Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)
En passant chez Metal Blade Records, les petits frères de Portrait avaient deux sacrés défis à relever. Celui de confirmer les bonnes promesses de leurs deux premiers albums (« The Primordial Temple » en 2014 et « Vessel » en 2015) et celui de ne pas tomber dans la comparaison avec leurs aînés suédois (dont deux sur le même label).
Une signature qui pouvait également faire craindre une fâcheuse uniformisation pour un groupe qui a démontré une certaine originalité et apporté sa fraîcheur dans la Heavytradisphère. Alors, ce nouveau Trial, plus lisse ?
En 2017, les Suédois se sont surtout dotés d’une prod’ plus propre et plus puissante. C’est ce qui saute aux oreilles au lancement de l’album. Normal vous direz en signant chez un tel label mais c’est pourtant toujours le fidèle Olof Berggren aux manettes ! Outre cet aspect-là, l’artwork signé Costin Chioreanu (qui devient assez incontournable) donne également un nouveau souffle à Trial (SWE) (oui, officiellement rebaptisé Trial (SWE), car ce serait de l’humour de bas étage d’intenter un procès à Trial ?) et une dimension visuelle à ce « Motherless ».
Je dois dire qu’à la première écoute du premier extrait dévoilé, « Cold Comes the Night », je n’étais pas franchement convaincu. Puis, vous savez, c’est ce genre de morceau qui germe dans un coin de la tête et qu’on fredonne sans s’en rendre compte quelques semaines après. Comme quoi, il est toujours important d’avoir un peu de recul. Surtout quand les sorties s’enchaînent (nouveau Portrait, nouveau RAM, asseyez-vous là et patientez).
La voix de Linus Johansson est ici à son summum avec les backings qui donnent un feeling vraiment horrifique. Il faut dire aussi que les lignes vocales de Johansson ont vraiment quelque chose de King Diamondien. Juste un feeling. Pour sa voix, je pense plutôt à un Tony Moore (ex-Riot) qui se serait tourné vers l'occultisme. Et si j’avais déjà pu voir le groupe en live, je dois dire que la justesse de sa voix ne m’avait pas autant frappé. Par contre, la théâtralité oui ! En me plongeant dans l’album, on retrouve justement cette espèce de théâtralité sombre. Et ce, dès l’intro de « Motherless », sorte de Marche Funèbre heavy qui explose en riffs racés avec toujours cette voix et ces backings qui vont définitivement vous hanter. Là est leur grande force...
Sans bien sûr se débarrasser de ses influences King Diamond/Mercyful Fate dans lesquelles le groupe baigne depuis ses débuts, Trial a franchi un pallier supplémentaire en termes de compositions. C'est plus dense, plus travaillé. « Juxtaposed » qui démarre comme une mignonne ballade un peu sombre se transforme en un morceau très intéressant parsemé de lignes vocales entêtantes et de solos redoutables. Tout simplement envoûtant.
Envoûtant et mélodique comme le prouve assez bien le titre « Aligerous Architect » avec ses leads plus speed et ses solos (distillés habilement par la doublette Ellström-Johnsson) mais il y a toujours cette ambiance sombre et funèbre vraiment prenante qui parcourt l’album. Sous des formes différentes avec le lent et inquiétant « Birth » (ces chœurs...) ou le plus solennel et intimiste semi-acoustique « Rebirth », morceau dans lequel Johansson fait tout l’étalage de ses qualités vocales.
En fait, sans être un album concept, c’est le genre d’album qui doit s’écouter d’un bout à l’autre sans trêve car tout s’imbrique parfaitement. Rien n’est « en trop », et c’est bluffant. Peut-être que comme moi il vous faudra le temps pour l’apprécier mais si la Suède nous abreuve constamment de Heavy Metal depuis des années, cet album possède ce petit quelque chose qui fait la différence.
Trial a donc brillamment relevé les défis que j'énonçais en prologue et semble bien parti avec ce nouvel opus passionnant pour prendre son envol. Plus propre, plus lisse par certains aspects mais au bénéfice de leur inspiration qui n'a pas flanchée avec leur signature chez un gros label. Attention, il ne faudrait pas non plus qu'ils négligent l'aspect live et j'espère les revoir bientôt. Un plateau suédo-suédois trois saveurs Portrait / RAM / Trial ? Je vois déjà les yeux qui s'écarquillent...
Tracklist:
1. Motherless
2. In Empyrean Labour
3. Cold Comes the Night
4. Juxtaposed
5. Aligerous Architect
6. Birth
7. Embodiment
8. Rebirth
