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Album

16 août 2016 - ZSK

Periphery

Periphery III : Select Difficulty

LabelCentury Media / Sumerian Records
styleDjent
formatAlbum
paysUSA
sortiejuillet 2016
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

« Déjà ??? », c’est ce que je me suis dit lorsque Periphery a annoncé, à peine un an après la sortie de Juggernaut, la parution d’un nouvel album cet été. D’autres groupes se sont déjà cassés les dents sur l’autel de la productivité (et il n’y a pas besoin d’être spécialement hyperactif pour cela - suffit de voir le dernier Illdisposed), et Periphery qui ne se renouvelle pas spécialement d’album en album quand bien même il affine son style, n’est déjà pas à l’abri de l’« album de trop ». Mais pour la Légende du Djent, les choses sont différentes quand on connaît la créativité folle de Misha « Bulb » Mansoor, un temps tête pensante du groupe mais désormais, l’alchimie entre les 6 membres de Periphery semble parfaite. Juggernaut avait témoigné de cet état de fait et on ne peut pas en vouloir au groupe de surfer sur sa vague d’inspiration actuelle. Et si Bulb aurait tout à fait pu continuer à puiser dans son impressionnant répertoire de démos, depuis Periphery II : This Time It’s Personal (2012) les compos proposées sont 100% inédites, même si je ne suis jamais allé réécouter patiemment toutes les démos de Bulb pour voir si un riff n’aurait pas par hasard été réutilisé… 18 mois après la sortie de Juggernaut (double album rappelons-le, ce qui rend la performance actuelle du groupe encore plus notable), Periphery est donc déjà de retour pour un 4ème album, non pas nommé Periphery IV mais curieusement Periphery III : Select Difficulty. Plus conceptuel, Juggernaut était donc un album à part, et désormais le groupe américain semble reprendre son chemin discographique comme si de rien n’était.

Et d’ailleurs, après ce Juggernaut très travaillé et un poil différent avec le recul (un Alpha simple et bourré de hits et un Omega légèrement expérimental), Periphery III : Select Difficulty va reprendre les choses là où le groupe les avait laissées avec Periphery II : This Time It’s Personal. On le sait, après un Periphery (2010) encore très foufou qui témoignait des débuts du Djent avec son inspiration Meshuggah omniprésente, Periphery avait déjà évolué avec son second album « personnel cette fois-ci », se rapprochant d’un Metal mainstream à l’américaine, dangereusement pour certains. D’ailleurs Juggernaut : Alpha avait quelque part enfoncé le clou mais Juggernaut : Omega montrait que le groupe en avait encore sous la semelle et n’était pas déterminé à abandonner son penchant Djent le plus couillu. Periphery III : Select Difficulty va entériner tout ça, avec encore une fois toutes les facettes de Periphery mais cette fois-ci sur un seul disque, complet et cohérent. Du Djent qui cogne, des mélodies, du chant gueulé à fleur de peau, du chant clair lumineux, de la lourdeur, des atmosphères, c’est la tambouille de Periphery qui grâce à son inspiration, rend son « Djent mainstream » efficace et accrocheur en toutes circonstances. Etant au top que ça soit sur le fond ou sur la forme (avec une prod cossue comme d’habitude), Periphery n’a plus qu’à dérouler de nouveaux tubes. Même si quelques aspérités seront au rendez-vous, le vrai renouvellement, ça ne sera pas pour cette fois-ci encore, mais quand le groupe est dans une telle forme de compétition, il lui suffit juste de faire ce qu’il sait faire et de pondre un très bon album pour convaincre, et confirmer son potentiel plus de 10 ans après sa formation avec ce « troisième album », en général l’album de la confirmation…

Mais en commençant par un morceau du nom de "The Price Is Wrong", il ne faudrait pas qu’il y ait tromperie sur la marchandise… Et pour le coup, Periphery va surprendre. Pas le temps de niaiser, les américains démarrent d’emblée sur de gros riffs bien râpeux et un Spencer Sotelo qui s’égosille. C’est qu’on croirait presque que cette nouvelle marchandise va nous réserver en réalité un retour aux sources. Retrouvant le dynamisme purement Djent de ses débuts, Periphery n’hésite aussi plus à pencher clairement vers des oripeaux néo, avec des riffs bien gras et même du chant plus saccadé, mettant à jour ses autres influences déjà assumées par le passé (il faut se remémorer la reprise de "The Heretic Anthem" de Slipknot en bonus de Periphery II : This Time It’s Personal et les morceaux très néo de l’EP Clear comme "The Parade of Ashes"). Plus surprenant encore, "Motormouth" enchaîne avec le même type d’hostilités, avec un Spencer à l’avenant qui s’énerve comme jamais. Ce n’est donc qu’après 3’30 du deuxième morceau de l’album que nous avons droit à la première occurrence de chant clair ! En sélectionnant la difficulté, Periphery semble donc avoir choisi d’entamer son nouveau jeu en mode « Hard ». Mais la réalité est tout autre et en habiles manipulateurs de contrastes, les américains vont bien vite basculer en mode « Easy ». Le Djent easy-listening, c’est un peu la marque de fabrique du groupe désormais, et c’est à prendre ou à laisser. Mais quoi qu’on en pense, de ce côté le sextette a des talents pour nous pondre de vrais tubes de Djent dans son versant le plus frais. C’est ainsi que déboule "Marigold", le hit de l’album à grands coups d’effets symphoniques mordants, de riffs incisifs, et surtout un refrain mené de main de maître par Spencer Sotelo, qui montre définitivement les progrès qu’il a accompli après Periphery. Le tube de l’été, à reprendre en chœur en bagnole, ou sous votre douche si vous voulez rester trve à la vue d’un public.

Alors il est sûr que pour apprécier le Periphery actuel, il faut aimer le versant le plus « easy » de son art, qui devient facilement « cheesy » pour certains. Toujours dans cette limite, se place ainsi "The Way the News Goes…", avec un chant de Spencer très doux et des mélodies très cotonneuses, mais Periphery semble déterminé à explorer et dévoiler tous ses contrastes sans vergogne vu que ce morceau est également parsemé de riffs bien percutants et d’accélérations quasi-blastées (!). Tour à tour efficace grâce aux riffs et très enlevé grâce au chant de Spencer, "Remain Indoors" est l’autre réussite de cet album, avec des petites incursions électro à la "Alpha" qui font mouche d’ailleurs. Ensuite, il faut tout de même trier le grain de l’ivraie, et si Periphery est en bonne forme il risque quand même de faire grincer quelques dents dans une seconde partie d’album plus classique, enfin presque… Passons ainsi sur "Habitual Line-Stepper" un peu moins convaincant voire poussif, toutefois sauvé par une seconde partie plus épique et originale conclue par un final magnifique ; et "Flatline" qui pour le coup est assez médiocre, juste relevé par le très bon chant clair sur la fin. Le très mélodique "Absolomb" demeure correct bien qu’il n’ait vraiment de spécial, mais l’autre surprise de Periphery III : Select Difficulty est à venir et se nomme "Catch Fire", sorte de TesseracT récent mixé à du chant néo sur les couplets, morceau très déroutant mais assez réussi notamment grâce à son excellent refrain. Mais il faut aimer…

Ce troisième quatrième album de Periphery se termine bien avec le très bon "Prayer Position", classique mais bien musclé et bénéficiant d’un super refrain, et le beau final tout en douceur "Lune". Moins homogène que Juggernaut : Alpha voire que Periphery II : This Time It’s Personal, Periphery III : Select Difficulty n’est pas évident à digérer, mais le résultat est globalement bon, surtout que les premiers extraits dévoilés étaient un peu décevants sans le contexte de l’album. Avec quelques longueurs (l’album atteint tout de même 64 minutes et est inutilement rallongé par des outros atmosphériques de certains morceaux) et donc des morceaux comme "Flatline" assez en-dessous du reste, Periphery III : Select Difficulty n’est pas le chef-d’œuvre de Periphery, mais reste nettement satisfaisant car on sent bien que le groupe est inspiré par l’alchimie entre ses membres, et un peu plus d’un an après Juggernaut on ne sent à aucun moment le syndrôme de l’« album sorti trop vite après le précédent ». Il s’étiole un peu au fil des écoutes, mais malgré le classicisme apparent Periphery parvient encore à surprendre avec le début d’album très puissant, et des influs néo de plus en plus assumées qui donnent des bizarreries ("Catch Fire"), tandis que les tubes sont toujours là ("Marigold", "Remain Indoors"), succédant à "Alpha" et autre "The Bad Thing". Certes, le « style » semble désormais réservé aux purs fans capables de supporter les excentricités du groupe et la voix lumineuse de Spencer Sotelo, et cet album n’est pas un retour aux sources comme certains l’avaient cru, et si Periphery III : Select Difficulty n’est pas vraiment leur meilleur album, il se place bien dans une discographie finalement assez homogène qui montre que Periphery a suivi sa propre voie et reste droit dans ses bottes, et montre toute sa maîtrise d’un genre qu’il a lui-même contribué à créer. Alors comme d’habitude : « Periphery ! Love That Shit ! ».

 

Tracklist de Periphery III : Select Difficulty : 

1. The Price Is Wrong (3:56)
2. Motormouth (4:50)
3. Marigold (7:19)
4. The Way the News Goes... (5:03)
5. Remain Indoors (6:10)
6. Habitual Line-Stepper (6:52)
7. Flatline (5:50)
8. Absolomb (7:43)
9. Catch Fire (3:53)
10. Prayer Position (4:36)
11. Lune (7:47)

 

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