"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Pain, Hypocrisy… Chacun a choisi con camp concernant Peter Tägtgren, et sachant que Hypocrisy a sorti (le mésestimé) End Of Disclosure en 2013, il est temps pour Pain de sortir quelque chose, 5 ans après You Only Live Twice qui pour moi était le meilleur album sorti par le projet Metal-Indus du musicien suédois. Certes, nous avons eu le droit l’an dernier à l’album de Lindemann, qui se résumait à peu près à du Pain avec le chanteur de Rammstein, duo auteur d’un album un peu (beaucoup) mi-figue mi-raisin ("Fish On" restera un gros tube, le reste…). Après un vrai-faux temps d’attente de 5 ans, Pain va donc devoir confirmer sa bonne forme, l’« autre » groupe de « Peter Tägtgren d’Hypocrisy » avait en effet proposé un You Only Live Twice enfin homogène, après des albums bons mais pas aboutis (Rebirth, Psalms Of Extinction), qui avaient 3 hits puis plus rien (Nothing Remains The Same, Dancing With The Dead) ou qui étaient un peu décevants (Cynic Paradise). Un 7ème full-length varié et bourré de feeling, arrivant enfin à broder autour de ses singles. Peter Tägtgren reprend donc la direction de la maison après son escapade avec un ami allemand, pour un Coming Home qui va avoir charge de succéder à l’album le plus singulier et le plus réussi de Pain. Et tant pis pour ceux qui préféraient un nouvel Hypocrisy, 3 années tout de même après End Of Disclosure… Enfin après tout, si on est fan des deux, il y a toujours de quoi faire avec le sosie officiel de Johnny Depp.
Tägtgren ne changera donc pas grand-chose, un peu d’humour pour la pochette, un morceau simple efficace d’emblée avec un bon refrain ("Designed to Piss You Off"), et c’est reparti pour 10 morceaux de Metal-Indus dans lesquels il va falloir à minima extraire de nouveaux tubes, en espérant des surprises par ailleurs. Et derrière un morceau d’ouverture enthousiasmant et intéressant grâce aux sonorités diverses qui témoignent toujours des influences de Tägtren pour Pain (Hard-Rock notamment), Coming Home va réussir à assurer, pour un temps au moins. Déjà avec un "Call Me" hyper dynamique et couillu, qui bénéficie de l’apport de pas moins 3 invités : Joakim Brodén de Sabaton pour quelques vocaux enjoués, Sebastian Tägtgren - le fils de 17 ans de Peter - derrière les fûts, et surtout Ardek le claviériste de Carach Angren qui va apporter une petite souche sympho bienvenue, pratiquement à l’ensemble de l’album d’ailleurs ("A Wannabe", "Black Knight Satellite", "Coming Home", "Starseed"…). Un pur tube à la Pain finalement, suivi de près par deux autres tueries : l’entraînant "A Wannabe", au riffing percutant qui contraste avec les instrumentations acoustiques et symphoniques, et au refrain incisif avec un Peter qui s’égosille ; et l’excellent "Pain in the Ass" particulièrement efficace et tranchant, rappelant d’ailleurs le meilleur de Lindemann pour cette capacité à dégommer l’espace sonore à grands coups de riffs simples mais mordants.
Alors ça y est, les gros tubes sont placés, Pain va encore continuer à faire une suite d’album plan-plan sans intérêt ? On peut le craindre. "Black Knight Satellite" est un single un peu mou et anecdotique, "Coming Home" se la joue Power-ballad un brin touchante, mais ça passe bien et Pain réussit à garder sa bonne forme, les hits sont passés mais ça reste tout à fait correct, sans toutefois égaler certaines pistes de You Only Live Twice. En revanche, carton rouge au plus « Rock » et ridicule "Absinthe-Phoenix Rising", qui est assez calamiteux à tous les niveaux. Heureusement, ça sera la seule vraie erreur de parcours de ce Coming Home au minimum satisfaisant. "Final Crusade" ne paye pas de mine mais fonctionne grâce à quelques instrumentations bien senties et des écarts de voix originaux. Vers la fin, on commence même à entendre des riffs bien lourds plus orientés néo/groove que Metal-Indus. Ce qui va d’ailleurs déboucher sur un "Natural Born Idiot" franchement surprenant, avec son riffing gras et sautillant, on croirait limite entendre du KoRn récent façon gros Metal-Indus. Mais ça reste du pur Pain avec le chant de Peter Tägtgren, qui d’ailleurs nous offre un refrain imparable. Et voilà que de manière inattendue, nous tenons ici l’autre tube de Coming Home, enfoui au fond de l’album mais qu’il ne fallait pas rater pour trouver un Pain qui ose et qui réussit.
Reste un "Starseed" plus aéré mais pas indispensable pour clôturer l’affaire de 41 minutes. Un bon album de Pain indéniablement au bout, qui a certes quelques petits coups de mou mais Tägtgren a encore quelques idées pour ne pas donner dans l’enchaînement de morceaux sans relief comme il le faisait par le passé. Depuis Psalms Of Extinction, il semble clair que Pain a pris une autre dimension, ce n’est pas pour rien qu’il est passé par de gros labels internationaux d’ailleurs, surtout quand on se souvient qu’à ses débuts Pain était cantonné au marché suédois… Après le conceptuel You Only Live Twice, Pain est ici revenu à des schémas plus classiques, gagnant en vrais hits ce qu’il perd en homogénéité, mais la barre tient bon dans l’ensemble. Si l’on exclut quelques petits défauts de forme (comme le chant de Peter parfois limite-limite voire forcé ("Designed to Piss You Off", "Black Knight Satellite", "Starseed"), l’électro légèrement kitsch voire dangeureusement dubstepisante par moments, et cette prod un peu rustre mais c’est peut-être le son des promos de Nuclear Blast que je n’avais pas tâté depuis des années…) et 2-3 morceaux à oublier, Pain parvient donc à garder son inspiration et sa science du tube Metal-Indus, en plus de quelques petites nouveautés qui font mouche comme ces effets sympho et ces riffs grassouillets. Cela n’est pas suffisant pour dépasser le classieux You Only Live Twice mais Pain assure l’essentiel, plus que le minimum syndical même, c’était ce qu’on pouvait attendre, Coming Home n’est pas un Cynic Paradise bis ou une tentative maladroite de capitaliser sur Lindemann. Bon, maintenant, place à un nouvel Hypocrisy cher Peter !
Tracklist de Coming Home :
1. Designed to Piss You Off (3:54)
2. Call Me (4:13)
3. A Wannabe (4:15)
4. Pain in the Ass (4:06)
5. Black Knight Satellite (3:41)
6. Coming Home (4:40)
7. Absinthe-Phoenix Rising (3:40)
8. Final Crusade (3:54)
9. Natural Born Idiot (4:16)
10. Starseed (4:44)