"Les vrais savent, les vrais font".
Pledge your allegiance ! Comment pourrais-je commencer cette chronique autrement qu’avec ces mots ? Un tel retour, cela force le respect… en tout cas le mien vu que je suis un déçu de « 13 » que j’avais trouvé fade et décevant. Remonté aujourd'hui comme un crips pété aux amphets, SUICIDAL TENDENCIES nous propose donc « World Gone Mad », furieux petit brûlot bien nerveux qui mixe avec beaucoup de goût les diverses escapades de ST en milieu Metal, Hardcore, Crossover et… instants plus feutrés. Avec rien de moins que Monsieur Dave Lombardo à la batterie… ça tue sa race !
Commençons tout de suite par cette association excitante entre S.T et Lombardo. On le sait, de tous les membres du SLAYER « historiques », Dave Lombardo est celui qui a participé au plus grand nombre de projets musicaux « annexes », montrant que son talent de batteur ne se limitait pas au Thrash Metal et qu’il pouvait aussi bien s’intégrer à l’univers frappadingue de FANTÔMAS tout autant qu’à celui plus teigneux de PHILM… pour ne citer qu’eux. Surnommé à une époque pas si lointaine « Thunderkick », le cogneur a longtemps régné sans partage sur le monde de la batterie Thrash, son talent se disputant à une créativité fleurissante et sa force de frappe devenant légendaire.
Pas étonnant du coup que Lombardo rejoigne le gang de Venice, SLAYER ayant toujours eu un certain côté Punk Hardcore dans les dynamiques de ses chansons et le batteur ayant largement démontré qu’il assurait dans ce domaine.
Ceci étant dit, entre des albums comme « Join The Army », « Suicidal for life », « How will I laugh tomorrow ? » ou « The art of rebellion », il y a de grands écarts stylistiques montrant que le groupe peut évoluer dans des sphères très différentes… ce qui fait que beaucoup de fans du groupe ont des préférences très marquées pour certains albums et pas d’autres. En outre, quand on intègre un cogneur comme Dave Lombardo derrière les futs, c’est dommage de ne pas lui faire de la place pour qu’il puisse exprimer tout son talent non ? Quid de l’album alors ?
Ce douzième opus me plaît tout d’abord parce qu’il renoue avec de vieilles vibes de SUICIDAL. Exit le funk d’INFECTIOUS GROOVE et les élucubrations techniques forcenées, S.T propose tantôt des chansons musclées et directes puis d'autres plus progressives et alambiquées. Du coup, au milieu de ces compositions variées, Dave Lombardo propose un travail très différent de celui de son prédécesseur, Eric Moore. Immense technicien aux breaks aussi ingénieux que techniques, je trouvais Moore trop à l’étroit dans SUICIDAL, l’ambiance plus funky d' INFECTIOUS me semblant largement plus adaptée à son jeu. Ici, et malgré des parties rapides et des roulements inventifs, Lombardo tape sec et droit. On retrouve bien sur ses breaks reconnaissables entre mille et ses déflagrations de double pédale sorties de nulle part mais de manière générale le bougre s’adapte bien à l’univers de SUICIDAL TENDENCIES et sans en faire des caisses. Moi qui craignais que l’album ne se trouve trop metalisé par cet aspect du jeu de Lombardo, je dois reconnaître que l’équilibre est bien dosé et que cela rend vraiment bien.
Avec un line up composé du fidèle Dean Pleasants, du gratteux Jeff Pogan et de Rà Diaz à la basse, Mike Muir semble retrouver une jeunesse vocale et une gouaille qui me semblait un peu rouillée ces dernières années. Survolté comme il peut l’être en live, le bandanné sort l’artillerie lourde en proposant un tour d’horizon de ses « Muireries » les plus fameuses, le bougre se permettant même un flow hip hop sur l’intro de « Get your Fight On ! ». Il faut l’écouter rapper sur cette chanson comme il le faisait dans les 90’s avant de fondre un fusible et tout péter façon Cyco Miko. Hyper costaud sur le progressif et implacable « The New Degeneration », S.T propose des changements de tempo, des ambiances travaillées et de l’acoustique comme quand il pondait des morceaux de la trempe de « I Wasn't Meant to Feel This - Asleep at the Wheel », « How will i laugh Tomorow » ou « Heaven ». Servi par la basse slapée et hyper à propos de Rà Diaz, le groupe peut compter sur les guitares de Pleasants et Pogan livrant ici riffs puissants et solos de très bonne qualité (Rocky est-tu là ?). Assez solidement harnaché dans le Hardcore tendance Punk, les six cordes sont efficaces et amènent du corps à cet album qui coule finalement comme un mosh pit qui n’en finit pas. Percutant, audacieux et authentique, « World gone mad » montre que S.T n’a pas encore tiré toutes ses meilleures cartouches.
Je suis donc absolument ravi de trouver d’aussi belles choses sur cet album, SUICIDAL TENDENCIES restant pour moi un groupe immense qui n’aura pas rencontré le succès qu’il méritait. Il faut avoir fait en live l’expérience du groupe pour bien mesurer que leur réputation n’est en aucun cas usurpée… et qu’ils ont vraiment bougé les frontières entre le Metal et le Hardcore, à une époque où les deux styles n’étaient pas super copain-copain. De la même manière qu’ils ont décloisonné les styles, ils ont aussi réuni différentes couleurs de peau sous une même bannière, donnant ainsi au terme "Crossover" une profondeur pas simplement musicale mais habitée au jour le jour. Ne boudons donc pas notre plaisir et réinvestissons l’état d’esprit Suicyco Mania en dégainant les coups de lattes sous fond de «World Gone Mad ». SUICIDAAAAL !!!!
Track List :
1 – Clap Like Ozzy
2 – The New Degeneration
3 – Living for Life
4 – Get your Fight On !
5 – World Gone Mad
6 – Happy Never After
7 – One finger Salute
8 – Damage Control
9 – The Struggle is Real
10 – Still Dying to live
11 – This World