du groupe de metal progressif Mantra m'ont accordé cette interview, portant sur Laniakea, leur premier album-concept basé sur la Préhistoire, et sorti sous la bannière Finisterian Dead End. 

Rodolphe : Hier, vous avez joué à l'Antidote à Bordeaux aux côtés de Matrass. Comment ça s'est passé ?

Thomas : C'était fort sympathique. On a découvert Matrass, un groupe de rock fusion inspiré d'Incubus et de Rage Against The Machine sur les conseils d'une amie. Et par la même occasion l'Antidote qui a une âme associative et un charme fou. Bonne expérience, malgré le fait qu'on soit pas à la maison et que ce soit difficile de mobiliser du monde pour venir assister à nos concerts.

Et quel accueil avez-vous reçu du public Belge lors de votre concert avec WheelFall ?

Thomas : C'était la première fois qu'on franchissait une frontière et au même titre que dans une ville où personne ne nous connaît, c'est tout aussi difficile de notre côté que de celui de l'organisateur qui mobilise des gens et nous fait confiance sur la qualité de notre musique. En l'occurence, c'était une chouette expérience qui nous a permis de voir un autre pays et des gens différents. Maintenant, pour ne rien te cacher, pendant le concert, il y avait dix personnes.

Gabriel : Cette tournée en Belgique, ça a été un moment fondateur pour Mantra dans le sens où on a joué avec du sound design. Je ne sais pas si le fait d'avoir été dans ce pays en particulier a changé quoi que ce soit, mais ça été un tournant dans notre façon d'aborder la musique car sur scène, on s'est mis à faire quelque chose de beaucoup plus fidèle à l'album alors qu'avant, c'était comme une forme d'improvisation. Ce soir, au GroFest, ce qui était très satisfaisant, c'était de pouvoir jouer avec d'autres instruments qui étaient calés sur la musique pour vraiment donner toute la profondeur à ce qu'on essaie de faire.

En septembre dernier, au Ferrailleur de Nantes, vous avez ouverts pour les Norvégiens de Shining, connus pour leur album Blackjazz qui est devenu une sorte de sous-genre à part entière du metal (même si peu répandu). C'était comment ?

Thomas : Le Ferrailleur, c'est une salle que l'on adore avec Mantra. C'est un lieu qui se prête à la musique que l'on fait, et notamment à celle de Shining, que personnellement, j'ai beaucoup écouté. Il y avait 250 personnes. C'était une ambiance presque intimiste. Et on a bien mangé !

Vu qu'il y a quelques parties de flûte dans votre dernier opus Laniakea, pensez-vous que l'on pourra retrouver du saxophone sur un futur album de Mantra ?

Simon : A ce jour, on est un groupe de rock mais si on avait l'opportunité d'intégrer d'autres personnes dans notre line-up-live, qui ont collaboré avec nous sur Laniakea, ce serait un plaisir. En l'occurence, c'est Madeleine Junod, la soeur de Pierre et de Gabriel, qui a enregistré ces parties de flûte traversière sur le premier et le deuxième album.

Gabriel : C'est intéressant que tu dises ça car l'utilisation du saxophone dans Shining est assez différente de ce que l'on a pu faire avec d'autres instruments plus "classiques" comme le violon et la flûte. Par exemple, au GroFest, ce soir, on a commencé à reprendre des éléments musicaux issus de l'album pour recréer cet univers sur scène. 

Sans pour autant parler de Shining et de ces grosses inspirations jazz, le morceau In the Wake of the Millions présente des influences blues et contient même des nappes de piano.

Gabriel : Personnellement, je suis un grand fan de l'univers de Jim Morrison. C'est vrai que de temps à autre, quand on a l'occasion de faire des petites percées à la Pink Floyd ou à la manière des Doors, on ne se prive pas. 

 

 

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A ce stade, après avoir fait le Hellfest, ouvert pour des groupes internationaux et sorti deux albums, beaucoup de groupes se seraient déjà dirigés vers un label au moins Européen pour avoir plus de visibilité. Pourquoi avoir choisi de continuer votre collaboration avec Finisterian Dead End ?

Simon : Les choses se sont faites les unes après les autres. On a signé avec Finisterian Dead End pour notre premier album Into the Light en 2013. On est avec eux depuis quatre ans. C'est une relation à la fois partenariale et amicale. Le nom peut laisser à penser que c'est un label local, mais il est national et a une bonne distribution à l'étranger. Après, ça pose la question du rôle de la distribution physique et du rapport au format. On en parlait entre nous aujourd'hui. On consomme la musique différemment et je pense que la notion de label n'a plus le même sens qu'avant. 

Laniakea est un album-concept sur la Préhistoire - un thème qui est assez peu abordé dans le metal... Pourquoi vous êtes-vous tournés vers cette période très précise de l'Histoire ?

Pierre : On a choisi ce thème car on voulait parler des origines de l'Homme - qui trouvent leur source dans la Préhistoire. Dans le groupe, il y a certains membres qui ont eu des expériences de vie qui les ont amenées à être proche des éléments de la nature. Quelque part, ça pouvait rentrer en résonnance avec ce que l'on a pu vivre chacun de notre côté. On est à une époque où les choses vont très vites et se rappeler d'où l'on vient, du moment où l'on a commencé à parler et à utiliser nos mains pour modifier notre environnement, ont fait naître la conscience. 

C'est un concept que vous jugez avoir suffisamment travaillé sur ce deuxième album, ou pour le prochain, vous comptez l'approfondir encore ?

Pierre : On a d'autres projets musicaux qui seront sous le nom de Mantra mais je ne pense pas qu'on continuera de développer cet univers de la Préhistoire. Ce sera forcément un album qui sera dans la continuité des réflexions qu'on peut avoir sur Laniakea mais l'objectif, c'est d'emmener notre musique toujours plus loin et d'étonner notre public.

Gabriel : Sur Laniakea, en tant que batteur, j'avoue que j'ai placé la barre extrêmement haut au niveau de l'aspect technique. Au moment de la composition, on enregistre certes quelques maquettes, mais on écrit énormément. Notamment les parties de batterie qui contiennent beaucoup de motifs qui se répétent. C'est une façon de faire qui demande a posteriori un travail très lourd. Ce qui risque de se dessiner sur le prochain album, c'est quelque chose de plus instantané et de peut-être moins mathématique.

Simon : Pour être franc, ce sera un album de hardcore (rires).

A ce propos, je trouve que Visions in the Cave est la chanson qui retranscrit le mieux cet univers de la Préhistoire, notamment grâce à cette longue minute d'introduction très "chamanique" où un certain Samuel Bondon use d'un chant diphonique. Qui est cette personne ?

Thomas : C'est un ami de Rennes qu'on a invité sur l'album. C'est un chant qui met une vibration supplémentaire. Malgré tout, c'est un élément qui reste assez discret mais c'est cool que ça t'es marqué. 

 

 

Ce qui est curieux quand on regarde attentivement la pochette du disque, c'est qu'elle me fait penser à celle d'un groupe de "djent". Pourtant, à aucun moment on n'entend de telles influences dans votre musique. Pouvez-vous m'expliquer ?

Thomas : Sur la touche "djent" que tu trouves, elle se situe peut-être dans la géométrie. 

Simon : C'était l'un de nos sujets de débats. On n'avait pas envie de se retrouver catégorisé dans une image mais on a pris le parti de mettre cette géométrie car elle est importante dans la composition et la signification du concept-album. Etant donné que l'univers visuel du djent est très typé, on a contrebalancé cette différence de style avec quelque chose de plus organique. En l'occurence, avec des gravures originales réalisées par Marion Duquesne. Mais il y a aussi d'autres versions de l'artwork qui ne verront jamais le jour parce qu'on a eu des choix à faire. Personnellement, je trouve que la pochette représente bien cet équilibre que l'on a dans notre musique entre les choses organiques, un peu inesthétiques, fouillées et traditionnelles. En ce qui concerne la pochette, dans son côté mathématique, elle m'évoque la période de la Renaissance avec les gravures de De Vinci. Mais c'est intéressant que ça t'es évoqué le djent.

J'ai vu qu'avant la sortie de l'EP Toward the Light, en 2010, vous avez publié une démo qui s'appelait Tribal Warming. Est-ce que vous aviez déjà une idée très établie de ce que vous vouliez faire à cette époque, sur les albums à venir ? A savoir ce côté tribal qui était présent dans votre musique, à en juger par le titre de cette démo...

Thomas : (rires). Bravo ! Tu l'as écouté ? Parce qu'elle est dure à trouver. Elle est sur un site. Mais je ne te dis pas lequel. Je te laisse le découvrir... 

Simon : C'est un truc qui s'est passé dans le métro parisien aux alentours de 2009. Il y avait un joueur de djembé qui faisait une polyrythmie en trois pour deux. J'ai trouvé ça hyper dansant et ce qui m'est venu à l'esprit, c'est Tribal Warming, soit "réchauffement tribal" en Français. Ça a germé dans ma tête pendant un moment et puis en Creuse, on s'est retrouvés pour l'enregistrement de cette démo. Par la suite, elle a donné son nom à notre association dans laquelle on essaie de faire jouer plusieurs groupes. Et pour répondre à ta question, je pense qu'à nos débuts, le style était globablement le même qu'aujourd'hui. Tribal Warming, c'est un morceau qui est à la fois sur la démo et sur notre premier album Into the Light. On a choisi ce nom-là car on le trouve assez représentatif de la musique que l'on voulait faire. Il y a une petite évolution au fur et à mesure de nos productions, mais on n'est pas un groupe de musique tribale qui s'est tourné vers le metal.

Le mixage de Laniakea a été confié au bassiste du groupe de black-death War Inside tandis que la personne qui s'est chargée du mastering a aussi participé à la production de leur avant-dernier album Welcome the Crow. Quelle relation entretenez-vous avec cette formation ? 

Thomas : T'aimes bien creuser !

...C'est parce que c'est la Préhistoire !

Thomas : En plus d'être journaliste, tu es archéologue (rires)  !? 

Simon : Le premier album, on l'avait fait un peu nous-mêmes avec les moyens du bord et on appris plein de choses. Mais c'est vrai que la musique de Mantra est selon moi assez exigeante et que pour avoir un bon rendu de ce que l'on a envie de faire, il fallait quand même que ce soit bien mixé. Au gram dam de certains qui ont préféré la production du premier (rires). On a choisi de travailler avec Arthur Lauth, le bassiste de War Inside, mais qui a aussi produit Ellipse, et plus récemment Time For Energy, Sideburn etc... Il nous a aidés à trouver notre son. Et pour le mastering, il s'agit de Ronan Cloarec du studio Master Lab Sytems à Nantes, qui est même venu nous voir pendant le concert de Shining

Pierre : J'ai pu le rencontrer au stand de merch car je ne l'avais jamais vu auparavant. D'avoir des retours positifs de quelqu'un qui a travaillé sur son album, ça fait toujours très plaisir. 

L'interview est terminée. Merci à vous tous !

Simon : Merci beaucoup.