La sélection de HU : décembre 2016
dimanche 18 décembre 2016Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Ah, le temps passe si vite ! Alors que nous préparons le traditionnel bilan de fin d'année, nous vous proposons de découvrir notre dernière sélection de 2016 avec du Black, du Heavy, du Grind, du Hard Rock et du Doom ! C'est parti...
La sélection d'octobre : http://www.hornsup.fr/a-16296/articles/la-selection-de-hu-octobre-2016-1
La sélection de novembre : http://www.hornsup.fr/a-16297/articles/la-selection-de-hu-novembre-2016
Panphage - Drengskapr
Style : Black Metal
Pays : Suède
Label : Nordvis
Date de sortie : 18 novembre 2016
S. : Parmi toute la masse de projets gravitant dans le milieu underground du Black Metal, quelques-uns arrivent à se démarquer, par leur originalité ou leur talent de composition. Le one-man-band Panphage est de cette trempe-là. Depuis une dizaine d’années, il distille sa musique assez clandestinement au travers d’enregistrements à tirage extrêmement limités, rendant d’autant plus difficile de posséder ses œuvres, notamment toutes celles sorties en format cassette chez Aetergap. Mais 2016 marque un certain tournant chez Panphage, puisque Fjällbrandt, maitre-à-penser, s’est tourné vers un label un peu plus connu, les très respectables suédois de Nordvis (Grift, Stilla, Skogen, Lönndom…). Une meilleure visibilité qui va permettre de faire découvrir tout le potentiel de Panphage, car mis à part le changement d’écurie, cette nouvelle cuvée s’inscrit dans la lignée de ce que le bonhomme a pu sortir dans le passé, avec peut-être une amélioration à noter pour le son. Côté musical on est toujours en présence d’un Black Metal à l’esprit roots mais inspiré, avec un jeu de guitare et de batterie qui ont fait la renommée et la caractéristique de ce projet. Les mélodies se veulent épiques, victorieuses, acérées et non dénuées d’un certain orgueil, avec des vocaux à la fois scandés et hurlés. Tous ces éléments constituent des morceaux emplis de force, ce genre d’hymnes qui vous fait serrer le poing en l’air, l’esprit de conquête. Cette vigueur qui constitue là l’un des grands intérêts de ce Drengskapr. A ne pas rater.
Inferno Hades - Brutal Raid
Style : Brutal Death
Pays : Japon
Label : Non signé
Date de sortie : 21 novembre 2016
Prout : Tout premier EP pour les japonais d'Inferno Hades (quel nom de groupe magnifique), Brutal Raid de son petit nom (quel nom d'EP magnifique). Le quatuor nous vient tout fraichement de Tokyo et est totalement inconnu au bataillon. Enregistré en octobre 2016, l'EP est sorti tout juste le mois d'après en téléchargement direct, efficaces les gars ; faut dire, y'avait pas trop besoin de mixer la batterie, boîte à rythme 4 ever. Donc c'est juste trois morceaux de Brutal Death somme toute assez classiques, tâtonnant un chouillat vers le Slam sans jamais casser les codes du genre. Assez répétitif dans son ensemble et scolaire, ça ne présage pas forcément du mauvais mais pas pour autant du très bon. A voir l’évolution.
Unborn Suffer - Nihilist
Style : Brutal Death / Grindcore
Pays : Pologne
Label : Selfmadegod Records
Date de sortie : 1er Février 2016
Prout : Ah ah ah, ouais là je signe tout de suite ! Les Polonais de Unborn Suffer reviennent avec leur nouvel et cinquième album et c’est toujours dans un pur délire de contre intuition Death Metal. Alors que tu crois t’attendre à ce qui va venir de la manière la plus classique possible, les gars te plantent un puka puka Goregrind débile à la cloche, des cris chelou, des samples bêtes puis ils repartent sur du Brutal Death début 2000 ; aucun respect pour aucun titre. Du coup c’est assez drôle, rafraîchissant, d’autant plus que la Pologne n’est pas forcément le pays le plus réputé pour ça dans le Metal extrême. C’est pas incroyable techniquement mais ça avoine malgré tout quand il faut, quand bien même une production plus brutale n’aurait pas été de refus pour appuyer un peu la puissance qui peine à se dégager du tout. Mais bon, c’est tellement fun qu’on passe quoiqu’il arrive un bon moment. Et quelle basse non de diou !
Orphalis - The Birth of Infinity
Style : Brutal Death Technique
Pays : Allemagne
Label : Amputated Veins Records
Date de sortie : 12 Août 2016
Prout : Alors là par contre on tape dans le très très bon. Les Allemands d'Orphalis nous proposent ici un second album totalement abouti. On voyage dans un délire métaphysique pour une musique qui s’y colle merveilleusement bien : un Brutal Death Technique maîtrisé et pointilleux, le tout servi d’une prod’ précise, très moderne, mais qui a parfaitement compris le projet. Le riffing est agressif et sans temps morts, la batterie suit d’ailleurs admirablement bien le tempo, qui est pratiquement tout le temps bien soutenu. La voix en growl est impec’ mais on peut noter quelques faiblesses sur les yells, mais rien d’affreux non plus. La technique est poussée à son comble mais sans jamais ennuyer l’auditeur puisqu’elle est avant tout mise au service de la brutalité avec des patterns violents et autres arrangements complexifiés. Le tout donne une bonne impression de densité et surtout de maîtrise de sa musique. Non franchement, très bon album.
Aenaon - Hypnosophy
Style : Experimental/Progressive Black Metal
Pays : Grèce
Label : Code666 Records
Date de sortie : 25 novembre 2016
Nostalmaniac : La scène extrême en Grèce est décidément bourrée de créativité et de talents hors du commun. Après la claque du dernier Hail Spirit Noir (on y reviendra plus largement dans nos pages prochainement), Aenaon enfonce le clou avec « Hypnosophy ». Et la tâche n'était pas aisée après un « Extance » déjà très costaud. On retrouve les ingrédients qui font la particularité du combo. A savoir un chant à plusieurs facettes, le saxophone (joué par Orestis Zyrinis), des riffs Black Metal et des structures alambiquées qui flirtent goulûment avec le prog et l'experimental. Tout ça sans tomber dans la demonstrativité sans queue ni tête. On retrouve des refrains efficaces ("Earth Tomb" et son "Welcome to hell, welcome to Earth" entêtant) et de grands moments d'intensité ("Oneirodynia", "Phronesis - Psychomagic") qui font penser à certains degrés aux meilleurs efforts solos d'Ihsahn. Un album rafraîchissant aidée par une production de qualité. Outre l'utilisation du saxophone, le combo grec renforce même son identité musicale en incorporant de nombreux instruments traditionnels (bouzouki, sitar, oud, saz) qui font mouche. Au total, sept titres et aucune faiblesse. C'est un véritable joyau qui trônera à coup sûr dans mon top de l'année et peut-être dans le vôtre si vous vous plongez dedans !
Attacker - Sins of the World
Style : Power/Heavy Metal
Pays : USA
Label : Metal On Metal Records
Date de sortie : 18 novembre 2016
Nostalmaniac : En 2013, Attacker a prouvé avec brio qu'il n'est pas un vieux groupe juste capable de radoter avec ses succès passés (même si le guitariste Pat Marinelli et le batteur Mike Sabatini sont les derniers membres originels). Un de ses atouts : le vocaliste Bobby "Leather Lungs" Lucas qui a redonné du souffle dans tous les sens du terme à la formation américaine avec son chant aigu très expressif qui prend aux tripes.
Il ne faut pas 36 écoutes pour comprendre que ce « Sins of the World » est dans la continuité de l'excellent « Giants of Canaan ». La paire de guitaristes Benetatos-Marinelli n'a pas perdu son savoir-faire pour le Power Metal burné et offre des compositions toujours aussi efficaces sur fond de mythologie ("Garuda") et de récits fantastiques ("Carcosa", "By the Will of Crom"). Chaque morceau possède son petit quelque chose que ce soit dans les lignes de chant, les soli ou les riffs accrocheurs qui lorgnent souvent vers le Heavy british. Non pas de doute, Attacker est toujours un artisan certes traditionnel mais doué au service des majestés Power et Heavy Metal.
GreyAblaze - GreyAblaze
Style : Black Metal
Pays : Ukraine
Label : Ashen Dominion
Date de sortie : 1er décembre 2016
Nostalmaniac : Depuis son départ de Nokturnal Mortum en 2011 Andrii Verovkin (ou de son nom d'artiste Astargh) n'a pas abandonné le Black Metal et a fondé la même année son propre projet Elderblood, dans un style plus symphonique. En plus d'un nouvel album paru cette année chez Osmose Productions, le musicien ukrainien a lancé ce qu'il présente comme un projet Post-Black Metal : GreyAblaze. Il s'est associé pour le coup avec le guitariste Helg (KZOHH, Khors, Ulvegr) et le batteur Odalv (également membre de Elderblood mais aussi de KZOHH et Ulvegr). Des gars qui ne manquent pas de projets. Outre le lineup, l'étiquette Post-Black avait de quoi piquer ma curiosité et il faut bien s'avouer qu'elle s'avère plutôt trompeuse. Bon, il faut déjà avouer que Post-Black c'est plutôt fourre-tout et dans le cas de GreyAblaze ce n'est pas vraiment pertinent. Si bien sûr certains passages évoquent Wolves in the Throne Room et le Cascadian Black Metal, on retrouve surtout ce côté froid, atmosphérique et... ukrainien. D'une certaine façon, GreyAblaze allie la froideur d'un Khors et les passages planants du « The Voice of Steel » de Nokturnal Mortum. Le résultat aurait pu être juste bon mais c'est un véritable chef d'oeuvre de Black Metal atmosphérique que propose Astargh à travers cinq longs morceaux brillamment composés et arrangés. Un album captivant du début à la fin, ténébreux et aérien. Ce n'est donc pas le projet de trop de ses protagonistes mais un nouveau projet qui mérite d'être suivi. Un nouveau must-have du Black Metal ukrainien tout simplement...
Olkoth - The Immortal Depths
Style : Black Metal
Pays : USA
Label : Les Fleurs du Mal Productions (K7)
Date de sortie : 25 mai 2016
Nostalmaniac : Sans mon entretien avec Guido d'Ysengrin, je n'aurai probablement pas jeté une oreille sur cet EP. Pas dans l'immédiat du moins. Surtout qu'il y a de quoi être confus. Il y a au moins deux groupes américains actifs qui se nomment Olkoth ! Cependant, celui qui nous intéresse aujourd'hui semble avoir dégainer le premier avec « The Immortal Depths » paru discrètement en mai dernier au format K7 chez Les Fleurs du Mal Productions, un obscur label québécois. Impossible de trouver plus d'informations sur ce projet, hormis qu'il s'agirait d'un duo basé aux Etats-Unis. On dira que l'anonymat a le mérite de nous plonger dans le contenu d'une oeuvre sans a priori. Et quelle oeuvre ! Olkoth propose trois longs titres dépassant les sept minutes et pratique un Black Metal mystique et envoûtant. Des riffs dissonants, des vocaux inhumains, un son caverneux et une ambiance malsaine. Il n'en faut pas plus pour dire qu'il y a quelque chose d'authentiquement sombre qui émane de cet EP. Vingt-sept minutes pendant lesquelles on est séduit par ce mysticisme et cette noirceur tenace. Et dans mon cas, convaincu qu'il s'agit d'un projet forcément prometteur. Allez, fermez les volets, allumez une bougie et laissez-vous entraîner par "Ancient Black Flame"...
Rivette - In Vertigo
Style : Hard Rock
Pays : Finlande
Label : Full Contact Records
Date de sortie : 16 décembre 2016
Nostalmaniac : « In Vertigo » est le premier mini-album de Rivette. Pour ses premiers pas, le trio finlandais ne fait pas dans l'amateurisme. Outre une pochette très classieuse, ils proposent un hard rock frais et inspiré, aussi bien influencé par le rock anglais des 70's/80's (The Police, Dire Straits) que par Diamond Head et la New Wave of British Heavy Metal. Le trio (au background musical plutôt Thrash Metal) tire son épingle du jeu grâce à une maitrise sans faille et des compos qui sentent bon le concert du samedi soir (et ses chaudes rencontres, parfois hein). Prenez des guitares qui ne manquent pas de fuzz, des soli qui font mouche, un vocaliste plein de convictions, une bonne dose d'attitude et vous avez « In Vertigo ». Un mini-album que je ne me lasse pas d'écouter...
Sallow - The Great Work
Style : Black Metal
Pays : USA
Label : Sick Man Getting Sick Records
Date de sortie : 16 décembre 2016
Nostalmaniac : Bien que « The Great Work » soit paru en tant que démo K7 en avril 2015, elle ressort en cette fin d'année pour le plus grand nombre sous l'impulsion du label allemand Sick Man Getting Sick Records. Sallow est un trio américain qui m'était jusqu'alors inconnu. Et je dois bien avouer qu'à la première écoute j'étais assez mitigé. Encore un groupe estampillé ou affilié Cascadian Black Metal ? OUI MAIS... écoute après écoute, j'ai découvert quelque chose d'addictif dans ces quatre titres. Déjà, les compositions sont très bien ficelées avec des approximations dans l'exécution qui apportent néanmoins un charme, une certaine authenticité à l'ensemble. Et puis la force du trio c'est de mélanger avec véhémence l'agressivité avec les mélodies. Un peu comme un Agalloch plus raw mais on pense également à Krallice pour ces riffs qui tourbillonnent sans fin. Si on s'habitue aux quelques défauts, on rentre vite dans ces moments d'intensité. Ce « The Great Work » est complétement prenant, intense et plaira à l'auditeur averti.
Khemmis - Hunted
Style : Doom Metal
Pays : USA
Label : 20 Buck Spin
Date de sortie : Octobre 2016
Di Sab : La sélection de Noël est l’occasion rêvée pour revenir sur les coups de cœur de l’année et les faire partager. Un an seulement après Absolution, Khemmis décide de battre le fer tant qu’il est encore chaud et accouche de Hunted. Honteusement méconnue, la formation de Denver fait réellement partie de ce qui se fait de mieux en matière de Doom en brisant des castes préétablies et en ayant déjà trouvé une patte (en un album c’est tout de même rare).
Forcément, Khemmis reprend où il s’est arrêté on ne va pas non plus leur demander d’opérer un virage à 180° dès le second album. On retrouve donc ce dialogue entre riffs doom très pesants, soutenus par une section rythmique tonnante et ces leads ultra mélodiques, ce tricotage de notes qui rappelle vaguement les mélopées d’Iron Maiden. Ce dialogue paradoxal, ce Doom éthéré aux lignes mélodiques à tomber me rappelle énormément ce que propose Pallbearer. Khemmis l’agrémente de vocaux clairs moins plaintifs que ceux de Pallbearer mais qui sont, là encore, caractéristiques du groupe : articulation claire, grosses envolées épiques dans les aigus sans le côté théâtral qu’on retrouve habituellement dans les groupes de Doom Traditionnel (et qui a tendance à me rebuter). Irrésistible. Au rayon des nouveautés, à signaler que les growls sont plus nombreux dans Hunted que dans son prédécesseur. Ils sont en général bien amenés et sont présents lors des passages les plus heavy, dans ces moments, le son du groupe lorgne du côté d’Ahab.
Ne rien s’interdire a permis à Khemmis de trouver sa patte, d’être original et Hunted est incontestablement un essai transformé, bien que peu être un poil en deçà d’Absolution. Un groupe qui, je l’espère, ira loin. Ils le méritent !
Haunted - Haunted
Style : Doom Metal
Pays : Italie
Label : Twin Earth Records
Date de sortie : Août 2016
Di Sab : Pour apprécier Haunted, il va falloir remplir deux conditions. Il va falloir que tu ne fasses pas partie des gens chiants convaincus qu’un groupe non original n’a aucun intérêt. Et il va falloir que tu aimes Windhand. Beaucoup. Les Italiens ont donc sorti leur premier album cet été, un album inoriginal au possible mais d’une facture que j’ai trouvé exceptionnelle.
Pourtant, vraiment, rien ne distingue ce groupe de la myriade de nuls qui infeste la toile. Tous les lieux communs sont là du bruit de l’orage au sample qui parle de sorcellerie et de Satan, la pochette est un putain de condensé d’éléments récurrents dans l’esthétique Doom. Pourquoi choisir entre nos gueules, un rituel, un moulin comme sur l’éponyme de Sabbath quand on peut TOUT METTRE EN MÊME TEMPS ? Putain, extérieurement ça fait peur, mais dès que je le lance, impossible de l’arrêter avant la fin. Paradoxalement, autant la pochette est pétée, autant au niveau musical, le groupe a un sens de la mesure qui est primordial quand tu fais du Doom. Aucun plan n’est trop long, les refrains sont bien amenés et restent en tête de manière hallucinante, les soli simples et fuzzés mais vraiment beaux. On ne s’emmerde jamais, grâce à une section rythmique plutôt agressive. L’équilibre riffs rentre dedans à la Electric Wizard et les doux feulements de Cristina Chimirri nous tiennent en haleine pendant 40 minutes. Sortis de nulle part Haunted dégaine un des meilleurs albums de l’année sans la moindre pression. Au vu de leur potentiel, gageons qu’avec un peu de maturité, ils arriveront à produire un contenu un peu plus original sans aucune peine ! Mais pour l’heure, il est temps pour toi d’obéir au riff et de ployer la nuque.
Rendez-vous le mois prochain !