Krig
Maël, Douglas et Thomas
Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)
Alors que l'année se termine, Krig est sûrement l'une de mes découvertes de 2016. Pas parce que ce sont des compatriotes mais parce qu'ils proposent quelque chose de vraiment original et atypique. Leurs influences ? Full of Hell, Phurpa mais aussi le Slam et le rock psychédélique. Ce qui donne une musique improbable mais vraiment tripante. Entre deux rituels, j'ai voulu poser quelques questions à Maël (guitare), Douglas (batterie, percussions) et Thomas (basse).
Nostalmaniac : Si votre première production est parue cette année, Krig existe depuis 2012. Pouvez-vous revenir sur l'historique du groupe et son évolution ?
Thomas : C'est un pote, Lucas, qui voulait fonder un groupe et il m'a demandé de le rejoindre en tant que bassiste. Lui était chanteur. Puis sont venus Damien - l'actuel chanteur - ainsi que Jordan et François - deux guitaristes - et Douglas. On a commencé comme ça et on jouait du Hardcore ou des reprises d'Hatebreed mais on ne faisait pas grand chose. C'était en 2009. Il y en a beaucoup qui sont partis ensuite, car soit ça leur plaisait plus ou l'idée était trop floue. Au final, le groupe était composé d'un guitariste, d'un chanteur, d'un batteur et d'un bassiste. François, le guitariste, a ramené Maël dans le groupe en 2012, mais il a décidé de partir donc nous n'étions plus que quatre avec Maël, Damien, Douglas et moi. Douglas est parti au bout d'un moment à cause des études. Thomas C. de Disfigured Sky est venu dans notre groupe pour nous aider, car on avait un premier concert de prévu, à l'Halloween Fest. En un mois on a commencé à composer plusieurs morceaux et de là, on a fait notre premier concert. Thomas a continué avec nous jusqu'au jour où Douglas a décidé de revenir dans le giron en décembre 2015. Et une fois qu'il est revenu ça a été une explosion de saveurs ! On a donc commencé à composer ce qu'on propose maintenant.
Maël : On a commencé à avoir un style.
Thomas : On était plus que quatre et on est resté quatre. On a viré complétement le core de notre répertoire. Thomas C. avait un jeu de batterie qui ne nous convenait plus de toute façon. C'est aussi pour ça qu'on a arrêté avec lui. Et Douglas a apporté son ouverture d'esprit et plus de richesses au niveau rythmique, c'est ce qui nous manquait.
Douglas: Un soir on a écouté The Body et on s'est demandé quoi (rires)
Thomas : On a découvert la noise à ce moment-là et de plus en plus de musiques expérimentales comme Phurpa. On a été vraiment tentés par ça. Donc le groupe à proprement dit s'est vraiment formé en décembre 2015 avec les membres de maintenant.
Vous aviez d'autres projets auparavant ?
Maël : J'ai fréquenté un pote qui aimait bien le Stoner et moi je commençais à jouer de la guitare donc on a joué un peu ensemble, mais je n'avais pas un bon niveau à ce moment-là bien sûr. Lui c'était un balèze, il faisait des solos de malade et il aimait bien mettre son ampli fort. J'avais un petit ampli... Enfin, c'était rien de concret.
Thomas : J'ai toujours voulu créer un groupe avec des gens donc j'ai joué avec pas mal de personnes mais rien de fructueux jusqu'à 2009.
Douglas : Rien de plus concret pour ma part.
La musique de Krig est atypique dans la sphère Metal mais aussi Grindcore. C'est quoi le cheminement et vos influences musicales ?
Thomas : Pour les influences musicales, Phurpa nous a beaucoup chamboulé et ensuite pas mal de Grindcore. Comme Maël compose beaucoup, il a un jeu très personnel, mais très Grindcore dans un sens. On découvre de la musique du monde, un peu de tout.
Il y a quand même une grosse base Hardcore au départ...
Thomas : On a tous une culture musicale assez différente. Moi, à la base j'écoute beaucoup de Folk, de Death Metal. Tout ce qui est très mélodique. Mon jeu de basse par contre est plus calquée sur du funk car à la base j'adore ça aussi. C'est même le funk qui m'a touché en premier. Donc j'arrive aussi à caser certains trucs folk et funk. Ensuite avec le groupe on a découvert tous ensemble d'autres styles et c'est ce qui nous amène à ce qu'on fait maintenant.
Douglas : Moi j'écoutais beaucoup de Black Metal. Et avec le Black toujours plus de violence. Et puis plus d'expérimental...
Comment tu as découvert le monde vaste de l'expérimental ?
Douglas : Avec les concerts, beaucoup. Un jour, j'ai vu une vidéo d'Oranssi Pazuzu et ça m'a ouvert l'esprit d'un coup. Un truc de fou. De là, j'ai commencé à découvrir quelques trucs, mais c'est surtout avec mon collègue l'année passée que j'ai approfondi ça. Lui, il fait que de, l'expérimental, du post-rock, du doom, etc. Il m'a fait découvrir plein de trucs comme les concerts à mon travail. Il y a beaucoup d'expérimental avec les concerts qui s'y passent. Le premier concert que j'ai fait au travail, c'était des mecs qui avaient des K7. Ils les rebobinaient, ils les retournaient. Tout le temps. Ils avaient plein de K7 et ils faisaient ça pendant un quart d'heure. Du coup, j'ai fait "what the fuck". J'ai cherché un peu plus loin et au final, il y a de bons trucs.
Et toi Maël, tes influences ?
Maël : Moi, c'est le blues. J'aime beaucoup le vieux blues. Pas forcément le Grind parce que le Grind j'ai découvert ça plus tard mais d'abord le Slam. J'ai découvert y a pas longtemps que ça s'appelait comme ça, mais des groupes comme Slamcoke, Nasty, Facefuck Torment. Des trucs bien violents. J'aime cette violence, mais j'écoute aussi beaucoup de psychédélique. Jimi Hendrix, The Doors ou Jefferson Airplane. Je sors depuis des années dans des soirées électro. Drum'n'bass. Acid. J'écoute vraiment de tout, même dans le rap américain.
C'est ces influences qui rendent atypique le son et les compos de Krig ?
Maël : Ouais à fond. Je ne joue pas de la guitare "normalement". Je m'amuse plus sur un djembé que sur ma guitare. Il y a rien de mélodique dans ce qu'on fait. Ce que je cherche c'est faire bouger les gens.
Il y a un côté jam, impro...
Thomas : Dans chaque morceau, il y a une partie d'impro. Chaque concert c'est un peu comme une jam en fait.
Douglas : C'est plus ou moins prévu mais ce sera jamais carré. Il y a une grande part d'improvisation.
Maël : J'ai jamais appris à faire du Metal à la guitare. J'ai jamais appris à faire quoi que ce soit. C'est venu comme ça, en persévérant. Juste un bête riff, tu mets une distortion et BAM. Puis, toute la musique que j'écoute a deteint dessus mais c'est pas voulu.
Conceptuellement et musicalement parlant, on sent un véritable intérêt pour l'hindouisme et plus largement la culture indienne mais aussi tibétaine...
Maël : Parce qu'on prône la paix. C'est tout ce qu'on veut. On s'appelle Krig mais c'est tout l'inverse de ce qu'on prône.
Justement, comment est venu ce nom ? Qui l'a choisi ?
Maël : Ça date de la construction du groupe. C'est juste un cachet qu'on a depuis le début et qu'on a jamais changé. Finalement, c'est tellement le contraire de ce qu'on prône. C'est parfait. C'est la guerre pour la paix. Un truc qui n'a rien avoir.
Comme un paradoxe...
Maël : Oui voilà ! En plus dans une langue étrangère à la nôtre.
Douglas : Sinon, ça vient de moi. On avait un concert qui arrivait, on n'avait pas de nom. On cherchait des trucs et rien ne nous plaisait. A un moment j'ai dis "Sigh". Mais je connaissais pas du tout le groupe de Black japonais. On avait dit OK. J'ai vérifié et ça existait déjà donc je suis venu avec Krig. C'est passé. Puis, ça faisait un peu beatdown et on aimait pas mal ça, enfin moi personellement.
Maël : On a toujours fait un truc super violent en fait. Au tout début c'était encore plus violent car c'était que ça.
Douglas : En répét' je jouais Nasty tout le temps !
Thomas : On a vraiment progressé avec le temps.
Maël : Encore maintenant, tu as de la violence, c'est juste qu'elle est en quelque sorte adoucie par quelque chose de malsain. C'est malsain, psychédélique, violent. C'est le sentiment qu'on a tous en nous. Que l'être humain a en lui. Quelque chose d'animal, d'instinctif.
C'est pas encore un paradoxe justement ?
Maël : Non, car la violence il faut l'assumer. Il faut assumer que ça en est.
Thomas : On est des êtres violents.
Maël : Comme le sentiment de tristesse. Comme le sentiment de joie. La violence c'est normal de l'avoir mais grâce à cette musique tu peux sortir cette violence d'une bonne manière. L'exprimer. C'est pour ça. Moi, j'ai de la violence en moi, mais en jouant ça je me sens le plus décontracté au monde. Foutons-nous tous à poil et baisons. Après avoir joué de la gratte pendant une heure, je me dis que c'est bon, ma violence est partie. Il y a plus qu'à faire la paix.
Une sorte d'exutoire ?
Maël : C'est un rituel, mec. C'est l'esprit tribal, l'esprit de la nature qu'on essaye de prôner. On est des animaux et vas-y, viens on fait la fête, on danse. On fait un truc, quoi. Et on se lâche à mort, c'est super naturel.
Mais pourquoi spécialement l'hindouisme et la culture indienne/tibétaine ? D'où vient ce rapport à l'hindouisme ?
Maël : Car c'est mystique. Il y a rien de plus mystique.
Thomas : ... et de plus sage. Les sons qu'ils ont, les instruments, c'est incroyable.
Maël : C'est quelque chose qui nous fait rêver. C'est des cultures mystiques. Sur la terre il y a des gens qui vivent d'une certaine manière, qui croient en certaines choses et eux franchement, c'est différent. Sur le plan artistique, quand je regarde leurs peintures et leurs instruments ça m'emporte. Ça peut devenir effrayant. Au Tibet, il y a des musiques, c'est effrayant. Tu te mets dans l'ambiance. Tu mets cette peinture immense de ce démon avec ses trompettes et ses chants, ça en devient limite effrayant. Et c'est ça qui est beau. Eux, ce qu'ils pensent, je ne sais pas car j'ai jamais mis les pieds là-bas, mais moi je veux savoir ce qu'ils pensent et je veux qu'ils sachent ce que nous on pense. Et puis la musique, les sons, on les ressent différemment. Bref, on peut partir loin...
Thomas : Là-bas, ils sont très attachés à la musique parce que c'est un lien de communication et de liaison pour méditer. Se lier avec les Dieux.
Maël : Ils sont proches de la nature.
Thomas : Leur musique vient du cœur et c'est très profond. On le ressent vraiment. Ça donne vraiment de bonnes énergies. C'est de la musique qui donne des bonnes ondes. Et c'est ce qu'on recherche nous. On veut donner des bonnes ondes.
Maël : Hormis le côté religieux, tu as le côté humain et le respect de la nature. Pour nous, c'est important. Même s'ils ont leurs défauts concernant le respect des femmes ou au niveau politique. C'est d'autres problèmes. On a une vision plus spirituelle de la chose.
C'est donc pas une question religieuse...
Maël : Ca n'a rien avoir avec la religion à proprement dit, c'est vraiment les sonorités, les instruments et la nature. Nous, on parle musique de toute façon. On crée notre monde en s'inspirant de plein de choses mais on veut être concernés de rien. On ne veut pas prouver quelque choses sur leurs religions ou sur leurs cultures.
Thomas : On n'est pas une secte non plus.
Qui s'occupe des textes ? Avez-vous d'autres inspirations que celles précédemment évoquées ?
Douglas : Principalement Damien pour l'instant. Moi et Maël, on écrit un peu aussi...
Maël : L'Afrique, c'est important aussi. Surtout entre Damien et moi. C'est même notre première inspiration avant de faire quelque chose de plus "tibétain" on va dire. On a toujours eu des djembés chez nous, j'en ai toujours joué.
Douglas : Pour l'instant, tout ce qui est chanté, c'est par Damien. Il faut qu'on y travaille plus en fait. C'est peut-être encore quelque chose qui manque, car l'univers on l'a mais c'est une question de temps. De passer plus de temps ensemble aussi.
Vous ne vous voulez pas vous enfermer dans un créneau...
Maël : Oui bien sûr. On ne prend pas un thème. On prend vraiment tout. Ce que Damien écrit, c'est super profond. Les textes parlent aussi de ce fameux voyage vers la mort, comme avec Anubis. Même si je vois plutôt le côté animal. Anubis ça veut dire chacal. Encore une fois lié à la nature...
Thomas : On va vraiment passer pour des hippies (rires)
Maël : C'est ce qu'on est un peu.
On va donc parler de votre EP paru l'été dernier. Comment s'est passé l'enregistrement ? Comment avez-vous abordé ce premier enregistrement ?
Douglas : On l'a enregistré à Frameries chez mon collègue Iban. Celui qui m'a fait découvrir tout l'expérimental, c'est lui.
Thomas : On voulait voir où on en était.
Douglas : Il fallait qu'on sorte quelque chose pour montrer ce qu'on a.
Thomas : L'EP nous a permis en fait de progresser vraiment. On avait beaucoup de compos et il fallait qu'on fasse le point. Avec le collègue de Douglas, on a eu l'occasion d'enregistrer donc on a organisé ça. Avec l'EP, on a pu voir si ça pouvait toucher les gens. Si ce qu'on faisait pouvait plaire un minimum.
Vous êtes contents des échos que vous avez pu avoir ?
Thomas : Oui, assez.
Maël : Moi je suis plus content des live. Je pense que Krig est fait pour les live. L'EP, on l'a vraiment sorti pour se faire connaitre et jouer en live. OK, on a un truc qui est sorti mais ce qu'on a toujours voulu c'est jouer en live et progresser en live. Et d'ailleurs, cet EP n'a été valable qu'une semaine ou deux car après deux trois répétitions, c'était encore mieux maitrisé.
Thomas. Notre ambition première, c'est de bouger. l'EP nous a permis de nous prouver quelque chose mais maintenant, c'est cent fois mieux.
Pour un premier jet, vous avez tout de même donné de l'importance à l'aspect visuel. L'artwork est assez soigné. Qui est le responsable ?
Maël : Icy Bomb !
Douglas : J'ai trouvé ça sur un site de la ville qui regroupe plein d'artistes. Il faisait des dessins de jeux vidéo vraiment superbes. Dans son book, il y avait vraiment de belles couleurs et de beaux dessins. Du coup, on lui a demandé et ça s'est fait. C'est un graphiste assez reconnu quand même.
Vous avez déjà pu faire combien de live ?
Maël : On a dépassé la vingtaine de live je pense.
Quelles sont les réactions du public quand il se retrouve devant vous ?
Thomas : C'est bizarre, mais c'est cool. Du genre "j'écoute du rap, mais franchement je kiffe, il y a un truc différent" ou "j'écoute pas trop ça, mais il y a un truc accrocheur chez vous".
Moi ce que j'ai pu voir c'est certains métalleux qui s'attendent à un truc qui tape du début à la fin et quand il y a des moments de calme, des rituels. Ils ne comprennent pas vraiment ce qui se passe...
Douglas : Car c'est pas là qu'on doit jouer... Il nous faut un public averti !
Maël : Moi je ne veux même pas jouer devant un public averti.
Douglas : Après c'est cool de choquer les gens (rires)
Vous êtes un OVNI aussi...
Maël : Le pire c'est qu'on est ouvert à d'autres styles et qu'on n'arrivera jamais à nous catégoriser vraiment. On ne laissera jamais indifférent, je pense. C'est ça qui est beau ! Après on veut toucher un peu tout le monde. Les gens peuvent venir de n'importe où, on a souvent des réactions "le Metal ce n'est pas mon truc, mais ce que vous faites, j'adore". Il y a un truc. On est des gens modernes, mais on fait des rituels. On adore la fumée et les flammes.
Ce n'est pas seulement que pour le show...
Maël : C'est vraiment personnel. Si t'es ouvert d'esprit, tu peux rester des heures avec nous.
Thomas : On est tellement liés. On aimerait partager ça avec tout le monde. Nous quatre, on aime se réunir. Faire des feux ensemble, faire de la bonne bouffe, boire, etc. On aime bien tout faire ensemble et on essaye de reproduire ça sur scène. On aime vraiment ça.
La scène c'est vraiment important pour vous...
Thomas : Chaque fois qu'on est sur scène on se dit "allez les mecs, on va le faire". C'est à chaque fois une extase de faire un concert.
Maël : Une répét' on se voit, c'est quelque chose mais ça reste la vie. À chaque fois qu'on se regarde sur scène, on a le cœur qui bat. On est liés par le son. Quand on est dans le bon et qu'il y a l'ambiance, qu'il y a des gens, on a la bonne harmonie et on arrive du coup à dégager cette énergie.
Thomas : Ce qu'on veut, c'est créer ça entre nous et pouvoir le partager. Que ça se ressente tellement que ça se partage avec tout le monde. Et oui, c'est un rituel, on crée ça sur scène. Notre but premier, c'est de faire aimer ce qu'on fait. Que les gens rentrent dans notre monde de paix et de non-quiétude.
Avec quels groupes aimeriez vous partager l'affiche ?
Full of Hell ! (à l'unisson)
Maël : Ils nous ont montré une voie, ils nous ont donné confiance en nous dans le sens "putain mais crache quelque chose qui n'existe pas". C'est vraiment ça, cracher. Et nous aussi, on crache dans notre musique. Il y a plein de gens qui vont nous insulter et qui vont dire "c'est pas de la musique". Que les gens aiment ou pas, disent que c'est du n'importe quoi, on l'assume. Full of Hell, c'est ça, dans leur style bien sûr. On pourrait réunir nos bizarreries. Ce serait un cabaret, un cirque ! C'est ça que je veux.
Au-delà de la paix, c'est quoi votre message avec Krig ?
Maël : C'est simple. À l'ancienne, mec. Tu fais pas chier. Tu ne violes pas. Tu ne voles pas. Et tu ne tues pas.
Douglas : C'est peace, sex, drugs & rock'n'roll !
Thomas : On ne fait pas de la propagande non plus.
Maël : Je suis idéaliste, mais consentant. Ce n'est pas la paix qui domine le monde bien sûr. Quelque part, l'art c'est la paix. La paix, tu dois la faire avec toi-même, pas avec le monde. Parce que tant que la paix sera en toi, tu seras en paix avec le monde. Tous les jours, je m'efforce à me dire "sois bien avec toi et les gens qui te fréquenteront seront bien". N'essaye pas que les autres soient bien, car tu vas donner des conseils que toi-même tu ne respectes pas. Ne pense pas aux autres, les autres apprendront de toi. Je suis sûr qu'on est assez ouvert d'esprit pour le faire comprendre. Je ne sais pas si je l'exprime vraiment bien, mais ma musique l'exprime beaucoup mieux.
Un premier album est-il en préparation ?
Mael : Oui ! On va acheter du nouveau matos et prochainement les premiers morceaux seront enregistrés. Il y aura huit ou neuf morceaux. Et des longs morceaux. Ce sera un album très rituel.
Thomas : Ce sera beaucoup mieux avec le nouveau matériel.
Vous utilisez des instruments traditionnels authentiques ou serait-ce des samples ?
Douglas : Oui, c'est authentique ! On les a enregistrés dans un endroit secret.
Maël : Non, non. On fait tout nous-mêmes, et même les instruments comme les tam-tams ou des gongs. Après on ne peut pas amener en live tous les instruments qu'on utilise dans l'EP, car c'est des instruments très encombrants ou alors il faudrait une scène immense mais on fait tout nous-mêmes.
Thomas : Sur scène, on a les sons enregistrés de certains instruments et on met ça sur le pad de Douglas.
Douglas : On a surtout la chance que j'ai un boulot assez sympathique avec des instruments assez ... sympathiques et des lieux ... sympathiques. Une salle avec une énorme réverb. À ce qui parait une des meilleures salles d'Europe pour la musique classique et avec une chapelle de douze mètres de haut où on a enregistré par exemple les djembés de "Black Voodoo".
Justement, qui joue de ces instruments traditionnels ?
Maël : Moi, et Douglas aussi. On se fait des petits rituels.
Douglas : On s'entend vraiment bien au niveau de la percussion.
Maël : Oui, on a un bon feeling.
Douglas : Il faut savoir que l'intro de "Black Voodoo" c'est de l'impro totale. On l'a fait en une prise.
Maël : Et on en a créé une autre pendant "Black Voodoo". On crée beaucoup de parties.
Utiliserez-vous d'autres instruments traditionnels à l'avenir ? Lesquels ?
Maël : Prochainement du tabla !
Thomas : On est constamment à la recherche de sons et d'instruments différents.
Il semble que les crânes disposés sur la scène en live ne sont pas faux non plus... Quelle est la signification derrière ces artefacts ?
Maël : C'est moi qui crée les sculptures. Je vois ça comme un art funeste dans le sens où c'est une appréhension pour la mort. Il y a rien de mal à ça. Un animal comme un être humain meurt et moi j'utilise les crânes pour faire de l'art. Si tu te renseignes, l'art funeste, c'est important dans les tribus. Exprimer ne serait-ce que le mal avec des masques démoniaques. Ce n'est pas que le gars est démoniaque ou fou, c'est juste qu'il a besoin de créer des choses. Comme moi, j'ai le besoin de créer des choses affreuses ou choquantes pour certains.
Il y a des livres ou des films qui vous influencent ?
Maël : Le film Holy Moutain de Alexandro Jodorowsky sorti en 1973. Mais aussi les films de Tarantino et Robert Rodriguez. Ça m'inspire beaucoup. Enfin, ça me met dans un bon état d'esprit.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Maël : Faire de la musique et partir !
Thomas : On compte voyager clairement ...
C'est quoi votre regard sur la scène wallonne ? (groupes, infrastructures, orgas)
Thomas : On a de bons groupes. Desakralised, c'est vraiment bien. Moi, je pense qu'en Wallonie, et en Belgique en général, il y a beaucoup de recherche musicale. Il y a une recherche artistique en Belgique qui n'est pas assez reconnue par la Belgique. Rien que par les radios, c'est flagrant. Pour la scène wallonne, comme c'est petit, on se connaît un peu tous, donc c'est cool. Il y a moyen de tous s'entraider.
Pour revenir aux groupes, je citerais également Lethum. Ithilien aussi mais je suis déçu de ce que ça devient.
Douglas : Il y a un petit groupe d'amis qui s'appelle Absynth. Ils font du Doom. Et puis il y a aussi Wallifornian Degeneration. Je ne sais pas s'ils peuvent aller très loin, car bon, c'est la wallifornie. Y a pas tout le monde qui va comprendre ça, mais en tout cas ici ça marche bien.
Thomas : Il y a des groupes exemplaires au niveau national comme Leng Tch'e qui nous montrent qu'il y a moyen de bouger, qu'on peut devenir quelque chose. Certains nous disent qu'il ne faut pas rester en Belgique.
Douglas : Leng Tch'e par exemple ne joue pas forcément beaucoup en Belgique mais ils tournent ailleurs. Et ça c'est beau.
Maël : Il n'y a que depuis que je fais de la scène que je vois la scène wallonne et je sens que c'est fort soudé mais c'est compliqué. Nous en tant qu'artistes on est en périple en Wallonie mais les gens sont soudés aussi, car on est tous dans la même merde.
C'est quoi vos derniers coups de coeur musicaux ?
Maël : Ce qui me vient en tête là c'est Down In Mississippi de Ry Cooder. Ça m'a beaucoup marqué.
Thomas : Igor's Solo de Chirgilchin. C'est du chant mongol et ça m'a vraiment touché.
Douglas : On a vu récemment Oathbreaker et Ufomammut. J'avais écouté le nouvel album de Oathbreaker et il ne m'avait pas vraiment convaincu mais après le live je l'ai réécouté et je suis vraiment rentré dedans. Et Ufomammut, quelle claque.
Il est temps de terminer cet entretien ! Je vous laisse donc le mot de la fin...
Maël : Peace & Love et merci !
Thomas : Soyez en paix avec vous-même et aimez la musique !
Douglas : Merci beaucoup Max de ton soutien !
https://www.facebook.com/KrigBelgium | https://krig-belgium.bandcamp.com
contact : holyskyburial@gmail.com
Interview réalisée le 07 décembre 2016 à La Louvière par Max Nostalmaniac.
Crédits photos : Thorsten Grimbergen