Let Mortal Writers Draft Your Fame - Part 6
mercredi 17 août 2016Du War Black Atmosphérique ? C'est possible
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Retour à cette portion du dossier sur les groupes influencés par Summoning. Dans la partie précédente, je vous ai présenté quelques (trop de) reprises. J’essaierai de ne pas revenir sur ces mêmes groupes dans cette sixième partie, mais plutôt de vous présenter quelques autres projets qui revendiquent leurs influences, sans tomber dans la pâle copie non plus !
Bien évidemment, je ne vais pas faire le tour des groupes existants non plus, déjà parce que je n’ai pas une connaissance infinie, et parce que la flemme quoi :p N’hésitez donc pas à laisser un commentaire à la fin pour suggérer vos meilleures trouvailles !
Les incontournables
Passons à présent à quelque chose de plus intéressant que des covers. Bien évidemment, nombre des groupes précédemment présentés ont leurs propres compos, pour la plupart aux inspirations Summoning-esques, mais tous ne sont pas intéressants pour autant.
Ici, je veux vous présenter quelques groupes que je juge incontournables si vous vous intéressez à ce que l’influence de Summoning a produit de meilleur. Et bien évidemment, commençons par le plus connu, j’ai nommé Caladan Brood, et son album Echoes of Battle, sorti en 2013 !
Le duo de Salt Lake City a toujours cherché à garder son anonymat, mettant en avant l’argument que la musique était tout ce qui comptait [1]. Toutefois, je suspecte fortement les gars de Visigoth d’être associés de près à tout ça, par la présence de Leeland Campana et Patrick O’Malley sur les chœurs en fin d’album. De plus, même si ça n’a jamais été formellement dit par le groupe à ma connaissance, c’est putain de Jake Rogers au chant.
Petite parenthèse pour vous présenter le bonhomme. Jake Rogers est tout simplement l’un de mes musiciens préférés de la scène actuelle. Vous le connaissez peut-être par Visigoth ou bien Gallowbraid, son projet le plus connu, mais le bougre a aussi participé au chant sur les deux derniers albums de Catuvolcus ainsi que sur l’album d’Utstøtt (entre autres) ! Il a un chant vraiment particulier, reconnaissable entre mille, qui colle juste à la perfection avec tout ce qui peut avoir une dimension épique. Allez écouter la cover de Necropolis de Manilla Road par Visigoth, tiens ! Bref, si vous voyez son nom sur un projet, foncez, c’est un putain de bon signe !
Mais revenons-en à Caladan Brood ! Leur unique album est extrêmement proche de Summoning, notamment au niveau des atmophères, du rythme et de la beauté des morceaux. Les lignes de chant sont aussi très proches, ainsi que le mode opératoire. Si Summoning honore Tolkien, Caladan Brood base son univers sur les écrits de Steven Erikson, et particulièrement sur la série de romans Malazan Book of the Fallen. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre parler de Caladan Brood comme d’un « Summoning avec du chant clair », et ce n’est pas complètement faux je pense.
Je ne ferai pas l’apologie de toutes les compos, je pense qu’ouvrir une section intitulée « les incontournables » par cet album me semble assez évocateur. Je concluerai donc en disant que pour moi, Caladan Brood est à Summoning ce que Gruesome est à Death, un magnifique hommage empli de passion, tout en foisonnant d’une inspiration propre.
Restons à Salt Lake City avec l’album Tides of War de Ered Wethrin, sorti en 2014, et dont le layout de la pochette a été réalisé par Jake Rogers (ça sera du bon, donc !), et la pochette par Dan Capp (artworks pour Burzum, Visigoth…).
Aux commandes de l’album, on trouve Sven Smith, qui officie aussi dans Winterlore. Le son de gratte est donc assez similaire aux compos de ce dernier groupe, et l’ensemble de l’album est proche d’une version Atmospheric Black assez épique de Summoning.
Si l’album n’est pas pour moi une merveille non plus, je le trouve toutefois très bon, notamment grâce à une voix très influencée par Summoning qui colle parfaitement à la dimension épique sombre des compos. Bref, à écouter plus d’une fois !
Emyn Muil… Difficile pour moi de départager ce groupe de Caladan Brood au rang du plus bel enfant de Summoning à avoir vu le jour. Ce projet tout droit venu d’Italie est d’une puissance sans nom. Exit le côté sombre de Ered Wethrin, ici on joue dans le grandiose, avec des passages ultra épiques agrémentés de tapis de double-pédale et d’orchestrations puissantes, entrecoupés de moments plus posés, qui amènent à nouveau vers des portions atmosphériques, mais toutes aussi puissantes !
Les compos sont belles, originales, et ont ce je-ne-sais-quoi qui me feront toujours me lever sur mon bureau au boulot pour brandir une épée en versant des larmes. Bordel, mais ce riff de fin sur Túrin Son of Húrin !!! C’est merveilleux !!! Putain, qu’est-ce que je fous là-haut encore ?
Sinon, pour vous parler un peu de ce qui tourne autour, Emyn Muil est l’un des trois projets de Saverio – Nartum – Giove, avec Valtyr et Ymir. Nartum a monté son propre « label » pour ses projets perso, Nartum Music Projects, dont s’est extrait Emyn Muil pour rejoindre les rangs de l’écurie Allemande Northern Silence Productions, chez qui on trouve un paquet de belles choses, dont beaucoup sont citées à un moment ou à un autre de cet article.
Il a été question à un moment d’un split entre Caladan Brood et Emyn Muil (je défaille). Si l’idée n’est pas enterrée, elle n’est pas non plus à l’ordre du jour, Nartum travaillant actuellement à la sortie de son prochain album [2] !
Remontons un peu dans le temps pour trouver en 2006 l’unique sortie du projet Australien Kinstrife & Blood : On Paths Long Forgotten…Luke – Balam – Mills (que vous connaissez peut-être via Drowning the Light) propose ici un Black Metal Atmosphérique faisant la part belle à des mélodies assez répétitives au clavier, donnant à l’album ce petit côté envoûtant qu’a Dol Guldur.
L’album est très bon, et faisait figure de meilleur Summoning-worship existant jusqu’à 2013 ;) Le projet aurait dû voir naître un second album, avec Mitchell – Desolate – Keepin (Temple Nightside, Woods of Desolation) au chant, mais il est je crois tombé dans l’oubli entre temps.
Enfin, il me reste à évoquer le one-man band Californien Mirkwood, à ne pas confondre avec le projet du même nom de Silenius. Les compos de Mirkwood ont une dimension bien épique, et le style est assez proche de Summoning, sans en devenir une pâle copie non plus. Si vous ne voulez écouter qu’un morceau, penchez vous sur Winter Path ou Journey’s End tirées du premier album, que je trouve vraiment cool.
Le problème principal du projet réside dans le mix assez inégal, la batterie étant un peu noyée par rapport aux samples. Pour le reste, les compos sont variées, et le chant est vraiment propre pour le style. Quoi qu’il en soit, c’est du bon, allez-y !
Les un-peu-moins-incontournables-mais-cools-quand-même
Un peu moins connu que les précédents, mais toutefois assez intéressant, l’album In Hoc Signo Vinces du one-man band Italien L’Ordre du Temple se démarque des autres Summoning-worship par sa proximité plus étroite avec le Dungeon Synth, notamment par l’utilisation de samples qui ne dénoteraient pas dans une suite de Chrono Trigger par exemple.
Assez étrangement, je vois émerger un réel engouement pour Moongates Guardian ces derniers temps. Leurs albums sont sympathiques, mais ne se démarquent pas non plus vraiment de la masse des Summoning-worship qu’on peut trouver. A mon avis, ça vient du côté prolifique du duo russe, qui en est déjà à une douzaine de sorties (tous formats confondus) depuis 2013.
Attention ! Je ne dis pas non plus que ça n’est pas bon, hein ! Clairement, ça s’écoute bien. Le single Lament for Gandalf par exemple contient des passages assez variés et bien réalisés, c’est juste que ça ne passe pas le cut pour rejoindre les incontournables non plus.
Je termine cette section (oui, c’est relativement court, mais là si je ne me limite pas, j’en ai pour un loooong moment) par le one-man band Autrichien Rivendell. Le projet intègre à une base à la Summoning des influences Folk assez sympathiques faisant souvent penser à Falkenbach, ainsi que des chœurs qui rappellent parfois certains morceaux de Moonsorrow. Bref, Rivendell n’est pas quelque chose d’unique, mais ça mérite quand même une écoute.
Les neveux et nièces
Difficile de savoir où placer Elffor. Le bougre d’Eöl aurait tout autant eu sa place dans la case des incontournables, tant l’influence Summoning se ressent dans ses albums, et tant ces albums sont magnifiques !! Si je le place ici, c’est surtout car son dernier album, Malkhedant, sorti en ce début d’année, témoigne d’une maturité musicale assez exceptionnelle pour un Summoning-like qui s’est émancipé à travers les années.
Si vous ne connaissez pas Elffor, donc, jetez-vous sur ses albums, sans réelle distinction duquel est le meilleur. Ici, on nage tantôt dans un Black Epique aux relents médiévaux, tantôt dans un Dungeon Synth sombre tout aussi épique. Toutefois, un point qui reste à travers l’intégralité de la discographie est la profondeur des ambiances posées par les compos !
Maxwell vous en avait déjà parlé en vidéo dans son top 2015, ce second album du one-man band Australien Midnight Odyssey, Shards of Silver Fade, est un peu un « Summoning de l’espace ».
Je ne me prononcerai pas sur le premier album du groupe, que j’ai assez peu écouté, mais ce qualificatif me paraît assez approprié pour ce second album ! Les compos mêlent avec brio des envolées puissantes à mi-chemin entre le Post-Rock et l’Ambient Black, et des mélodies épiques à la Summoning soutenues par des parties grattes ultra efficaces. Rajoutez à ça un chant clair magnifique, qui prend des couleurs plus Black Metal sur les envolées, et vous avez là près de 2h30 de beauté !
Si les premiers albums du one-man band Suédois Lustre (par exemple They Awoke to the Scent of Spring) le placent dans la case Summoning-worship, le projet s’est peu à peu émancipé pour développer sa propre identité. Le dernier album en date, Blossom, me paraît être la parfaite illustration de ce que peut devenir un projet à l’origine sympathique qui se détache de ses influences initiales pour y incorporer sa propre pâte. La dimension épique de Summoning est gardée, mais Lustre accentue énormément le côté mélancolique, en privilégiant un chant plus plaintif ainsi que des riffs lents et des mélodies au clavier jouées avec des sons doux et tristes.
A noter que l’homme derrière Lustre, Henrik – Nachtzeit – Sunding, s’illustre aussi dans de nombreux autres projets, notamment à la composition de la musique pour Ered Wethrin (pas celui que je vous ai déjà présenté), que je n’ai pas mis dans les incontournables car je voulais l’évoquer ici, mais qui y mérite sa place ! Allez écouter l’EP All Song Ceased et dites-moi que ça n’est pas génial !
Conclusion
Bon, bien évidemment, j’ai raté plein de groupes, plus ou moins volontairement, dont probablement une bonne partie en Russie vu comment la scène y est prolifique, mais l’essentiel est là je pense. Dans le cas contraire, amusez-vous avec le champ de commentaires un peu plus bas pour apporter votre pierre à l’édifice !
En tous cas, j’espère que vous avez pu découvrir quelque chose qui vous plaît. Si vous voulez aller plus loin, vous pouvez aussi vous renseigner par exemple sur Arthar (Marching Heartless) ou Elderwind (Последняя зимняя ночь) qui tirent un peu plus vers le Black Atmosphérique, ou sur les dérivés de Windir à la Vindland (Hanter Savet), pas si éloignés de par la dimension ultra épique, mais qui sortent un peu trop du cadre quand même. Enfin, ça ne me paraît pas aberrant d'affirmer qu'une bonne partie de la scène Dungeon Synth actuelle descend en partie de Summoning. La piste à explorer est large ! Je vous avais déjà parlé un peu de Lord Lovidicus par exemple, mais vous pouvez aussi vous pencher sur les sorties de Deivlforst Records, ou sur les (nombreux) projets recensés sur les pages Facebook ou Bandcamp dédiées au style. Allez, un petit name dropping de sorties récentes pour la fin : Erang, Galdur, Thangorodrim, Murgrind, Sequestered Keep...
Et voilà pour ce dossier, qui aura occupé, vous l’imaginez bien, une bonne partie de mon temps libre ces derniers mois ! J’espère que ça vous aura plu, et je vous dis à la semaine prochaine pour une petite surprise afin de clore tout ça !
Références
[1] Interview de Caladan Brood par le webzine Lords of Metal.
[2] Page Facebook de Emyn Muil.