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lundi 1 mai 2017

True Widow + King Woman

Le Ferrailleur - Nantes

Dolorès

Non.

En ce 25 avril, le choix est difficile. D’un côté, Pillorian joue à La Scène Michelet, c’est-à-dire le nouveau groupe de John Haughm (ex-Agalloch), que j’ai chroniqué et interviewé, dans une salle plus intimiste, invité par les copains. De l’autre, True Widow, vus il y a trois ans dans d’excellentes conditions, reviennent jouer à Nantes en compagnie de mes petits chouchous dont j’ai déjà également beaucoup parlé en ces pages, King Woman. Mon cœur finit par balancer dans l’une des directions, et c’est ce second choix qui sera le mien, direction Le Ferrailleur.

Il faut dire que cela faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de me rendre dans cette salle, si ce n’est pour Inquisition deux jours plus tôt, me rappelant d’ailleurs que Le Ferrailleur est tout de même une salle d’une très bonne qualité. On y est confortable lors de ce type de soirée (rarement complète), et tant le son que les lumières sont très agréables.


King Woman


Les premiers martellements du titre « Utopia » retentissent alors que la salle est encore peu remplie. Il faut dire que King Woman est encore en terrain inconnu ici. Après un EP et un récent album bien accueillis, leur nom est encore loin de faire écho pour tout le monde. Espérons que cette tournée en compagnie de True Widow, et de Chelsea Wolfe sur quelques dates, ainsi qu’un passage au Roadburn marqueront les esprits. Car il s’agit dorénavant d’un nom à connaître dans la scène « Doom américain à chanteuse ».

Malgré quelques maladresses, qui s’identifient rapidement quand on connaît les titres, le groupe se défend bien sur scène. Le son leur fait honneur, on regretterait peut-être seulement une absence totale de communication avec le public, si bien qu’on ne sait pas forcément s’il s’agit du jeu de scène voulu ou s’ils s’ennuient vraiment. Vous me direz, oui, beaucoup de groupes aux sonorités plus solennelles n’hésitent pas à verser là-dedans, mais Kristina donne réellement l’impression de ne pas avoir envie d’être là la majorité du temps. Heureusement que la dame garde une certaine prestance qui rend l’ensemble plus hypnotique.

La grande question restait de savoir comment rendrait le passage du studio au live pour le chant. Kristina ayant un timbre de voix très particulier, très vaporeux et sans aucun aigu perçant, les pistes de l’album contiennent un chant continuellement doublé en deux pistes qui se complètent et donnent plus de consistance, tout en participant à la dimension éthérée de la composition. Bien évidemment, ce n’est pas possible sur scène à moins d’ajouter un sample peu crédible tout au long de la prestation. Résultat : Kristina rend un chant un peu monotone et plus difficile d’accès, mais une fois habitué, c’est tout à fait envoûtant. Sur ce point, « Burn », seul titre joué du premier EP, propose un chant juste parfait, car il a été prévu sans doublage de pistes. A l’inverse, c’est la boucle mélodique qui tourne pendant presque tout le titre normalement qui devient imperceptible ici, bien dommage car c’est l’une de ses particularités.

Revenez, c’était cool, par contre la prochaine fois jouez « Worn », s’il vous plaît.


     

 

True Widow


 

Les premiers rangs sont plus serrés alors que le trio américain prend place. True Widow n’a plus à faire sa réputation, après 10 ans d’existence et quelques allées et venues sur le territoire européen. Il y a trois ans jour pour jour, je découvrais le groupe sur une autre scène nantaise, ayant à peine écouté quelques morceaux, et me prenant une belle claque. C’est avec joie que je réécoute en live ces compositions que j’ai, depuis ce moment, réécoutées de nombreuses fois. Je suis heureuse de retrouver « Creeper », puis surtout « Four Teeth », ainsi que d’autres titres de cet album sorti en 2013 (« Circumambulation »), car finalement, peu de titres du dernier album sont joués. « Avvolgere », sorti en 2016, ne semble pas faire autant l’unanimité que les précédents. Ils termineront notamment sur « Bleeder », un autre de mes titres favoris, et qui date pourtant de 2008.

Entre un mélange onirique Shoegaze/Post-Punk présent sur la plupart des titres du groupe, et un Doom plus traditionnel, on attend toujours les élans mélodieux et presque adolescents de Nicole devant le micro, elle qui semble préférer se plonger dans ses cordes de basse. Il est vrai que ce chant féminin ajoute un charme inouï à True Widow, qui serait probablement resté sur la touche s’ils s’étaient contentés du chant masculin, plus standard et peu émotif.

Aujourd’hui, True Widow n’a plus rien à prouver. Tout est propre, carré, et passionné. Le set s’étend des origines à nos jours en gardant les titres les plus solides comme des armes offensives qui ne s’émousseraient jamais. On n’a rien à redire, le groupe se permet même de revenir, le sourire aux lèvres, jouer le rappel demandé par un public aux étoiles dans les yeux. Une bien belle soirée.


Merci à Blue Wave Production et au Ferrailleur, pour permettre ce type de date par chez nous et pour l’accréditation.