MoshFest 2016 - Jour 3
Secret Place - Montpellier
Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Après avoir lamentablement raté la première édition en 2015, je ne pouvais laisser passer cette seconde chance d'assister au MoshFest en ce mois de Mai 2016 (surtout avec Discharge en tête d'affiche). Mis en place l'an dernier par la TAF et la Mosher Team, ce festival propose 3 soirs de concerts successifs dans la salle « Secret Place » de Montpellier.
Comme l'indique le nom de l'événement, les groupes accueillis ne font pas dans la dentelle. Amateurs de musiques progressives et mélodiques, passez votre chemin ! Avec une programmation autant Punk que Metal, ce cru 2016 du MoshFest a de quoi satisfaire la plupart des amateurs de violence, voyez plutôt...
Je me concentre dans ce report sur le troisième et dernier jour de festival avec au programme Satan, Seekers of the Truth, Pulmonary Fibrosis, Benighted et Discharge !
Malheureusement, je n'aurai pas la chance de revoir les Grenoblois de Satan qui ont l'honneur d'ouvrir cette ultime journée de fest. En effet, j'arrive sur les lieux alors que le second groupe, Seekers of the Truth, s'apprête déjà à fouler les planches et, le temps de dire bonjour à la flopée de potes présents ce soir, je ne pourrai assister qu'à une infime partie du set. Mais le New-York Hardcore des Lyonnais a l'air de faire mouche au vu du public. La Mosher Team constitue évidemment la majeure partie de l'audience ce soir et la fosse en fait les frais. Ça fait du bien de voir autant de personnes dans cette salle, surtout lorsque celles-ci sont réactives et enjouées !
Pulmonary Fibrosis
Connaissant le public Punk montpellierain, je n’aurais jamais pensé qu’un groupe de GoreGrind ramènerait deux fois plus de monde dans la salle qu’un groupe de NY Hardcore. Mais c’était sans compter sur le public Metal, qui constitue il faut le dire une bonne partie de l’assemblée ce soir. Cela dit, contrairement à ce que beaucoup attendent, Pulmonary Fibrosis ne font pas dans le GoreGrind groovy pipi-caca pour tourner en rond sous une pluie de confettis, dont les métalleux sont si friands. À l’instar de rares autres groupes français, les poitevins pratiquent au contraire un GoreGrind old school et putride directement influencé par Carcass (comme le confirme le t-shirt du batteur). On retrouve certes le groove et les riffs bien gras, mais le groupe nous propose également de nombreux plans plus travaillés avec certains passages complètement épileptiques. Mais tout cela n’empêche pas notre public si enjoué de faire la fête comme il se doit dans le pit. Déguisements en tout genre, bouées, frites de piscine et autres objets gonflables, bref : un joyeux bordel ! Le couple guitare / basse est d’ailleurs lui aussi affublé de masques à gaz ou de tabliers de bouchers, histoire de coller à l’ambiance.
Musicalement, les passages les plus efficaces en live sont évidemment les gros riffs catchies à la Haemorrhage qui parviennent même à faire remuer les têtes les plus immobiles. La rythmique est très soutenue mais le kick de batterie est bien trop en avant, dommage. Le chant est également assez différent des versions studios. Le nouveau vocaliste possède un timbre plus agressif et rauque, et s’éloigne assez des grognements infrabasses des précédents chanteurs. Cependant, son jeu de scène désarticulé et titubant l’empêche de délivrer une prestation exemplaire. En effet, les micros de ce soir sont unidirectionnels et ne délivrent aucun son lorsqu’on ne les place pas bien en face de la bouche (ce qui est souvent le cas ici). L’allure du frontman reste cependant marrante à regarder, et sied assez bien au concert. Micro dans la bouche, fil autour du cou, cul secs de bière en en foutant partout, etc. Pulmonary Fibrosis nous aura donc offert un concert en parfaite adéquation avec l’esprit du festival. Des musiciens bien allumés, un public en effervescence, un son pas toujours au top mais dans tous les cas un moment bien sympathique.
Benighted
Bon, je ne vais pas encore râler puisque cela fait quand même pas mal de temps que je n’ai pas vu Benighted. Mais que dire qui n’a pas déjà été dit… Ce groupe aime ses fans, et des fans ils en ont un bon paquet, ce soir y compris. C’est certainement le concert qui aura attiré le plus de monde ce week-end d’ailleurs. Une salle comble, un son correct, un public complètement à fond et des musiciens qui le sont tout autant. Malgré la lassitude après une dizaine de concerts du groupe, je me surprends moi-même à headbanguer et à taper du pied sur Slut, Grind Wit ou Fritzl. Cependant, malgré une heure de set, la setlist se concentre essentiellement sur les deux dernières sorties (et toujours les mêmes morceaux qui plus est). À part les deux titres suscités, pas grand-chose issu d’Icon, et plus aucun morceau d’Identisick… Dommage, ça aurait été pour moi l’occasion de retrouver un brin de nostalgie. Mais mis à part ça, tout le monde a l’air de prendre son pied. Circle pits autours du poteau au milieu de la fosse, walls of death, slams de partout… Bref, comme d’habitude. Julien, alias le Yannick Noah du Death Metal (pour les pieds nus hein, pas pour la voix) ne cesse de remercier le public entre chaque morceau et parvient toujours à entretenir l’excitation chez les fans. Malgré le coté redondant de la prestation, je dois dire que je n’avais pas vu un concert aussi blindé et dynamique à la Secret Place depuis bien longtemps. Ça fait tout de même plaisir !
Discharge
Voilà enfin pour moi l’attraction principale de ce MoshFest 2016 : la venue en fly-in des légendes britanniques de Discharge. Et quoi de mieux pour l’un des précurseurs du Crust que la salle de la Secret Place (et sans crash barriers s’il vous plait) ! Il s’agit de mon groupe préféré de toute la sphère Punk, et c’est la première fois que j’ai l’occasion de les voir. Je ne vous explique pas mon état… Premier constat : le bassiste et membre d’origine Rainy est absent. Heureusement, les frères Bones Roberts et Tezz Roberts sont là. Bien qu’ils soient maintenant tous les deux guitaristes, Tezz s’occupe ce soir de la basse en remplacement. Par ailleurs, Rat, vocaliste de The Varukers n’assure plus le chant chez Discharge depuis plus d’un an, ce rôle est désormais confié à J.J., illustre inconnu me concernant. Voyons voir ce que tout cela donne sur scène…
Et c’est sur la doublette Hear Nothing… / The Nightmare Continues (les deux premiers titres du mythique premier album) que débute le concert. C’est la liesse générale. Entre la Mosher Team présente depuis le début du fest, les quelques crusteux venus uniquement pour Discharge, et tous les autres fans dans la salle, le public devient complétement fou dès l’intro de batterie. Je perds tout contrôle de moi-même à ce moment-là, c’est pourquoi il m’est très difficile de décrire en détail ce concert.
La petite frayeur de milieu de set arrive lors de l’ultime Protest and Survive. En effet, le son de la guitare de Bones se met à grésiller puis à sauter en plein milieu du morceau, obligeant le groupe à continuer en mode basse / batterie / chant. Et après dix bonnes minutes de changements de jacks et d’amplis, le concert peut enfin reprendre. Le nouveau chanteur possède un timbre plus grave et grogné que celui de Cal, mais il arrive tout de même à faire le job. Les deux frères Roberts (basse / guitare) de chaque coté de la scène transpirent la classe avec leur allure stoïque et leurs traits marqués. Quel honneur de voir ces légendes à quelques centimètres de soi !
Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de titres de Why ce soir, la setlist se concentre tout de même essentiellement sur la période 80-82 pour le plus grand plaisir des fans. En plus de nombreux morceaux de Hear Nothing…, nous avons droit aux éponymes des EPs Fight Back, Never Again, State Control, Realities of War et Decontrol en final. Autant de titres mythiques qui rendent le public encore plus taré qu’il ne l’est déjà. On passe notre temps à se bousculer dans tous les sens, tomber sur la scène aux pieds des musiciens, se faire écraser par tous les slammeurs, bref : un concert de Discharge tel que je l’imaginais. Après une courte pause, les anglais nous proposent un rappel qui achève les derniers survivants de la plus belle des manières : une triplette The Possibility of Life's Destruction / The Blood Runs Red / Drunk with Power. Absolument terrible !
Merci à la TAF et à la Mosher Team pour cette seconde édition du MoshFest. Malgré l’annulation de Doom, je garderai un excellent souvenir de ce cru 2016. Merci à tous les autres groupes du festival et bien sûr au public, qui aura été assez conséquent et surtout réactif tout au long de ces trois jours. Pour ma part, exténué mais aux anges, je vous dis très certainement à l’année prochaine !