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Reverend Bizarre fait partie de ces groupes qui, dès les premières notes d’un album, sait instaurer une sorte de magie difficilement explicable. Presque hypnotique, admirable, mais surtout génératrice d’addiction ! Beaucoup d’adjectifs peuvent servir à décrire la musique de ces trois finlandais, à tel point qu’il est difficile de décrire ce que l’on ressent à l’écoute de leurs albums. Tantôt excitante, tantôt dépressive, cette atmosphère si particulière fait tout le charme de ce groupe. Avec So Long Suckers, Reverend Bizarre signe son dernier effort, la dernière œuvre d’un groupe d’ores et déjà culte !
Les premières notes de So Long Suckers rappellent fortement le riff de In The Rectory, sur le mythique premier album du même nom, pour enchaîner sur deux riffs répétitifs et hypnotiques. Une entrée en matière qui fait office d’introduction plutôt rock’n’roll pour ce monolithe de deux heures. Plus les morceaux se suivent, plus ils nous emmènent au fond d’un gouffre dépourvu de quelconque lumière, le tout avec une sérénité déroutante ! Reverend Bizarre est finalement le plus cohérent des groupes qu’il m’a été donné de connaître. Une célébration de la mort, une mort planifiée, qui s’impose plus tôt qu’elle ne devait s’accomplir. Et ils meurent comme des rois, comme les nouveaux seigneurs du doom, qui ont ironiquement fait renaître le plus dépressif des mouvements musicaux. So Long Suckers est un recueil de complaintes meurtrières, qui peut envoyer le plus sage des hommes à une folie sans précédents !
Ecouter l’album dans son intégralité demande du temps et de l’attention pour pouvoir le savourer à sa juste valeur, et la récompense est de taille ! Les 130 minutes affichées au compteur de So Long Suckers avaient de quoi faire peur, Reverend Bizarre s’en tire avec les honneurs, ces deux heures nous font voyager dans notre propre esprit, et on en ressort presque purifié. Un goût de sang dans la bouche après ce saut dans le vide, dans le noir le plus complet ! Suite à ce saut, on en vient à porter un regard objectif sur sa vie, et à être dégoûté de toute forme vivante, et de sois-même. Un mélange de mélancolie, de colère et de dégoût intense. Reverend Bizarre est au doom ce que Neurosis est au postcore ! Une entité qui évolue d’elle-même, avec les émotions qu’elle dégage et toute l’aura mystique qui l’englobe.
La seule chose qui reste pour moi incomprise est l’arrivé du groupe en tête des charts généraux finlandais, avec ce morceau de seize minutes Teutonic Witch. Une énigme pleine de contradictions, le « top 50 » français devrait en prendre de la graine ! Reverend Bizarre s’est suicidé avec classe et magnificence, son adieu est un messie. Ce trio finlandais restera assurément un des plus marquants de la première décennie du troisième millénaire. C’est après cette longue prière noire que le Révérend s’en est allé, le monde pourri derrière lui. Le Révérend est mort.
CD 1
1. They Used Dark Forces / Teutonic Witch
2. Sorrow
3. Funeral Summer
CD 2
1. One Last Time
2. Kundalini Arisen
3. Caesar Forever
4. Anywhere Out Of This World
5. Untitled
