"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
On pourrait croire que AntropomorphiA avait bêtement cédé à l’envie de reformation suite au succès de la scène Death old-school depuis quelques années, mais le groupe néerlandais initialement formé en 1989 et inactif entre 1999 et 2009 (drôle de manière de fêter les décennies d’anniversaire, le groupe re-splittera-t-il en 2019 ?) s’est vite trouvé un univers bien à lui. Un univers fait de perversions peu avouables, entre nichons apparents sur les pochettes d’album et clips très NSFW. Mais outre sa nécrophilie de supermarché très « Metal », AntropomorphiA a trouvé sa voie dans un Death-Metal bien troussé. A l’image de ses compatriotes de Bodyfarm, il a trouvé un équilibre entre la graisse du son suédois et l’efficacité du Death batave, le tout enrobé dans un groove que n’aurait pas renié Bolt Thrower. Rien de bien original, mais Evangelivm Nekromantia, qui nous avait été proposé par l’illustre Metal Blade en 2012, s’était avéré tout bonnement excellent, avec notamment quelques brûlots comme "The Mourned and the Macabre", "Debauchery in Putrefaction" ou encore le génial "Psuchagogia". Très inspiré et bien produit (le Necromorbous les masterise depuis leur reformation), le trio (à l’époque) mené par la quasi-totalité du line-up d’origine avait donc brillamment relancé sa carrière, même si son côté grand-guignol bien que chiadé et son manque de singularité ont pu lasser. Mais AntropormophiA continue son chemin, entre riffs décapants et vocaux rauques, entre cadavres en décomposition et vénération de Baphomet à pine en turgescence.
Deux ans après Evangelivm Nekromantia, AntropomorphiA avait pondu Rites Ov Perversion, album décevant au premier abord mais finalement plutôt efficace, sans véritable tube (si ce n’est le mortel "Tevfelskvnst") mais plutôt homogène, et encore plus gras que son prédécesseur au niveau des riffs et des vocaux. Un peu moins de 3 ans ont passé et le désormais quatuor batave est encore là, avec un quatrième (n’oublions pas Pure de 1998) full-length, Sermon Ov Wrath. Pochette, f remplacé par un v pour faire plus trve, rien n’a changé visuellement, et musicalement non plus de toute façon. AntropomorphiA continue à faire honneur à un Death-Metal incisif et baveux, avec un son râpeux mais qui décoiffe. Limite trop propre pour quelque chose qui se situe ouvertement dans le Death old-school, AntropomorphiA continue pourtant à assurer et à se poser comme un bon petit modèle de Death-Metal putride et glaireux, mais clair et accessible. Et au passage, change un peu ses équilibres, car si Rites Ov Perversion poutrait souvent, ici le mid-tempo sera la norme. Le morceau-titre qui ouvre l’album comporte tout de même son lot de rythmes chaloupés et rentre-dedans, ce qui est déjà jouissif au bout de quelques poignées de secondes, mais ensuite l’art d’AntropomorphiA se tasse pour laisser place à des ambiances morbides. Ce qui sera déjà le cas du dyptique « ov the Dead », avec les très convaincants "Murmur ov the Dead" et "Crown ov the Dead", où les Néerlandais démontrent toute leur science du riff rampant bien glauque et prenant. Les groupes de Death old-school qui arrivent à accrocher avec du pur mid-tempo se font rares (coucou Grave), et AntropomorphiA réussit son affaire avec ses ambiances malsaines et perverses de chaque instant.
Ce n’est donc pas sur Sermon Ov Wrath qu’AntropomorphiA va envoyer la sauce, le groupe néerlandais a choisi la lourdeur et la suite de l’album va encore le prouver, avec un "Sinful Rapture" au tempo bien gras, parsemé d’ambiances très noires et même de mélodies. On trouvera d’ailleurs pas mal de mélodies morbides sur cet album ("The Blistering Splendour ov Darkness" surtout, "In Bestial Decadence"). AntropomorphiA accélère donc rarement la cadence ici, même si finalement des morceaux comme "Suspiria de Profundis" ou "The Blistering Splendour ov Darkness" ne sont ni trop lents, ni trop rapides, et surtout bien chaloupés comme pour tout bon disque de Death old-school qui se respecte. Malgré ses seulement 39 minutes, on fait vite le tour de Sermon Ov Wrath, sans cependant s’en lasser même s’il y a 2-3 petites longueurs, compensées par quelques riffs croustillants (le rouleau-compresseur "Within Her Pale Tomb ov Putrid Lust", les compos percutantes de "In Bestial Decadence"). AntropomoprhiA demeure inspiré et son goût ici prononcé pour le mid-tempo fait son office, même si le tandem "Murmur"-"Crown" reste au-dessus du lot. Evangelivm Nekromantia reste à mon avis au-dessus, mais Sermon Ov Wrath est assurément un bon complément à Rites Ov Perversion. Sans surprendre mais avec application, AntropomorphiA continue à tracer sa route au milieu de toute la scène Death old-school, avec ses concepts morbides et pervers qui nous donnent ici un Death-Metal ambiancé très réussi, efficace et rampant, gras et chaloupé, malsain et saignant.
Tracklist de Sermon Ov Wrath :
1. Sermon ov Wrath (4:30)
2. Suspiria de Profundis (4:47)
3. Murmur ov the Dead (3:46)
4. Ad Me Venite Mortui (1:12)
5. Crown ov the Dead (7:41)
6. Sinful Rapture (4:30)
7. Within Her Pale Tomb ov Putrid Lust (4:37)
8. The Blistering Splendour ov Darkness (3:27)
9. In Bestial Decadence (4:26)