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vendredi 15 janvier 2016

Nightbringer + Lychgate + Edremerion

La Rumeur - Lille

AxHell

Cramé de musique depuis 15 ans / cinéphile / retrogamer / vieux con / hater notoire. Ah, et je bosse chez les fous. Je le deviens peut être, à force.




EDREMERION :

AxHell :
On dirait que quoi qu’il arrive, le temps cherche en permanence à me faire mentir. Moi qui maudissais cette fin d’année 2015 pour le peu de dates qu’elle était à  même de me proposer (tenant compte de mes goûts personnels et de la distance, hein), me voilà embarqué dans ce qu’on appelle un putain de week end pour réviser mon jugement. Et pour cause : concert de Nightbringer ce jeudi soir, des Hangman’s Chair le lendemain et pour finir de Trepan’Dead le surlendemain. En bossant le vendredi, le samedi et le dimanche du matin, sinon c’est tout de suite moins drôle, hein.
Déjà une bonne cinquantaine de têtes lorsque nous arrivons à La Rumeur, pas spécialement en avance, mais assez tôt tout de même pour aller commander et s’enfiler la rituelle bière avant d’attaquer.
Edremerion est le premier groupe à fouler les planches ce soir. Peu d’informations les concernant en mémoire, ne les ayant jamais écoutés ni vus en live. Le simple fait qu’ils soient Lillois est suffisant pour me donner envie de me choper une bonne place au deuxième rang pour évaluer leur prestation. Sur scène, pas de backdrop ni spécialement d’autres artifices du genre quand la première chanson est envoyée. Dans les faits, la formation oscille entre un Black Metal classique / traditionnel où les riffs acérés se tirent la bourre sur des tempos rapides. Rien qui soit spécialement efficace ou marquant de prime abord, mais c’est sans compter sur ces ralentissements mélancoliques quasiment doom et autres batailles de leads aigus et furieux typiquement dans la veine de Nightbringer qui viendront progressivement parsemer leur set. J’avoue être beaucoup plus friand de ce genre de compos, à voir si le groupe compte s’engager désormais sur cette voie. Au final le set, quoique correct, se révèle en demi-teinte mais aura su me donner envie de retourner sur leur Bandcamp pour une écoute attentive du dernier EP sorti récemment. Je ne serais pas surpris que mon avis à leur sujet soit totalement révisé !


Kung Führer:  Les hostilités démarrent à La Rumeur de Lille, devant une belle foule pour un jeudi soir, avec Edremerion, groupe local officiant dans un Black Metal teinté de Post-Black et de Doom.
Après un premier album en 2012 et trois années d'absence sur scène, ces 5 Lillois viennent défendre, avec un tout nouveau lineup, leur premier EP intitulé “Trou Noir Metal (Verschlimmbessern)” (bizarre comme nom on est d’accord).
Le concert débute avec l’Intro de l’EP, puis avec le second titre “Trou Noir”, alternant passages rapides et passages plus posés. A noter une partie instrumentale en plein milieu de la chanson m’ayant tout de suite fait penser aux anglais de Eye Of Solitude (de l’excellent label Lillois Kaotoxin).
S’ensuit le titre “Deûle” (pour les non-nordistes, la Deûle est une rivière passant par Lille où il n’est pas rare d’y retrouver des corps inertes, bref), puis “Mort de froid”, titre plus typé Black Metal que les précédents, que ce soit au niveau des riffs mélodiques propres au Black Metal qu’au niveau du chant.
La suite du concert reste dans la même veine, finissant sur une Outro alternant riffs typique du doom et riffs/blast purement black.


Schifeul: Après un début d’année 2010 où ils avaient eu la chance d’ouvrir pour des groupes comme Anaal Nathrakh ou encore Dark Managarm, puis après une pause de 3 ans et un changement de lineup, Edremerion recommence à faire parler de lui. A suivre.
Les concerts commencent avec un Edremerion, groupe de la région que je n'avais pas vu depuis leur participation au Fest Wolves Of The Underground à Valenciennes en 2012. Il faut dire que le groupe était en hiatus depuis tout ce temps et les revoilà ressortis de leur sommeil, ce qui fait que le nom est inconnu pour une bonne frange du public, venu en nombre ce soir. Mais ce n'est pas bien grave, car le guitariste étant le seul rescapé du line up d'origine, c'est presque un nouveau groupe que l'on a ici. Et Edremerion va montrer qu'entre deux, il ne s'est pas branlé les couilles et propose un set intéressant avec son black metal à influence multiple, mettant au passage pas mal de monde dans sa poche.

Setlist :
Intro
Trou noir
Deule
Mort de froid
Lepre
Outro

LYCHGATE:

AxHell : Lychgate m’est quasiment inconnu à ce stade encore précoce de la soirée. La seule information que j’ai à disposition concernant les Anglais, et non des moindres, c’est qu’un certain Greg Chandler (Esoteric) officie au chant et à la gratte. Ayant raté comme un gros naze la prestation de ce monstre sacré du Funeral Doom au Brutal Assault cet été, j’ai envie de réparer mon erreur.
Prenant quand même le temps d’aller nous désaltérer une énième fois, nous descendons les marches de La Rumeur pour rejoindre le sous-sol et la scène. Le groupe semble bénéficier d’une certaine fan-base tant les têtes présentes sont nombreuses, et il est plus difficile de se trouver un spot à la cool dans lequel se nicher. Maudit soit le pilier central de cette salle.
Le premier contact est visuel. J’aperçois des robes, qui participent déjà à instaurer une ambiance un peu rituelle, solennelle. Le premier morceau est joué. Trente minutes plus tard, j’en suis encore tout retourné. Mais qu’est-ce que c’est que ce groupe ? Comment j’ai fait pour les ignorer, vu mon background musical ? Une comparaison reste tenace dans mon esprit : Lychgate sonne pour moi comme si les Anglais de The Axis Of Perdition se mettaient au Funeral Doom le temps d’un skeud. Difficile à imaginer ? Encore plus à décrire, rassurez-vous !
Mixture improbable entre un BM joué à fond les ballons à grand renfort de blastbeats, coupé net dans son élan par de nombreux passages pachydermiques, et du coup, complètement épurés, mélancoliques et planants propres à un Funeral bien tristoune des familles… Le tout hanté par un fond constant de samples allant des claviers symphoniques classieux à l’orgue de barbarie complètement déglingué, martelé jusqu’à plus soif et vomissant des notes lugubres et malsaines….. Castlevania meets Silent Hill…Si pour certains, le set s’avère bancal et difficile d’accès (de récurrents problèmes de son ne faciliteront pas les choses), c’est pour moi tout le contraire : la musique de Lychgate est certes exigeante, mais terriblement gratifiante pour celui qui sait se laisser happer par cette ambiance si particulièrement dérangeante. Chapeau bas ! Un groupe de plus à noter dans mon infinie liste des groupes à suivre à partir de maintenant !


Kung Führer : C’est au tour des anglais de Lychgate de nous en envoyer plein les oreilles. Connaissant peu le groupe, j’attendais quand même avec impatience de voir ce groupe en live dû au fait d’avoir en son sein Greg Chandler, guitariste chanteur du groupe de Funeral Doom et un des pionniers du genre, Esoteric.

Le quintet londonien d’avant garde black metal joue étonnamment devant un public plus restreint que pour Edremerion, ce sera d’ailleurs également le cas pour Nightbringer par la suite.
Visuellement le groupe arbore de longues capes noires, dans un style Gothic/Doom.
Dès les premières notes, on ressent clairement les influences Doom et Death des membres, la voix quant à elle, est aidée par un effet donnant de la profondeur au chant. Ce n’est toutefois pas “too much”, l’effet étant utilisé intelligemment.
Outre les problèmes techniques en début de set, le son est très correct, clair et net, chose courante à La Rumeur. Tout ceci permet d’apprécier la grande variété des chansons de Lychgate, alternant passages Black Metal, Death Doom, et même un riff Hardcore venant de nulle part en fin de set !
Les parties instrumentales sont courantes, quelques samplers donnent une ambiance de messe, à la Skepticism (autre pionner du Funeral Doom) sans me déplaire loin de là.
On sent les mecs très pro, ce qui donne un concert plaisant, et mon petit doigt me dit que la soirée n’est pas encore finie et que du très lourd nous attend encore avec Nightbringer.

Schifeul : Arrivent ensuite les Londoniens de Lychgate, qui viennent de sortir leur deuxième album An Antidote for the Glass Pill . Perso, je découvre totalement le groupe ce soir, n'en ayant jamais entendu parler. Visuellement, on a le droit ici à un groupe où tous les membres portent une toge, mais en mode chacun a la sienne. Ainsi, on en trouve un qui porte un capuchon qui le fait ressembler à un rôliste GN qui veut jouer un perso sombre et mystérieux ou encore un autre qui à l'air d'avoir la sienne découpée dans un rideau de vieux puis passé entre les mains de la stylise d'Arch Enemy ou Machine Head... Musicalement, si le nombre de cordes sur scène est en surreffectif (2 guitares 7 cordes, une 8 cordes et une basse 5 cordes) on a là ici une sorte de black metal d'avant-garde. Genre pour le premier titre, vous voyez au milieu d'un morceau, on peut avoir un pont plus atmosphérique ? Bah là, ils ont tout un morceau comme ça. Quand en plus, on rajoute des problèmes techniques, le groupe jouant au-dessus d'un sample de clavier que ne veut pas se lancer, on a un début de set très poussif. Heureusement, la situation va se débloquer et on aura par la suite une musique qui oscille entre des passages un peu chiants et d'autres bien plus rapides qui pour le coup sont bien mieux réussis.

NIGHTBRINGER :


Axhell : Ne nous mentons pas, la principale raison de la venue de tout ce beau monde ici présent était sans doute la présence de ces légendes Américaines que sont Nightbringer. Tout le reste, c’était un bonus, fort agréable au passage.
Personnellement, deux groupes de BM que j’ai eu l’occasion d’écouter auront fortement participé à mon intention de revenir vers cette scène que j’ai très (trop ?) longtemps boudée. Mare Cognitum tout d’abord, qui n’en finit pas de m’ensorceler avec ces compos carrément dantesques et justement Nightbringer, que je n’ai découvert que quelques mois avant la date de ce soir. Et encore, « découvert » est un bien grand mot : je fais uniquement allusion à un seul titre, la première chanson du dernier skeud en date, "Ego Dominus Tuus". En une seule écoute, la révélation fut instantanée et ma curiosité piquée au vif. Dire que je les attendais au tournant est un doux euphémisme.
Le sous-sol de la Rumeur est désormais plein à craquer et la quasi obscurité qui y règne contribue à instaurer une ambiance qu’on pourra qualifier de rituelle. Cet adjectif prend tout son sens quand, une dizaine de minutes après notre arrivée, les membres du groupes entrent en scène. Maquillés et grimés tels d’horribles mages, les musiciens prennent le temps de s’imprégner des lieux, à grand coups d’encens jeté à terre par le chanteur et de signes incantatoires divers à l’attention des premiers rangs.
Le set finit par débuter, et je suis complètement soufflé par la puissance du son dont jouissent les Américains. Puissant sans être trop écrasant, net et fluide. Je n’ai pas encore tout à fait l’habitude des bouchons auditifs mais l’expérience est sublimée, je me sens comme dans une bulle. Le Black Metal de Nightbringer est aussi bon voire sublimé par l’expérience live. On y retrouve ces leads infernaux qui tourbillonnent et s’entrechoquent pour mieux nous pleuvoir dessus. Meurtrissant mon petit cœur avec toutes ces lignes mélodiques qui, sans tomber dans la facilité, savent conférer une certaine émotion aux morceaux, les riffs m’imagent un groupe à « fleur de peau » : en permanence sous tension, hargneux, toujours un peu plus prêt à exploser.
Sur scène, tout est judicieusement pensé pour ne nous laisser aucun répit : les compos s’enchaînent sans qu’on ne puisse avoir le temps d’en discuter ou même de respirer. La communication avec le groupe est aussi proche du néant : malgré un public lillois accueillant, Nightbringer ne perd pas une seconde son objectif des yeux : nous plonger dans les ténèbres les plus sombres. Avec succès.
Quelques dizaines de minutes plus tard, ma joie est à son paroxysme lorsqu’ « Et Nox Illuminatio Mea In Deliciis Meis » est jouée. Une véritable pièce maîtresse qui me fera saliver encore toute la soirée.
En définitive, Nightbringer explose littéralement toutes les espérances que j’avais quant à ce live et s’impose sans sourciller comme l’un de mes groupes de BM préférés du moments, voire tout court ! Difficile d’affirmer que le choix de leur set-list fut judicieux, ne connaissant pas vraiment leur discographie, je laisse donc ça aux personnes plus compétentes que pour moi pour en juger. Le profane que j’étais fut néanmoins conquis.


Kung Führer : Pour conclure cette belle soirée, le groupe américain Nightbringer (à ne pas confondre avec le groupe de Thrash, américain lui aussi, Warbringer !) composé de membres de groupes comme Sargeist ou Behexen.
Autant le dire tout de suite, Nightbringer officie dans un Black Metal beaucoup plus ”rentre-dedans”, occulte et malsain que Edremerion et Lychgate, et ce n’est clairement pas pour me déplaire !
Les membres sont vêtus de capes monastiques, un peu à la Sunn O))), ce qui en rajoute un peu plus à l’ambiance occulte de leur musique. Les corpse paint sont également de sortie.
Le concert débute avec leur chanson phare “Et Nox Illuminatio Mea In Deliciis Meis” tirée de leur dernier album “Ego Dominus Tuus”, cette chanson me fait particulièrement penser à du Emperor de la fin des années 90, surtout la partie clavier de "The Loss And Curse Of Reverence" des Norvégiens, groupe que je vénère au passage. La voix quant à elle est plus dans la veine d’un Marduk ce qui donne un résultat vraiment très appréciable.
Les américains nous en mettent plein les oreilles, c’est sans répit qu’ils enchaînent les titres, d’une durée moyenne de 8 minutes, bourrés aux blast beat et autres riffs assassins. Comme on dit, ça fait du bien par où ça passe !

Cette soirée se conclut donc d’une belle manière, les 70 personnes présentes à la Rumeur ne se sont pas trompés, c’était effectivement un concert à ne pas rater !

Schifeul : On termine la soirée avec les Américains de Nightbringer qui viennent vomir leur black Metal ritualisé, enfouis sous leurs toges, corpspaint sur le visage, NightBringer fait vicier l'air avec un set piochant quasi exclusivement dans son dernier album, Ego Dominus Tuus, les albums Hierophany of the Open Grave et Death and the Black Work étant représentés uniquement par un titre chacun. Connaissant le groupe que de nom, je me laisse porter par leur black metal qui pour le coup me parle vraiment ! Sombre, occulte, Nightbringer a pour moi frappé très fort ce soir et je vais devoir me pencher sévère sur leur disco !

Remerciements aux mecs de chez Riffeater, aux groupes pour leur prestation et à La Rumeur pour avoir été un peu l'antichambre de l'enfer.