"Les vrais savent, les vrais font".
Il est à mon avis aussi inutile qu'indélicat de vous faire un cours histoire sur l'impact qu'a pu avoir Pantera sur le Metal dans les années 90. S'il est des groupes qui aiment à garder une aura de mystère, les Cowboys From Hell ont très tôt tissé des liens particuliers avec leur public, s'affichant comme des garçons fêtards et bruts de décoffrage proches des fans et de leur réalité au quotidien. Au travers des interviews (et aussi évidement des célèbres "Vulgar Videos"), Pantera s'est construit une image de groupe allant toujours plus loin en tapant toujours plus fort... que cela soit en musique où dans les provocations et les conneries les plus absurdes.
Mais au fil du temps et au fur et à mesure que l'érosion du succès commençait à avoir raison de l'unité des quatre gaillards, le pelage du félin à commencé a se faire plus terne et le ton a progressivement changé. A la consécration de "Far Beyond Driven" a succédé les embrouilles, jusqu'au déchirement et au drame qui a pour toujours ensanglanté le groupe.
Des quatre panthères, le bassiste Rex Brown est certainement celui qui était le plus discret, ombragé par le charisme d'Anselmo, le talent de Dimebag et la gouaille de Vinnie Paul. Ajoutez à cela un coté réservé et vous obtenez l'image d’Épinal du metalleux bourru. Cependant, minimiser son rôle dans le succès du groupe serait une erreur. En effet, dans une configuration comme celle de Pantera et avec deux musiciens aussi doués que les frères Abbott, il fallait un "liant" de qualité. Capable à la fois d'accompagner les envolées solistiques du guitariste et de consolider les fondations rythmiques de Vinnie Paul, Rex Brown apportait au groupe sa rigueur acquise lors de sa formation théorique, tout autant capable de lire une partition que d'accompagner des musiciens de Jazz en session Jam. Une écoute attentive de certains de ses fills montre de toute façon que le bougre n'était définitivement pas manchot. Mais aujourd'hui, ce sont les mots du barbu qui nous intéressent avec "Pantera, la véritable histoire. Souvenirs électriques d'un bassiste dans la tourmente" traduction française de l'auto biographie de Rex parue en 2013 "Official Truth 101 Proof : The inside story of Pantera".
Dans les glorieuses années moins présent dans la presse que ses collègues, Rex ne s'est jamais gêné pour répéter qu'il n'aimait pas les interviews. Très vite cependant, les fans se sont rendu compte que ce n'était pour autant que le bougre n'avait rien à dire et qu'il occupait une place stratégique entre les frères Abbott et Anselmo, un peu comme l'élément de raison au milieu de personnalités excessives. Son point de vue est donc très intéressant dans la mesure où il éclaire les marqueurs importants de la vie du groupe d'une lumière sans fard... découvrant un Rex qui ne mâche pas toujours ses mots.
Pas toujours tendre avec ses anciens camarades, Brown ne zappe pas les addictions d'Anselmo, l'attitude bourrine de Vinnie Paul et l'insouciance quasi irresponsable de Dimebag. Plus positif sur plusieurs passages (la montée en puissance et les succès du groupe sont décrits avec une émotion diffuse), le bassiste réfrène cependant difficilement une nostalgie amère, face non seulement au drame qui à détruit le groupe mais aussi face aux incompréhensions qui en ont charcuté les fondations.
Il persiste une gravité latente qui plombe un peu le propos général d'autant que lorsque les règlements de compte pointent le bout de leur nez, Brown ne fait pas vraiment dans la demi mesure.
Mais même dans la description de cette trajectoire funeste et de son alcoolisme tenace, Rex Brown n'oublie pas le bonheur et la joie qu'a pu apporter Pantera à tant et tant de personnes en décrivant avec nostalgie les grands événements de la vie du groupe.
"Pantera, la véritable histoire..." est donc un livre intéressant à lire pour les fans du groupe qui apprendront forcément aux détours de plusieurs anecdotes méconnues des éléments encore inédits inhérents au combo. En attendant peut être un jour des auto biographies de Vinnie Paul et Phil Anselmo qui sait ?
