Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Après avoir suivi – de loin – le groupe lors des sessions d’enregistrement auprès de Tue Madsen au Danemark (I, II, III, IV), c’est non sans une once de plaisir et d’excitation que j'ai reçu l’album New Hell d’HateSphere, neuvième du groupe. Surtout que le groupe a toujours fait parler la poudre par le passé. Les amoureux du courant musical tracé par The Haunted avec ce subtil mélange de thrash metal et de death, ont très souvent trouvé leur compte dans la musique brute de décoffrage d’HateSphere.
C’était le cas lors des cinq premiers albums, avant qu’un certain nombre de départs du groupe obligent à quelques restructurations autour du noyau dur du groupe : le guitariste Pepe Hansen. Le groupe a depuis alterné le bon et le moins bon et, inexorablement, nombreux sont ceux qui ont déserté un peu le groupe. Et si l’occasion de suivre le groupe en studio m’a « contraint » à me replonger dans la discographie du groupe et que j’ai toujours autant de mal avec les albums To The Nines (la voix…) ou le dernier en date Murderlust, l’esprit du groupe s’avère toujours là, en dépit des variations de line up. Surtout, le groupe semble enfin avoir trouvé un chanteur qui, bien qu’étant dans un autre registre que Jacob Bredahl, apporte une touche de modernité à la musique des Danois.
Et je dois dire que dès la première écoute, la différence avec Murderlust m’a semblée flagrante. Ce New Hell démarre sur The Executioner, titre qui nous marche dessus de la première à la dernière seconde, à grands coups de riffs rapides et ravageurs et d’une batterie survoltée. Le groupe ne renie pas pour autant son passé avec une musique résolument thrash qui reprend tous les avatars du genre, de la multiplicité des riffs rapides toujours destinés à remuer les foules (ce riff à 2minutes 15 sur The Executioner !), en passant par une caisse claire omniprésente qui risque de donner du boulot aux kinés (Your Sad Existence notamment) et une voix crachant tout son venin jusqu’à perdre son souffle.
Si les compositions sont globalement intéressantes bien que ne sortant pas forcément de l’originalité avec des structures parfois convenues, l’accent semble avoir été mis sur le jeu de guitare, qui s’avère délicieux et encore plus efficace que par le passé. A l’exception de quelques passages sur The Long Haul ou du dernier titre de l’album The Grey Mass, HateSphere garde le pied sur l’accélérateur sans jamais regarder dans le rétroviseur. On comprend désormais les remarques du groupe en studio qui faisait état d’une énergie débordante et surtout de beaucoup de temps passé à raison de l’enregistrement de riffs toujours plus difficiles à jouer. Il suffit de jeter une oreille à Lines Crossed Lived Lost pour comprendre que le groupe aime se faire mal au poignet et martyriser leurs six cordes avec des rythmiques acérées et moins basiques qu’elles n’y paraissent de prime abord.
Au final, on vient presque à regretter que le soin apporté pour les guitares, avec une multiplicité de riffs, de leads et, plus généralement, des ambiances créées par celles-ci (on pense notamment à Head On A Spike ou à la très agréable instrumentale On The Shores of Hell et son son de guitare très rond) ne soit pas accompagné d’une élévation globale des instruments. Déjà, la basse se trouve assez en retrait, mais surtout la batterie peut sembler un peu fade à côté d’un tel travail. Non pas que les lignes de batterie soient ratées – loin de là, mais l’on aurait probablement aimé plus de variations dans un jeu très rapide et carré, qui se borne trop souvent à accompagner le mouvement plus qu’à apporter une réelle pierre à l’édifice.
Mais c’est là de l’ordre du détail, car le cocktail global est détonnant, également en raison d’un Esben Hansen en grande forme vocale et une production optimale. Un son chaud, puissant, bien défini qui donne une touche résolument moderne à un thrash metal qui ne l’est pas toujours. D’années en années on ne peut qu’apprécier le travail accompli par Tue Madsen.
Quoi qu’il en soit, beaucoup d’albums de deathcore, de neo-thrash ou autres genres modernes parviennent à vous cracher de la haine au visage pendant 50 minutes. Mais plus rares sont ceux qui réussissent à vous captiver tout du long sans que vous ne finissiez par passer à autre chose, par lassitude. Et New Hell réussit ce pari. Peut-être que le temps me fera mentir, car l’on sait que certains albums très efficaces vieillissent moins bien que d’autres. Mais, en l’état, HateSphere nous offre un album complet qui plaira à tous ceux qui aiment l’essence même du thrash.
Un des bons moments de cette année 2015.
Tracklist :
1. The Executioner
2. Lines Crossed Lives Lost
3. Head on a Spike
4. The Longest Haul
5. Your Sad Existence
6. On the Shores of Hell
7. New Hell
8. Master of Betrayal
9. Human Cesspool
10. The Grey Mass