Fall Of Summer 2016
Jessica
Plus c’est bête plus ça me parle, sauf des fois…
En deux éditions le Fall Of Summer s’est déjà imposé comme l’un des rendez-vous immanquables de la fin de saison des festivals, proposant chaque année une affiche mêlant la crème des musiques extrêmes il était important d’en savoir un peu plus, c’est pourquoi Horns Up a posé quelques questions à Jessica, la programmatrice de l’évènement.
L'affiche finale dévoilée le 8 août dernier.
Horns Up : Salut Jess, on est à peine à un mois de l’évènement, comment te sens-tu à l’approche du festival ?
Jessica : Comme tous les ans, fatiguée, c’est sûr que faire un festival en septembre, il ne faut pas avoir envie de passer un été tranquille, mais bon c’est normal c’est la dernière ligne droite ça fait partie du jeu.
Horns Up : Cette année il s’agira de la troisième édition, tu as déjà eu deux éditions bien remplies, quel en est ton bilan jusqu’à présent ?
Jessica : Les deux dernières éditions se sont assez bien passées effectivement, on a eu des bons retours même si il y a toujours des choses à revoir comme lors de la première année où c’était le camping, je pense qu’on l’a pas mal amélioré cette année. Le problème de l’année c’était plus la restauration et le nombre de toilettes, pour la restauration on a pas mal joué de malchance entre les machines qui n’ont pas marché et certaines organisations logistiques qui sont d’ores et déjà revues.
Après d’un point de vue artistique je pense que oui c’est positif, financièrement c’est beaucoup plus mitigé ce qui nous rend les choses un peu plus compliquées parfois évidemment. Mais globalement je pense qu’on a pas trop à rougir ni à avoir honte.
Horns Up : Pour ce qui est de la programmation de quelle façon procèdes-tu ? Es-tu seule à t’en charger ?
Jessica : Pour ce qui est de la programmation je n’hésite pas à demander l’avis à des gens assez proches de moi, après c’est moi qui prend les décisions finales, donc oui globalement je suis seule mais je n’hésite pas à demander l’avis de personnes que j’estime compétentes sur le sujet.
Horns Up : Du coup quelles sont les principales difficultés que tu rencontres à ce sujet ?
Jessica : Le plus dur c’est le fait de vouloir une affiche assez intéressante, assez pointue mais qui en même temps ramène assez de gens pour pérenniser le festival. Donc il faut quand même attirer des gens sans pour autant faire n’importe quoi ou trahir les gens qui nous soutiennent depuis le début et qui seront plus là pour les raretés, mais c’est sûr qu’on ne peut pas avoir que des groupes tels qu’Abigail sinon on irait malheureusement droit dans le mur. La balance entre chaque style peut l’être aussi, on a par exemple plus de facilité pour le black metal dans la mesure ou nous possédons un vrai puits en Europe, alors que pour le death metal ou le thrash les groupes accessibles sont bien souvent ceux qui tournent souvent. A coté de ça on s’efforce de ramener des groupes plus rares tels que Whiplash ou Exciter. Donc oui l’un des grosses difficultés réside sur cet équilibre afin de ne laisser personne de côté.
Horns Up : Justement Whiplash à récemment annulé sa tournée européenne, qu’en est t’il de leur participation ?
Jessica : Aucun souci, Whiplash jouera bel et bien dans la mesure où ils effectuent une date unique dans le cadre du Fall Of Summer et n’interagit donc pas avec leur tournée annulée.
Horns Up : Pour ce qui est du site, il reste particulièrement atypique notamment grâce à la présence de cette scène en bord de lac, sans vouloir vous porter la poisse vous avez déjà anticipé ce qui pouvait se passer si de mésaventure le temps était contre vous ?
Jessica : Ca fait deux ans effectivement que j’y pense, tout en ne l’espérant pas, donc oui j’ai déjà pensé à certaines choses qui pourraient nous aider dans ce cas. Ensuite tant que l’on ne l’a pas vécu c’est un peu difficile d’estimer les problèmes. Pour ce qui est de la scène sablée ça n’est pas forcément un énorme problème car à moins d’avoir des crues comme celle que l’on à connu récemment à Paris, le sable réagit plutôt bien à la pluie.
Horns Up : Les horaires quant à eux ont changé entre la première et la deuxième année, avec des horaires moins tardifs l’an dernier, avez-vous eu certaines contraintes de ce genre encore cette année ?
Jessica : Alors oui la première année on a fini à 3h du matin sans trop de souci, le problème c’est qu’en mai 2015 il y a eu un festival d’electro qui s’est mal passé avec pas mal de plaintes des riverains et du coup on nous à dit « Ha bah ça va pas être possible de finir après minuit cette année » mais on nous aussi dit que si on jouait le jeu il y aurait sûrement moyen de négocier les horaires les autres années, mais c’est sûr que pour nous c’est embêtant notamment en ayant autant de groupes de black metal de finir si tôt.
Horns Up : Revenons un peu plus en profondeur sur l’affiche de cette année, je sais que l’an dernier ton vrai coup de cœur c’était la doublette Sabbat/Metalucifer, est-ce que cette année il y’a un groupe qui te tient particulièrement à cœur ?
Jessica : Je pense que ça s’en ressent un peu parce que je n'arrête pas de parler d’Exciter à tout le monde, c’est un groupe auquel je tiens depuis la création du festival, pour l’instant je ne suis pas déçu les échanges se passent très bien et ils ont l’air particulièrement contents de jouer sur notre affiche, et puis c’est toujours mieux de parler directement aux groupes plutôt que par des agents qui ne te facilitent pas toujours la tâche. Là humainement ça se passe très bien et j’ai hâte de voir ça.
Horns Up : Dernièrement il y a eu pas mal de polémiques par rapport au Ragnard Rock Festival où la programmation flirtait quelques fois avec la politique notamment d’extrême droite, pour toi c’est une réelle limite dans tes choix artistiques ou est-ce que tu peux passer outre et programmer ce que bon te semble ?
Jessica : C’est effectivement le genre de choses qui pourrait m’empêcher… qui m’empêche de faire jouer des groupes, y’a certaines limites à ne pas dépasser. Autant je pourrais faire jouer des groupes qui peuvent être borderline sur certains aspects comme Deströyer 666 ou Impaled Nazarene autant certains j’en serais incapable. Quand des gens me réclament des groupes comme Absurd ça me paraît inconcevable pour moi de proposer ce genre de groupes au Fall Of Summer. Pour moi quand tu commences à mêler ce genre d’idées à la musique on ne peut pas te plaindre si ton groupe ne joue pas c’est de leur responsabilité. Je n'ai pas envie de devoir commencer à me justifier auprès d’un tel ou d’un tel en disant « oui mais non mais ce n’est pas ce que vous croyez… »
Horns Up : En 2007 Ben Barbaud annonçait ne pas vouloir faire du Hellfest un Wacken à la française, depuis on a bien vu comment les choses ont évolué, est-ce que toi tu t’imposes une limite en terme de capacité ?
Jessica : Mon but ça n’a jamais été de faire un Download ou un Hellfest, ni même de faire plein de compromis ou autre pour gagner plein d’argent etc.. Moi mon but c’est de continuer à faire ma vie tranquillement tout en faisant survivre mon festival. Mon ambition ce n’est pas l’argent ou autre, juste rester honnête avec mon public et surtout avec moi-même. La limite que je pourrais me fixer ça serait de ne pas faire quelque chose de plus gros que le Party San qui est déjà très gros. 5000/6000 personnes ça me parait pas mal.
L’idée c’est de proposer des choses utiles aux festivaliers, avoir une grande roue c’est surement sympa mais personnellement ce n’est pas ce qui m’intéresse. Proposer un bar à bières ou améliorer la restauration me parait plus important.
Horns Up : Je sais que tu fais pas mal de festivals à l’étranger, est-ce que tu as des préférences particulières ?
Jessica : Pour commencer ma première expérience en festival c’était quand j’avais tout juste 18 ans c’était le Graspop et je sais que j’ai été super impressionnée à l’époque, je ne sais pas si je pourrais retourner au Graspop maintenant. Quand on débute en festival et dans le metal d’une manière générale on cherche avant tout à voir des têtes d’affiches mais bon après les avoir quasi toutes vues à un moment donné on cherche plus la découverte ou la surprise, et pour ça on se dirige forcément vers les festivals plus petits.
J’aime beaucoup les festivals comme le Keep It True parce que j’aime bien le thrash et le vieux heavy et qu’il représente un certain état d’esprit. J’ai également fais le Muskelrock récemment, c’est clairement plus convivial et à l’image de ce que je recherche.
Horns Up : Pour conclure où est-ce que tu vois le Fall Of Summer d’ici 5 ans ?
Jessica : Ce que j’aimerais comme je te l’ai dit ça serait un festival de 5000/6000 personnes, qui roule bien, qui me permette d’avoir des vacances dans l’année, que les gens nous fassent confiance sans problèmes tout en sachant qu’on ne se repose pas sur nos acquis, si dans 5 ans on est encore en train de lutter comme aujourd’hui ça serait fatiguant. Ce n’est pas facile mais on y travaille d’arrache-pied.
Horns up : Merci à toi Jessica pour ses réponses.
Jessica : Merci à toi et à Horns Up pour cette interview.
Interview réalisée à la mi-juillet.
- Notre report de la dernière édition est toujours en ligne : Jour 1 / Jour 2 -