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Album

30 août 2015 - Cook

Defeater

Abandoned

LabelEpitaph Records
stylePostcore
formatAlbum
paysUSA
sortieaoût 2015
La note de
Cook
8/10


Cook

Hardcore // Sludge // Doom // Stoner // Crossover // Black Breath.

Un quatrième effort pour les Bostoniens de Defeater, deux ans après un "Letters Home" des plus critiqués, divisant certains fans de la première heure mais en même temps, montrant un nouveau tournant du groupe. En effet, exit les breaks lourds venant appuyer la mélancolie d'un morceau. Le groupe et ses musiciens mûrissent, leur musique aussi. Après avoir exploré les torts et travers d'une famille vivant pendant la Seconde Guerre Mondiale, Derek Archambault, parolier et chanteur du groupe s'attaque désormais aux vices d'un prêtre ayant une vie de remords derrière lui. 

"Contrition" entame donc cet album de 11 titres de la meilleure façon qu'il soit. La guitare monte timidement, (et c'est amusant de voir que les accords sont presques les mêmes que ceux d'"Empty Glass", morceau maitre de leur album "Empty Days and Sleepless Nights") pour finir par exploser en compagnie d'une batterie accrocheuse. L'atmosphère devient progressivement triste, emplie de haine et de colère, la voix se fait entendre, criarde et éraillée comme à son habitude et tout s'estompe enfin pour laisser place au deuxième morceau.

"Unanswered" et sa batterie sautillante démarre le bal des remords, des pleurs et de tout ce qui constitue ce groupe. Des guitares lancinantes, une voix torturée, des paroles emplies de désespoir, c'est bon, l'esprit Defeater est bien présent. Le prêtre commence sa longue litanie salvatrice, confessant ses moindres défauts... 

Malgré leur virage surprenant entamé avec "Letters Home", l'alchimie fonctionne encore, même si je préfèrais les ambiances lourdes et cognantes, proches parfois d'un hardcore véhément (l'album "Travels", cette merveille).

"December 1943" débute alors, véritable petite bombe. Un groove indéniable, des choeurs venant appuyer encore plus les paroles de Derek de la meilleure des façons. Comme à leur habitude, les gars distillent sans peine une ambiance glauque, avec un rythme effréné, des instants batterie/chant rendant le tout pesant à souhait. On rentre enfin dans le vif du sujet avec ce morceau, qui nous fait réaliser sans mal que c'est bel et bien Defeater qui est à l'oeuvre, encore une fois pour nous offrir une belle perle postcore. 

"Spared In Hell", le single de l'album sera sans doute un des morceaux les plus décevants du groupe. Trop radiophonique à mon goût je préfère de loin la composition de "Divination", morceau suivant qui viendra redonner un coup de fouet à l'auditeur. Directement suivi par "Borrowed and Blues" qui sera également la grosse déception de l'album... Nous ayant habitués, à travers leurs 4 albums et 2 ep's, à une voix toujours criarde, lancinante, proche des pleurs, c'est donc une surprise que d'entendre du chant clair, mal amené et peu pertinent sur cette chanson qui pourtant avait tout pour créer une atmosphère de confession douloureuse, d'acceptation de sa souffrance, un des thèmes phares de l'album. 

Cette déception est très vite oubliée, tant le morceau "Penance" vient relever le niveau. Une intensité incomparable, un rythme effréné, presque instoppable, on imagine sans mal le protagoniste pris à une violente crise d'angoisse luttant entre la folie et la raison. 

En effet, l'album avance, le personnage également, le fil rouge est parfaitement respecté, les morceaux s'enchaînant toujours avec perfection. "Remorse" viendra nous fracasser les oreilles avec des roulements de batterie soutenant une voix à bout de souffle, pressée d'en finir, les guitares se font discrètes pour finalement exploser avec justesse... 

Laissons de côté ce track by track un peu poussif, mais clairement, un album de Defeater s'écoute du début à la fin, sans mettre le mode aléatoire, on ne peut pas prendre une chanson au hasard et se faire un jugement de l'ensemble.

Et c'est justement ce qui fait la force de ce groupe. Distiller une telle ambiance au cours d'un album, réussir à conter une histoire en 33 minutes, à garder une cohérence d'album en album, en mélangeant la joie, la tristesse, la mélancolie, la rage, c'est véritablement un exercice respectable. 

Au bout de l'album donc, la boucle est bouclée avec le titre "Vice & Regret" qui se finit de la même façon que commence l'album, 

C'est sans doute anodin pour beaucoup d'auditeurs, mais retrouver les mêmes impressions à la fin d'une écoute complète d'album est signe que les gars ont vraiment fait attention aux moindres détails. Quand en plus cette chanson est mélancolique à souhait, véritable fin de tragédie, où le protagoniste se rend compte que même en essayant du mieux qu'il peut, ses actions passées le feront toujours souffrir. 

Une histoire juste et délivrée avec les tripes, que nous proposent ici les quatre comparses de Boston. Il est évidemment impossible de détrôner les excellents "Empty Days and Sleepless Nights" et "Lost Ground" mais cependant, après plusieurs écoutes, la force de ce groupe revient, bien qu'ayant abandonnés complètement le côté hardcore de leur musique. Une prod agréable à l'oreille, un son plus mature, les membres vieillissent, leurs influences et compositions aussi, ce qui ne gâche en rien le plaisir d'appuyer sur Play et de se laisser emporter pendant les trente-trois minutes que dure "Abandoned".

Tracklist:
1. Contrition
2. Unanswered
3. December 1943
4. Spared in Hell
5. Divination
6. Borrowed and Blues
7. Penance
8. Remorse
9. Pillar of Salt
10. Atonement
11. Vice & Regret

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