Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Deux guitares, une basse et deux batteries. Pas de chant. De la lourdeur, du groove et de la puissance. Déjà quelques format courts, soit deux EP (dont un live) et split (avec We All Die (laughing)). Voilà pour les présentations, passons à la suite à savoir le premier long format de The Lumberkack Feedback, Blackened Visions.
No Cure (for the fools) commence dans l'hostilité : larsen, riff construit sur une tension grandissante et une première grosse baffe lourde et collante vous claque sur la joue. The Lumberjack Feedback vous fait directement sentir que vous allez sortir de leur monde avec les cervicales en sale état et surtout que vous allez manger des bûches, et pas des petites. Non, de la bonne grosse bûche sludge qui prise en pleine cage thoracique vous mettra K.O de la plus belle des manières. Mais au-delà de cet aspect bien percutant, la musique des lillois regorge de finesse et de variations, alternant des passages sludge bien crasseux avec des moments groovy plus doom et parfois même des relents de postcore plus doux. Chaque titre vous balade entre ces différentes composantes au fil d'une conception très travaillée et toujours surprenante.
Le morceau éponyme (peut-être le plus prenant de l'album) avec son intro relativement calme, une des batteries jouant sur les cercles des fûts, offre une ambiance assez morose, quasi postcore, qui pourrait, les effets synthétiques en moins, presque faire penser à du Cult Of Luna. Le groupe sait parfaitement doser l'alternance entre lourdeur et respiration, jamais une onced'excès ne vient ternir les compos, toutes superbement équilibrées. Et quand les dites compos pèsent toutes relativement lourd (on tape dans les sept minutes de moyenne) et qu'il n'y pas de chant pour démarquer plus spécifiquement un refrain ou un couplet, autant vous dire que parvenir à rendre la chose passionnante d'un bout à l'autre n'est pas donné au premier quidam.
Le travail d'Olivier T'Servrancx à la production est parfait, précis tout en gardant un côté bien épais quand c'est nécessaire, notamment sur les gros murs de son que l'on trouve sur plusieurs morceaux (IMereMortal, Dra Till Helvete). Léger bémol concernant les deux batteries dont la double présence n'est qu'assez peu audible, sauf bien sûr sur les passages où les parties sont différentes. On sent que ça cogne dur, mais pas de vrai bonus, ce qui est sans doute différent en live où un tel dispositif doit être simplement dévastateur (le chaos sur les toms à la fin de IMereMortal risque d'être méchant comme tout). Les guitares sont hyper travaillées, avec des harmoniques artificielles nombreuses qui viennent enrichir les morceaux (le début de Salvation notamment, mais il y en a à foison).
Blackened Visions est typiquement le genre d'album pas facile à chroniquer, parce que riche d'une multitude de petits détails comme des breaks fugaces ou des ruptures soudaines de tempo qu'il est difficile de rendre palpables par des mots sans tomber dans de la description fastidieuse des titres. Le foisonnement de passages excellents, de petites touches discrètes qui donnent toute la saveur d'un bon morceau, toutes ces béatilles qui abondent sur tout l'album sont un régal à l'écoute mais un cauchemar à lister et à mettre en valeur à l'écrit. Je vous laisse donc patienter jusqu'au 15 janvier pour profiter de la bête dans son intégralité (un titre est déjà disponible en streaming ici, et d'autre suivront sans doute d'ici là). Sachez simplement que ce premier album est un pur régal, dans les grandes lignes comme dans les détails. Ca regorge de finesse et dégeule de lourdeur, excellent.
Tracklist de Blackened Visions :
01.No Cure (for the fools)
02.Blackened Visions
03.IMereMortal
04.Salvation
05.Dra Till Helvete
06.Mah Song (Horses Of God)