Je ne vous apprends sûrement rien en vous balançant que l'Amérique du Sud a toujours été une terre fertile pour le Thrash Metal. Mais si vous en êtes restés à la scène brésilienne des années 80 incarnée notamment par Sepultura, Attomica, Vulcano et Chakal, et ben... je dois admettre que c'est un peu dommage. Car, en ce moment, s'il y a bien une région du sous-continent qui vole un peu la vedette aux autres, c'est le Chili. A cet égard, je ne saurais trop vous conseiller d'aller jeter un œil à Force Of Darkness, Invisible Force et surtout au dernier Dekapited sorti en 2015 (Nacidos Del Odio).
Mais ne tergiversons pas trop et revenons-en à 2016 en cédant la place dès à présent à Ripper, groupe de Deaththrash à l'ancienne formé en 2007, qui nous revient dans les bacs avec un second album en main. Et si l'artwork est cette fois-ci beaucoup plus peaufiné avec ses couleurs ternes et son aspect flouté légèrement malsain, eh bien on est loin d'être en reste aussi une fois la lecture lancée.
Car c'est finalement un nouvel aller-simple pour la fin des années 80 que nous offrent nos Chiliens en nous imposant ce Thrash aux accents Death particulièrement fins et relevés. Presque tout droit sortie d'un Scream Bloody Gore ou d'un Darkness Descends, chaque compo se déverse ainsi en un flot intarissable de violence, à coups de riffs puissants et incisifs, le tout sans sentir le réchauffé une traître seconde.
Encore pas mal influencés par Kreator,quoique de manière plus fine que le précédent opus, les onze morceaux nous prodiguent ainsi de purs moments d'anthologie en matière de Death/Thrash à l'instar d'Anthropofagic Life et de Neuronal Unity, grosses cavalcades on ne peut plus animées ; tout en conservant ce goût prononcé pour les nappes de double-pédale bien furax et les démarrages en trombe (Magic Solar Storm). Sans oublier bien sûr les solos, assez typés Andreas Kisser dans le fond, maniés avec style sur la plupart des titres.
D'ailleurs la comparaison avec Sepultura ne s'arrête pas là car on sentirait presque l'ombre des Brésiliens planer par moment. Tant au niveau de l'ambiance, légèrement froide et brute à la manière d'un Schizophrenia, que du côté du chant alliant bestialité et férocité comme Max Cavalera en son jeune temps. Le tout saupoudré cependant avec des passages un peu plus alambiqués pour ne pas dire techniques et des thèmes paroliers plus axées autour du cosmos et de l'espace, au cas où vous n'auriez pas eu votre compte avec la com' de Star Wars ces quelques mois passés.
Même lors des rares accalmies j'ai été particulièrement scotché par la virtuosité des zicos qui permettent au couple basse-guitare de lâcher quelques pépites sonores vraiment extra. Notamment sur Stellar Evolution et son tapping à la fin façon Stronger Than Hate, mais aussi sur l'instru énormissime d'Anatomy Of The Galaxies. Un titre qui pousse le vice encore plus loin finalement en terme d'ingéniosité, pour se la péter il y a de ça bien sûr, mais en même temps le résultat est là ! La comparaison vaut son pesant mais j'ai parfois eu l'impression d'être à deux doigts d'un Sadus tant le jeu reste globalement assez souple et la dextérité des musiciens reste ahurissante. Avis aux amateurs encore une fois.
Gros pot pourri de ce qu'il se faisait de mieux des deux côtés de l'Atlantique il y a vingt-cinq/trente ans, Ripper repart ainsi aussi vite qu'il n'est arrivé en nous calant au passage un coup bien sévère au menton. Plus matures et plus énergiques que jamais, il semblerait que les Chiliens tiennent presque là leur Beneath The Remains tant le professionnalisme et le talent des mecs n'ont d'égal que leur jeunesse. Inutile de préciser qu'on les attend de pied de ferme dans l'attente d'une prochaine tournée sur le Vieux continent.
Tracklist :
1. Magnetic Solar Storms
2. Anthropophagic Life
3. Experiment Of Existence
4. Anatomy Of The Galaxies (instrumental)
5. Stellar Evolution
6. The Alpha Orionis
7. Rotten Dreams
8. Chromatic Fantasy (bass solo)
9. Neuronal Unity
10. Spherical Energy
11. Humanity Was Wrong
