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J'ai cette impression de ne parler que de ce pays. En effet, bien que le titre de cet album d'Aenaon soit en Français, c'est bien d'une formation grecque dont il s'agit. Le groupe sort avec Cendres Et Sang son tout premier album six ans après sa formation. Une patience qui a des vertus puisque le groupe se retrouve déjà signé chez le prestigieux label Code666, ce qui semblerait prouver son bon goût certains.
Si j'ai parlé de Code666, ce n'est pas anodin parce que le groupe joue du Black Metal mais entre nous, cette dénomination va faire râler les puristes. La musique d'Aenaon va au delà du Black Metal et n'en a pas vraiment l'essence même comme Darkthrone ou Mayhem l'avaient (même pas de blasts ou de guitares ultra saturées). Pour faire plaisir à ce bon vieux Hraesvelg, je vais parler de Black Metal Progressif. En fait, de Black Metal, Aenaon ne possède que le chant ainsi que les ambiances malsaines et oppressantes. Pour le reste, oui, le terme de Progressif colle bien. Non pas que cet opus soit réellement novateur mais il est très hétérogène et riche à l'image de Virus,de Ved Buens Ende, d'Orakle et de Dark Fortress.
L'album commence par une introduction (« Kafkaesque ») au saxophone qui ne fait plus qu'un avec le début Jazzy de « Suncord ». Le reste sera moins proche du Jazz (hormis le retour du saxophone sur la partie centrale de la très bonne « Black Nerve ») mais cette seule chanson suffit à comprendre que Cendres Et Sang sera une œuvre très réfléchie pour un public averti qui n'est d'ailleurs pas forcément le public Black habituel et ce n'est pas plus mal. Aenaon fait ce qu'il sait faire de mieux et le fait avec conviction en maitrisant parfaitement toutes ses élucubrations. On va loin dans les méandres du corps humain aux travers de riffs complexes. Des riffs plus Heavy que Black qui peuvent faire penser à du Shining (le Suédois) dans ses instants les plus violents. Des riffs complexes mais qui savent être mélodiques quand le besoin s'en fait sentir et comme vous pouvez vous en douter, ils ne font pas dans la gaieté, bien au contraire. On est dans le noir, dans le malsain même si sur « Necroscope » on retrouve un riff à la limite du Pagan, presque joyeux. Les soli peuvent jouer la carte de la séduction comme sur « Once Finite » aux allures d'Orakle ou t'agresser les oreilles dans le bon sens sur « Psychonautic Odyssey ». Pour coller avec cette musique, il faut un chanteur à plusieurs facettes à base de chant Black et de chant clair bien maitrisés.
Avec tous ces éléments, Cendres Et Sang ne pouvait être qu'une réussite et c'est bel et bien le cas. Les morceaux sont suffisamment longs pour créer l'ambiance tout en restant assez courts pour garder leur attractivité et leur tranchant. Il n'y a pourtant pas de tubes mais il n'y a pas non plus de mauvais titres. Et puis, franchement, un groupe qui rend hommage à David Lynch en reprenant le titre « In Heaven » tiré du film Eraserhead (Labyrinthman en Français), ne peut décemment pas être mauvais.
Ce titre dénote du caractère réfléchi d'Aenaon qui en un album fait déjà preuve d'une assurance étonnante. Cendres Et Sang est un disque qui restera dans le haut du panier des sorties « Black Metal » de cette année par sa richesse. Il est aussi la preuve que la scène Grecque est en pleine ascension et se montre de plus en plus. Prenez garde, bande de cruches!
1. Kafkaesque
2. Suncord
3. Psychonautic Odyssey
4. Grand Narcotic Harvest
5. Once Finite
6. Carnivora's Lair
7. Necroscope
8. Kraanerg
9. Black Nerve
10. In Heaven