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Album

06 août 2017 - ZSK

Bestia Arcana

Holókauston

LabelDark Descent Records
styleBlack Metal occulte
formatAlbum
paysUSA
sortiejuin 2017
La note de
ZSK
7/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Il y a certains phénomènes qui restent inexpliqués dans le Metal. Oh, je pourrais parler des metalleux bien poilus rôdés au Heavy old-school, au Stoner/Doom bien gras et au Goregrind qui se mettent à bien kiffer PNL (il paraît même qu’il y en a qui vont les voir en concert), mais on risquerait de me rappeler dans l’oreillette que je n’ai toujours pas fait mon tatouage QLF donc passons. Le phénomène certes rare mais étonnant, c’est quand un groupe amène à la création d’un side-project qui lui-même sera meilleur que le dudit groupe en faisant à peu près la même chose. On ne parlera pas ici d’une quelconque dissidence de membres, ce qui finalement rend la chose encore plus surprenante. C’est ainsi que Nightbringer, groupe de Black-Metal très occulte existant depuis 1999 et qui a signé 5 albums jusqu’à ce jour (dont les 3 derniers chez Season of Mist), a vu naître des projets parallèles qui… font mieux que ce que Nightbringer lui-même fait depuis Hierophany Of The Open Grave (2011). Et ce dans un style globalement similaire. Nous avions déjà eu droit à Akhlys, projet de Naas Alcameth qui avait débuté avec de l’Ambient avant de signer l’excellent, et donc plus Nightbringeresque, The Dreaming I en 2015. Et avec Bestia Arcana, c’est la même chose. Egalement fondé par Naas Alcameth et Nox Corvus (et un éphémère bassiste de Nightbringer itou), cet énième groupe de la galaxie Nightbringer avait signé en 2011 l’également excellent To Anabainon Ek Tes Abyssu, qui nous proposait du Nightbringer en un peu plus travaillé et plus ambiant également. C’est quand même un comble et on se demande pourquoi Naas Alcameth et ses divers compères n’ont pas mis toute leur énergie pour faire de Nightbringer ce qu’il devrait être, à savoir un vrai monstre de BM occulte, plutôt que de s’éparpiller sur des projets similaires qui, finalement, pompent l’énergie de Nightbringer et contiennent ce qui pourrait lui amener un peu de renouvellement. C’est bien un phénomène étrange…

Et alors que Nightbringer a sorti il y a quelques mois son nouveau méfait Terra Damnata et que Naas Alcameth a rejoint Excommunion pour la sortie de Thronosis, voilà donc que Bestia Arcana pointe à nouveau le bout de son nez 6 ans après To Anabainon Ek Tes Abyssu et alors qu’il était presque tombé dans l’oubli. Naas Alcameth est décidemment très occupé et d’ailleurs, Nox Corvus n’est de nouveau pas de la partie cette fois-ci, Bestia Arcana n’étant presque pas loin de faire doublon avec Akhlys… Outre l’ex-Nightbringer « K. », Naas Alcameth est ici accompagné du batteur Menthor (Enthroned, Lvcifyre) qui a également rejoint Nightbringer en 2015. Holókauston promet donc d’être un nouvel avatar du Black-Metal occulte Nightbringeresque, et on ne s’y trompera pas une seule seconde. Contrairement à Akhlys, Bestia Arcana n’utilise que des voix graves incantatoires, et les passages ambiants sont moins légion, même par rapport à To Anabainon Ek Tes Abyssu, tandis que les morceaux restent longs (de 8 à plus de 11 minutes). Pour le reste, on retrouve donc logiquement une partie des particularités de Nightbringer, notamment les accès de trémolos qui sont néanmoins moins prégnants, et bien sûr tout l’attirail occulte et noir que ce soit dans ces rythmiques bien méchantes ou les atmosphères. L’ambiance de messe noire est bien sûr au rendez-vous de même que la violence, et on se demande finalement quel est l’intérêt de Bestia Arcana par rapport à Nightbringer, alors que Akhlys apportait quand même un peu de singularité. Mais, tout simplement, on constate bien vite que l’intérêt de Holókauston, c’est qu’il réussit à faire mieux que les 3 derniers Nightbringer, ce qui entérine la présence d’un grand paradoxe dans les productions de Naas Alcameth…

Holókauston reprend donc les choses là où To Anabainon Ek Tes Abyssu les avaient laissées, tout en se rapprochant de ce que Nightbringer fait depuis Ego Dominus Tuus. On ne sera donc que bien peu surpris par la première moitié de l’album, "Hellmouth" et "Obscurator" étant deux morceaux relativement convenus. Toutefois, on se laisse séduire par l’intensité qui se dégage dans l’ensemble, avec des blasts terrassants à souhait, tandis que certains passages vocaux sont un brin pompeux, à l’image du dernier Nightbringer hélas… Les choses sérieuses commencent dès "Howling", un morceau bien plus lourd, limite Doom sur certains riffs, qui apporte vraiment une plus-value, c’est là que Naas Alcameth essaye de rouvrir la porte des Enfers pour trouver un second souffle, et ça fonctionne, avec à la clé les meilleures ambiances entendues de la part de l’Américain depuis un bon moment (on a même le droit à une partie centrale ambiante de premier ordre). Un morceau vraiment monumental complété par un très satisfaisant "Iniquity", lui aussi bien rampant mais avec des passages vraiment méchants. Dommage donc que ce Holókauston soit un peu inégal et a repris une partie des défauts de Nightbringer, mais l’ensemble est tout de même suffisant pour dépasser les albums récents de ces derniers. Seulement, To Anabainon Ek Tes Abyssu demeure au-dessus et est même déjà intouchable, c’est finalement le meilleur album des divers projets de Naas Alcameth avec Death And The Black Work le tout premier Nightbringer et bien sûr The Dreaming I d’Akhlys. Une belle trinité impie, dommage que le reste de ce qu’à fait Naas Alcameth ne soit pas vraiment à la hauteur. Ce second album de Bestia Arcana ne déroge pas à la règle, mais reste satisfaisant et permet d’un peu éponger la déception des derniers Nightbringer, montrant que Naas Alcameth a encore du potentiel et des possibilités de renouvellement grâce à la fantastique lourdeur d’un "Howling". C’est quand même triste et bizarre que l’on doit passer par un autre projet pour entendre un peu de neuf dans le domaine du Black-Metal occulte Nightbringeresque, mais bon, c’est un phénomène aussi étrange que la musique des Américains est occulte…

 

Tracklist de Holókauston :

1. Hellmouth (10:33)
2. Obscurator (8:25)
3. Howling (11:09)
4. Iniquity (11:21)

 

PS : Le premier à donner le compte exact du nombre de fois où Nightbringer est cité dans cette chronique gagne un CD de PNL dédicacé par l'ensemble de la rédaction de Horns Up. Ou pas.

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