"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Un des meilleurs groupes actuels de Black sympho - si ce n’est le meilleur - sort un nouvel album ? Ceci est la définition d’un évènement. Surtout qu’on attendait pas aussi tôt le successeur de l’incroyable This Is No Fairytale, qui remonte à un peu plus de deux ans. Le trio hollandais semble donc motivé pour le plus grand bonheur des amateurs de leur Metal horrifique, toujours si travaillé. Le groupe reprend donc son rythme de croisière pour nous livrer une nouvelle émanation de symphonies macabres comme il sait si bien en faire. Et si Carach Angren avait tapé fort dès son premier album (Lammendam, 2008), il avait tardé à vraiment confirmer, entre un Death Came Through A Phantom Ship (2010) un peu plat et un Where The Corpses Sink Forever (2012) limité dans la forme avec cette production maigrelette. C’est This Is No Fairytale qui avait vraiment couronné le groupe néerlandais, qui en était à l’apogée de sa forme et de son inspiration avec une histoire dérivée de Hansel et Gretel magnifiquement contée par l’excellent Seregor, pour moi un des meilleurs chanteurs de Black en activité. Un vrai classique, presque totalement abouti, « presque » car Carach Angren est encore capable de mieux, surtout en prenant comme base des morceaux exceptionnels comme "There’s No Place Like Home", "When Crows Tick On Windows", "Two Flies Flew Into A Black Sugar Cobweb" ou encore le saignant "Killed and Served by the Devil". Presque sans crier gare, voilà donc le 5ème album de Carach Angren, Dance And Laugh Amongst The Rotten, toujours disponible auprès de Season of Mist, avec cette fois-ci un concept différent pour un album qui va avoir la lourde charge de succéder à This Is No Fairytale.
Après une intro de rigueur sobrement nommée "Opening", on retrouve très vite tous les éléments caractéristiques de Carach Angren dès "Charlie", tout en constatant déjà que la production sonore est digne de celle de This Is No Fairytale. Aspect orchestral et horrifique très poussé grâce au maestro Ardek, riffs simples mais bien tranchants, un Seregor toujours aussi volubile et théâtral, le groupe néerlandais est en bonne forme, sans révolutionner son art, et proposant cette fois un album fait d’histoires indépendantes, tournant autour d’une table à Ouija. L’intensité ne baisse pas pour le début de "Blood Queen" mais, et je dois tomber le masque dès à présent, Carach Angren ne va cette fois-ci pas réussir à maintenir la tension pour faire de Dance And Laugh Amongst The Rotten un album aussi passionnant que son prédécesseur. Dès son refrain assez insignifiant surplombant une mélodie qui sonne le réchauffé, Carach Angren perd franchement de sa superbe. Toujours très théâtral (avec un Seregor toujours en vue), le groupe en oublie un peu qu’il fait aussi du Metal extrême et la suite des récits de Dance And Laugh Amongst The Rotten va s’en trouver bien plate et molle. Certes très épique et même plutôt beau, "Charles Francis Coghlan" a bien du mal à décoller et suscite bien vite l’ennui. Même chose pour "Song for the Dead", un morceau mid-tempo très orchestral qui ne convainc absolument pas et se base lui aussi sur un refrain peu mémorable. Carach Angren ne surprend plus et nous balance maintenant des morceaux bien mous du bulbe. Diantre…
"In De Naam Van De Duivel" essaye de nous réveiller en retrouvant un peu d’énergie et des riffs plus mordants, mais le mal est fait, c’est un album bien peu excitant et assez décevant qu’est en train de nous jouer Carach Angren. "Pitch Black Box" est également assez vain et nous montre vraiment la panne d’inspiration du groupe que ce soit pour les riffs et même les lignes vocales. Le plus Dimmu Borgirien "The Possession Process" reste correct de même que le final musclé "Three Times Thunder Strikes" histoire de terminer sur une bonne note et de se dire que Carach Angren n’a quand même pas perdu tous ses moyens, mais voilà, le trio nous avait habitué à bien mieux, et surtout à plus travaillé que ça. Malgré un temps de gestation normal pour n’importe quel groupe, Dance And Laugh Amongst The Rotten semble quand même avoir été fait à la va-vite. Convenu au niveau des mélodies, de certaines orchestrations et d’un peu tout le reste, cet album sonne presque comme une collection de chutes de studio de l’irréprochable This Is No Fairytale et n’apporte strictement rien. Parfois trop orchestral sans pour autant toucher le sublime, Dance And Laugh Amongst The Rotten sonne comme un nouveau Death Came Through A Phantom Ship, heureusement relevé par quelques bons assauts à la Where The Corpses Sink Forever et même Lammendam. Le savoir-faire est toujours là et même en petite forme Carach Angren reste au-dessus du lot du Black sympho actuel, mais force est de constater que Dance And Laugh Amongst The Rotten est un album assez moyen pour la formation néerlandaise si étincelante par le passé. Devenu plus ambitieux visuellement, notamment grâce aux clips léchés de "When Crows Tick On Windows" et "Charles Francis Coghlan", Carach Angren a ici baissé de niveau musicalement. Cet album assez plat et peu inspiré, mal servi par un concept loin d’être aussi accrocheur que par le passé, est un coup d’arrêt après le monstrueux This Is No Fairytale. C’est dommage, mais le groupe est capable de rebondir s’il prend son temps, et nous saurons être patients…
Tracklist de Dance And Laugh Amongst The Rotten :
1. Opening (2:19)
2. Charlie (4:07)
3. Blood Queen (4:54)
4. Charles Francis Coghlan (6:06)
5. Song for the Dead (4:16)
6. In De Naam Van De Duivel (6:29)
7. Pitch Black Box (3:17)
8. The Possession Process (4:27)
9. Three Times Thunder Strikes (5:18)